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CETTE CONFERENCE SURREALISTE POUR LA RECONSTRUCTION DE GAZA

 

Par Daniel Pipes
FrontPageMagazine.com - 3 mars 2009

http://fr.danielpipes.org/6207/conference-surrealiste-pour-la-reconstruction-gaza

Version originale anglaise: That Surreal Gaza Reconstruction Conference
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre

Voir aussi les 50 derniers articles & les étincelles venant des Etats-Unis et la note en bas.

 

Etais-je le seul à me frotter les yeux avec incrédulité, hier, alors que le gouvernement égyptien accueillait une « conférence internationale de soutien à l'économie palestinienne pour la reconstruction de Gaza » ?

Elle a eu lieu à Charm El-Cheikh, comportant des délégations de 71 Etats, plus 16 organisations régionales, internationales et financières. Son objectif déclaré était d'atteindre 2,8 milliards de dollars U.S.A, dont 1,3 serait pour la reconstruction de ce qui a été détruit au cours de la récente guerre d'Israël contre le Hamas (le reste serait envoyé à l'Autorité palestinienne pour l'aider à améliorer son standing). Le montant actuel atteint lors de la conférence fut de 4,5 milliards de dollars qui, ajoutés aux fonds déjà engagés, fait monter la subvention totale de la bande de Gaza et de l'Autorité palestinienne à 5,2 milliards de dollars, à verser sur une période de deux ans. Un heureux ministre des affaires étrangères égyptien a qualifié le montant de « au-delà de nos attentes ». La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a parlé de « conférence très productive »

Parmi les dons les plus importants il faut inclure une contribution du « Conseil de Coopération du Golfe » de 1,65 milliard de dollars sur cinq ans et une promesse du gouvernement américain de 900 millions de dollars provenant du contribuable américain (dont 300 millions de dollars iront à la reconstruction de la bande de Gaza).

Hosni Mubarak d'Egypte, Nicolas Sarkozy de France, Silvio Berlusconi d'Italie, Ban Ki-moon de l'ONU, Amr Moussa de la Ligue arabe et Mahmoud Abbas de l'Autorité palestinienne ont fait des discours.

Pourquoi suis-je incrédule devant ce spectacle : je me demande si ces sommités croient vraiment que la guerre dans la bande de Gaza est une chose du passé et que le temps pour la reconstruction est proche ?

Ils ne doivent pas lire les dépêches du sud d'Israël qui rapportent la guerre quotidienne qui y continue. Prenez un article des nouvelles représentatives de Yedi'ot Ah'aronot, daté du 28 février, "Experts: les roquettes Grad à Ashkelon ont fait des progrès"

Les deux roquettes Grad qui ont atterri à Ashkelon samedi matin (28 février), ont été des modèles nouveaux et améliorés, capables d'une plus grande destruction que celles qui sont habituellement tirées depuis la bande de Gaza.

L'une des roquettes a touché une école dans le sud de la ville et réussi à pénétrer dans la fortification utilisée pour protéger des projectiles.

Les roquettes Grad qui ont frappé Ashkelon sont deux des cinq ou six fabriquées localement, des roquettes de 170 mm jamais tirées sur Israël, disent les experts.

Les roquettes rarement utilisées ont une distance de tir de 14 km (8,6 miles) et sont capables d'immenses dommages ; cela ressort de ce que les témoins de la destruction ont décrit à propos de la scène de l'attaque de samedi.

 

Dans une protestation officielle à l'Organisation des Nations Unies, l'Ambassadeur d'Israël Gabriela Shalev a noté qu'"il y avait eu près de 100 roquettes et attaques au mortier depuis la bande de Gaza" depuis le cessez-le-feu du 18 janvier, soit plus de deux par jour. Celles-ci ont été de plus en plus nombreuses, avec 12 roquettes qui ont été tirées sur Sderot le seul 1er Mars.

En réponse à ces attaques, le cabinet israélien a décidé le 1ermars que "si les tirs de la bande de Gaza continuaient, ils rencontreraient une douloureuse, forte, solide et intransigeante réponse par les forces de sécurité".

