www.nuitdorient.com

Obama Attise le Feu au Moyen Orient

 

Par Yossi Shain, professeur de science politique et de relations internationales, dirige l'Ecole de Politique et de Gouvernement à l'Université de Tel Aviv

YnetNews.com - 16/08/13

Adapté par Albert Soued, écrivain et journaliste, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

Titre d'origine: Obama perd le contact avec le Moyen Orient (1)

Voir aussi les 50 derniers articles et toutes les informations de politique générale au Moyen Orient   

 

 

Alors que l'Egypte montre les premiers signes d'anarchie, voire de guerre civile, tout en s'éloignant de toute démocratie et d'un gouvernement stable, le président Obama et d'autres fonctionnaires importants ne savent plus à quel saint se vouer au Moyen Orient.

L'échec de la politique américaine au Moyen Orient se prolonge dangereusement. L'administration américaine montre en permanence qu'elle n'a rien compris aux évènements qui s'y déroulent, ayant des vues courtes et un manque certain de direction.

Obama avait critiqué l'administration Bush pour sa perception erronée de la capacité américaine d'influer sur cette région et de lutter contre le terrorisme; mais aujourd'hui il apparaît que sa propre équipe s'égare encore plus.

Lors de son 1er mandat, Obama s'est concentré sur l'évacuation des fronts d'Irak et d'Afghanistan et voulut instaurer un nouveau climat relationnel, dans l'esprit de son discours du Caire en juin 2009. Dans ce cadre, les Etats-Unis se sont retrouvés avec une crise de confiance avec Jérusalem et le gel des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Aujourd'hui l'administration américaine est en faillite totale devant la chute des régimes et l'effondrement des états.

 

Le gouvernement a totalement perdu contact avec les dures réalités en Syrie et Washington ne semble avoir aucune influence sur les événements chaotiques qui s'y déroulent. Obama a fait l'erreur dès le départ de ne pas affirmer son opposition formelle au régime d'Assad et à son alliance avec le Hezbollah, avec la Russie et à l'invasion du pays par les forces islamistes du jihad. Il n'a pas réussi à fixer des lignes rouges à la propagation de la violence. Washington a omis d'identifier et de désigner clairement une opposition acceptable, et de la soutenir. Aujourd'hui, il est paralysé devant le chaos qui y règne.

Si l'on ne prend en compte que la défense des droits civils, l'administration américaine s'est contentée de protestation rhétorique devant les crimes contre l'humanité et l'usage d'armes chimiques.

 

En Egypte, un allié important qui coûte cher aux Américains, l'échec est encore plus retentissant. L'Egypte est au bord de l'abîme et de nombreux dirigeants du Caire rendent responsable de la gabegie le manque d'autorité et de direction des Etats-Unis. Lors de son discours du Caire de 2009, Obama avait promis une nouvelle ère de démocratie. Or aussitôt il a laissé tomber son meilleur allié, Moubarak, d'une manière peu élégante et digne d'un amateur. Plus tard, il perdit encore l'amitié de la rue démocratique et même des forces islamistes qui ont gagné les élections, faisant suite  à la 1ère révolution, place al Tahrir.

Lors de la 2ème révolution de juillet 2013, Washington perdit l'armée égyptienne, les protagonistes laïques de la démocratie, et, bien entendu, les Frères Musulmans qui coopéraient avec l'administration Obama. Et depuis, ne voulant pas comprendre les réalités du terrain, Obama est en train d'attiser le feu, au lieu de proposer de réelles solutions.

 

Cette administration qui a réussi à tirer les ficelles en Libye est en train de s'enliser sur tous les fronts arabes, cherchant à s'en sortir en brandissant le filet de lumière "des pourparlers de paix" entre Israël et les Palestiniens.

La situation est sensible, dangereuse jusqu'à l'explosion. Avec son plan B branlant et sans nuances de "pourparlers de paix", Washington montre son manque de discernement et son impatience. Ses pressions inutiles sur un autre allié risquent d'amoindrir une motivation ou de différer une urgence qui s'impose, la bombe nucléaire entre les mains des ayatollahs d'Iran.

 

L'administration américaine ne parvient pas à s'adapter aux changements qui semblent précipiter le Moyen Orient dans un abîme sans fond.

Obama y est perçu comme quelqu'un d'indécis, sur qui on ne peut pas compter. La situation exige beaucoup de discernement et surtout des déclarations prudentes et adaptées. Washington aujourd'hui montre une incohérence aussi bien en paroles qu'en actes. Les échecs des Etats-Unis sont visibles à l'œil nu et ce pays n'est plus perçu comme une superpuissance au Moyen Orient qui en a un besoin urgent pourtant.

 

Notes de la traduction

(1) En demandant sans cesse publiquement à l'armée égyptienne de libérer Morsi et de cesser son intervention, Obama renforce les prétentions des Frères Musulmans qui ne sont plus du tout populaires, au bout d'une année de gouvernement. De ce fait il attise le feu de l'affrontement et éloigne le moment des pourparlers entre Egyptiens.

Pour des raisons qui restent à élucider, depuis le début, Obama a pris le parti des Frères Musulmans dans tout le Moyen Orient et s'est entouré d'une équipe directement liée à la Confrérie. La 2ème révolution égyptienne l'a pris de court, mais il semble maintenir ses choix, au prix d'un désordre "total" et rampant au Moyen Orient, désordre que certains pensent prémédité par lui et ses convictions proches de la philosophie de Saul Alinski.

 

© www.nuitdorient.com par le groupe boaz,copyright autorisé sous réserve de mention du site