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Basta, l'Utopie et le Prétexte !

La Question de la Palestine au sein du Moyen Orient

 

Par Yoram Ettinger, ex-ambassadeur d'Israël

29/02/12

Traduit par Albert Soued, écrivain http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com  

Le titre est celui de la traduction. Le Titre de l'auteur est mis en sous-titre

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Le 21/09/11, le Président Obama a proclamé devant l'Assemblée Générale de l'Onu "Il y a une question qui nous sert de test en politique étrangère américaine, le conflit entre Israéliens et Palestiniens"- Le président Obama croit que la question de la Palestine est à la racine des turbulences du Moyen Orient, le joyau de la couronne de la politique arabe, le point essentiel du conflit arabo-israélien? Est-ce vrai ?

 

La question de la Palestine est-elle à la racine des turbulences du Moyen Orient ?

- Indépendamment de cette question, l'année 2011 a projeté les Frères Musulmans, -- violemment anti-occidentaux et parrains des terroristes du Hamas – à la tête du pouvoir en Egypte, en Tunisie, au Maroc et bientôt en Jordanie et dans d'autres pays arabes. L'essor de ce parti et d'autres partis islamistes, comme les "salafistes" est le résultat de 1400 ans d'un enseignement de l'hégémonie de l'islam dans les écoles, la société et les rouages politiques des états arabes.

- Indépendamment de cette question, l'Iran musulman et impérialiste – l'ennemi le plus dangereux de l'Occident – pourrait devenir très prochainement un état nucléaire, le cauchemar pour les pays du Golfe persique et du Moyen Orient et pour le monde entier. A moins qu'il n'en soit empêché, un Téhéran Nucléaire peut entraîner des turbulences encore jamais vues.

- Indépendamment de la politique d'Israël ou de son existence, 2011 a montré au Moyen Orient des exemples-type de violence intra-arabe, de volatilité, d'instabilité, de régimes révolutionnaires chaotiques, d'alliances non fiables, d'imprévisibilité, de corruption, d'éducation à la haine, de trahison, de non application de traités, de fragmentation tribale, ethnique, religieuse, idéologique et géographique intra-arabe et intra-musulmane.

- Indépendamment de la question de Palestine, les Etats-Unis ont évacué l'Irak et vont évacuer l'Afghanistan. N'ayant soumis aucun terroriste, l'évacuation d'Irak est perçue par les ennemis des Américains comme un manque d'endurance et une faiblesse à l'image de leur retraite du Liban en 1958, celle du Viet Nam en 1973, celle du Liban II en 1983, celle de Somalie en 1993. Elle sabote toute dissuasion américaine et injecte de l'adrénaline dans les veines des terroristes. Cette évacuation entraînera des turbulences en Irak et en Afghanistan, fera avancer la position de l'Iran et ébranlera un peu plus la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Koweit et les autres états du Golfe. Elle incitera les terroristes à pourchasser les troupes en pleine évacuation jusqu'au territoire américain.

- Indépendamment de la question de Palestine, la frontière saoudo-yéménite est en flammes, le terrorisme intra-arabe est florissant, l'Egypte après-Moubarak suivra la voie de la Turquie et même de l'Iran dans sa détestation des Etats-Unis, le Soudan et la corne de l'Afrique sont saturés de conflits locaux, l'islamisation turque encourage la radicalisation de la région, et le Liban reste l'arène de violentes disputes internes et externes.

- Indépendamment de la question de Palestine, il y a de nombreux autres conflits qui saignent la région, facilitant la pénétration russe, chinoise et nord-coréenne. Aucun de ces conflits ou turbulences n'a été provoqué par l'absence d'accord israélo-palestinien.

- Indépendamment de la question de Palestine, à travers des révolutions, la Libye en 1969 et l'Iran en 1979, deux régimes pro-américains sont devenus anti-américains. L'Irak a abrogé des accords de paix et a envahi d'abord l'Iran en 1980, puis le Koweit en 1990. Cette année là, le roi pro-américain Hussein de Jordanie a coopéré avec Saddam Hussein lors de son invasion du Koweit. En 2002, la Turquie, appartenant à l'OTAN, qui était pro-américaine, s'est progressivement transformée en régime islamique, courtisant la Russie et l'Iran, le Hezbollah et le Hamas et d'autres ennemis de l'Occident. En 2003, un régime dictatorial a été évincé en Irak; mais 8 ans plus tard, Bagdad est devenu un volcan crachant sa lave sur toute la région.

 

Bienvenue au Nouveau Moyen Orient dont l'évolution violente et incertaine n'a pas de rapport direct ou indirect avec la question de Palestine !

 

La question de Palestine est-elle le joyau de la couronne de la politique arabe ?

Contrairement à ce qui est communément admis, la question de Palestine n'est pas un sujet de grand intérêt pour les Arabes. Les dirigeants des pays pétroliers du Golfe pro-occidentaux sont aujourd'hui préoccupés par la menace mortelle d'un Iran nucléaire, par la rue arabe qui gronde et par la "secousse sismique", qu'ils attendent après le départ des troupes américaines d'Irak. Le régime hashémite est alarmé par l'émergence des Frères Musulmans dans tout le Moyen Orient, sans doute aussi en Syrie et par le grandissant mécontentement des Bédouins au sud de la Jordanie, pourtant piliers de son pouvoir.

La monarchie marocaine pro-occidentale est menacée par les effets secondaires des révoltes en Tunisie, Libye et Egypte. Le terrorisme islamique prend de l'ampleur. La Russie, la Chine et la Corée du Nord étendent leur pénétration au Moyen Orient et la position des Etats-Unis s'érode substantiellement sur le pan dissuasif.