Le Premier ministre désigné, Binyamin Netanyahu fait écho à ce caractère belliqueux, en disant à un leader européen qu'il ne voulait pas sacrifier la sécurité d'Israël « pour un sourire ».

(Le ministre des Affaires étrangères saoudien Saoud Al-Faisal, dans un accord inattendu, a noté que la reconstruction de Gaza serait difficile et imprudente, tant que la paix et la sécurité ne prévalent pas là-bas)

 

Que diable sont en train de faire les pays donateurs, au milieu d'une guerre en cours, avec leur effort de reconstruction bien mis en évidence ? Ma meilleure supposition : cela leur permet subtilement de signaler à Jérusalem qu'il vaut mieux ne pas attaquer de nouveau la bande de Gaza, parce que cela serait se confronter avec la colère des gouvernements donateurs- y compris, bien sûr, l'administration d'Obama.

Ajout à la qualité surréaliste, il y a un allègre mépris pour les besoins de sécurité d'Israël. Pensez à l'attitude de Douglas Alexander, secrétaire au développement international pour le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne, qui a promis trente millions de livres sterling provenant de l'argent de ses contribuables pour la reconstruction des maisons, des écoles et des hôpitaux de Gaza. "Il y a un besoin désespéré que les sévères restrictions sur la fourniture des marchandises soient assouplies" a-t-il dit, demandant ensuite : "Israël doit faire la chose sensée et permettre à beaucoup plus de marchandises de parvenir à ces hommes, femmes et enfants qui continuent de souffrir".

C'est très humanitaire de la aprt de M. Alexander, mais il a délibérément ignoré les craintes d'Israël que le Hamas ne confisque acier, béton et autres matériaux de construction importés pour construire plus de tunnels, de bunkers et de roquettes. Après tout, le Hamas s'est approprié avant les livraisons destinées à des civils et de manière si flagrante et éhontée que même l'UNRWA, l'organisation humanitaire "United Nations Relief and Works Agency", habituellement docile, a protesté.

Hosni Mubarak a mis en garde le Hamas de ne pas traiter les engagements des donateurs comme une "conquête de guerre" mais c'est ce qu'il fera sûrement.

Le républicain américain Mark Kirk (républicain de l'Illinois) a vu juste. "Dirigeons 900 millions de dollars pour cette région et disons que le Hamas est seulement en mesure de voler 10 pour cent de cela et nous ferions encore devenir le Hamas, le deuxième plus grand bailleur de fonds, après l'Iran"

Ainsi sous la bannière cerise du bâtiment, dans les mots de Mme Clinton "une paix complète entre Israël et ses voisins arabes", les Etats donateurs ne sont pas seulement en train de défier Israël de se protéger du feu des roquettes, mais ils font passer du matériel pour le Hamas.

Est-ce ignorance ou mensonge ? Je soupçonne le dernier. Personne n'est cet idiot.

 

Mise à jour du 3 mars 2009 - Barry Rubin a un argument complémentaire à « Quel est le prix de Gaza ? » contre le fonds pour la reconstruction, en notant qu'il ne gagnera ni la bonne volonté, ni la paix.

 

 

Note de www.nuitdorient.com

 

La réunion de Sharm el Sheikh, comme toutes les réunions de donateurs précédentes a essentiellement pour but de calmer la rue arabe, en Orient comme en Occident. De plus, tout le monde sait que l'argent donné ira aux groupes extrêmes pour les armer et les faire vivre.

Comme nous l'avons toujours dit et répété, les Etats-Unis et maintenant l'Europe, c'est-à-dire l'Occident, ne veulent pas d'une solution du conflit israélo-arabe au Moyen Orient. Cette tension provoquée et contrôlée est le prétexte pour une présence permanente dans la région, pétrole oblige, pendant encore quelque temps.

Dans ce jeu subtil, Israël joue le jeu d'autant que, dans ces conditions, aucun état palestinien ne verra le jour, état dont personne ne veut, les intéressés eux-mêmes en premier lieu.

Un concurrent dans cette stratégie géopolitique du Moyen Orient pose problème, l'Iran. Les prétentions nucléaires de l'Iran pourraient être retardées par des sabotages intérieurs, sous couvert de dialogue d'ouverture du nouveau président américain.