Alors que le Moyen Orient s'enflamme indépendamment de la question de Palestine,

le président Obama cherche à mettre cette question sur le devant de la scène. Mais cet effort est contrecarré par la réalité du terrain qui met en relief 14 siècles de tourmente au sein de l'Islam et de l'arabité. Et on peut se demander si 1 siècle de tumulte arabo-israélien a une quelconque influence sur les événements qui y surviennent depuis la naissance de l'Islam.

La question de Palestine est devenue un outil entre les mains des dirigeants arabes et musulmans dans leurs querelles intérieures et extérieures, un prétexte pour évacuer certains problèmes ou pour faire adhérer la foule à leurs projets, un pion contre Israël.

Ces dirigeants sont inquiets aussi car, comme les Palestiniens ont été à l'origine des guerres civiles au Liban, ils pourraient aussi "libaniser" leur pays. Contrairement aux Occidentaux qui l'ont chérie, ils sont convaincus que l'équipe Arafat-Abbas a été expulsée d'Egypte à la fin des années 50, de Syrie en 1966, et maintenant en 2012, de Jordanie en 1970, du Liban en 1982/3, du Koweit en 1991, parce qu'elle était aux sources de toutes les trahisons et subversions. Cette dernière expulsion a été causée par Mahmoud Abbas et la coopération d'Arafat avec l'invasion et le dépeçage du Koweit par Saddam Hussein, qui leur a offert un paradis unique sur le plan économique, politique et diplomatique.

Les dirigeants arabes mettent en œuvre leur rhétorique vis-à-vis de la question de Palestine, sans y consacrer le moindre dollar. Au sommet arabe de Tripoli en Libye en octobre 2010, ils ont promis ½ milliard $ de dons aux Palestiniens et 7% seulement ont été livrés. 2 milliards $ ont été promis comme soutien aux 2 intifadas contre Israël, moins d'1/4 leur est parvenu. Dans les années 80, le soutien saoudien à l'OLP a représenté 10% de l'effort financier consenti aux Musulmans Afghans contre les soviets. Dans la guerre d'Israël au Liban en 1982, les régimes arabes n'ont pas soutenu les Palestiniens, non plus en 2008 à Gaza. En fait cette attitude n'a guère varié depuis 1948, quel que soit le chef. Le tapis rouge qu'on déroule aux dirigeants Palestiniens lorsqu'ils visitent une capitale occidentale se transforme en carpette élimée quand ils vont dans une capitale arabe.

 

La question de Palestine est-elle le point essentiel du conflit arabo-israélien ?

Selon les stratèges américains, cette question serait l'axe central de la géopolitique américaine au Moyen Orient. Ainsi pour eux, il faut trouver une solution – à travers la création d'un état palestinien – qui résoudrait le conflit arabo-israélien et réduirait les tensions. Vraiment ?

- En 1948/9 les Arabes ne sont pas entrés en guerre pour les Palestiniens. La preuve en est que lorsque les Egyptiens ont occupé Gaza, ils ne l'ont pas donné aux Palestiniens, quand les Jordaniens ont occupé la Judée et la Samarie ils ne les ont pas données aux Palestiniens, quand les Syriens ont occupé Hama, ils ne l'ont pas donné aux Palestiniens.

- La guerre du Sinaï de 1956 a été déclenchée, suite au terrorisme palestinien sous la tutelle de l'Egypte, aux velléités égyptiennes d'occuper le Négev, à la fermeture du canal de Suez par Nasser, au soutien du FLN par l'Egypte et à la subversion de la péninsule arabique par Nasser.

- La guerre de 6 Jours de 1967 était une réponse au blocus par Nasser du détroit de Tiran, voie de passage du pétrole, à la violation de la démilitarisation du Sinaï par l'Egypte, à l'axe offensif Egypte-Syrie-Jordanie créé.

- La guerre d'usure de 1969/70 le long du canal de Suez n'a qu'un rapport lointain avec la question de Palestine.

- La guerre de 1973 a été déclenchée par l'Egypte, la Syrie, la Jordanie et l'Irak, indépendamment de la question de Palestine.

- La guerre du Liban de 1982 a été déclenchée pour empêcher l'invasion à grande échelle du Nord d'Israël par l'Olp, et aucun pays arabe n'y était impliqué, sauf en rhétorique.

- La 1ère intifada terroriste palestinienne de 1987/92 ne s'est pas transformée en guerre arabo-israélienne et la rhétorique arabe a remplacé toute aide matérielle.

- La terreur continue qui a suivi les accords d'Oslo de 1993 ne s'est pas non plus transformée en guerre arabo-israélienne. L'aide financière de l'Occident à l'Autorité Palestinienne a été dramatiquement beaucoup plus importante que tout don arabe !

 

La question de Palestine n'a pas déclenché le conflit arabo-israélien et la question de Palestine n'est pas le joyau de la couronne de la politique arabe au Moyen Orient.

En fait un état palestinien torpillerait les intérêts vitaux et les valeurs de l'Occident, exacerbant le terrorisme global, fournissant à l'Iran, à la Russie et à la Chine une plateforme de subversion, mettant en péril des régimes modérés, comme le régime hashémite et ceux des états pétroliers du Golfe, rétribuant les oppresseurs des Chrétiens d'Orient et érigeant l'éducation de la haine comme modèle pédagogique.

 

 

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