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Abou Mazen est allé à l'Onu pour Obtenir "un Territoire sans faire la Paix"

 

Par Charles Krauthammer, journaliste

Washington Post 30/09/11

Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Malgré que la demande unilatérale d'un état aux Nations Unies du président de l'Autorité palestinienne soit gênante sur le plan diplomatique pour les pays occidentaux, elle a entraîné une large sympathie. Après tout, dit-on, avait-il le choix ? Selon la "narration" acceptée, la paix au Moyen Orient est rendue impossible par l'attitude d'Israël, gouvernée par le Likoud, qui refuse tout état palestinien et continue de "coloniser" le pays.

Il est remarquable que cette grossière inversion de la vérité, c'est ce qui est communément admis. En réalité, c'est bien Benyamin Netanyahou, le premier israélien à avoir amené la coalition menée par le Likoud à reconnaître ouvertement un état palestinien, et ainsi à créer le 1er consensus national pour la solution à 2 états. C'est aussi le seul 1er ministre à accepter de geler les implantations – 10 mois – un fait que ni le parti travailliste Avoda, ni le pari Kadima n'ont jamais réalisé au gouvernement.

A cette ouverture, Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen répondit par un boycott des négociations pendant 9 mois, se montrant au 10ème mois, puis s'éclipsant dès la fin du gel.

Il vient de réaffirmer sa volonté de boycotter tout pourparler de paix, à moins qu'Israël n'abandonne au préalable toute revendication de territoire au-delà des lignes d'armistice de 49 ! Cela signifie qu'Israël abandonne même le Quartier Juif de la vieille ville de Jérusalem.

Ceci n'est pas seulement absurde, mais cette demande viole tout précédent accord conclu, qui stipule que tout accord territorial ne peut être obtenu que par négociation, sans condition préalable. De même Mahmoud Abbas, insiste résolument sur le dit "droit au retour" qui, sur le plan démographique" détruirait Israël, en créant le 23ème état arabe. Abou Mazen a bien précisé à New York qu'"il ne reconnaîtrait pas d'état Juif"

Mais ce n'est pas nouveau; ceci est conforme à la longue histoire du rejet par les Arabes palestiniens de tout état juif au Moyen Orient. Un simple rappel des dernières propositions.

- à Camp David, an 2000: au sommet parrainé par les Etats-Unis, le 1er ministre Ehoud Barak offre à Yasser Arafat, un état palestinien en Cisjordanie et à Gaza – et aussi étonnant que cela puisse paraître, la division de Jérusalem. Arafat refuse sans contre-offre, ce qui montre le peu de sérieux dans tout accord de paix. D'ailleurs dans les 2 mois qui ont suivi, Arafat lança une campagne de terreur sauvage qui a tué, blessé et traumatisé des milliers d'Israéliens.

- Taba 2001: un accord encore plus agréable – les paramètres Clinton – est offert. Arafat quitte les lieux sans répondre.

- Israël 2008: le 1er ministre Ehoud Olmert capitule devant les demandes palestiniennes – 100% de la Cisjordanie, via des échanges territoriaux, un état palestinien, Jérusalem divisée, avec les parties musulmanes devenant la capitale du nouvel état, et concession incroyable, la ville sainte y compris le mur occidental, le lieu le plus sacré du judaïsme, seraient gérés par un organisme international et l'Arabie saoudite – Abbas a-t-il accepté ? bien sûr que non ! S'il l'avait fait, le conflit aurait cessé et la Palestine serait déjà membre des Nations Unies.

 

Ce rappel n'est pas de l'histoire ancienne, une dizaine d'années. Et chaque proposition est en totale contradiction avec la soi-disant intransigeance israélienne, obstacle à la paix, ce qui est communément admis et répété (1).

Implantations? Toute implantation restant en territoire palestinien accepté aurait été détruite et vidée de ses habitants, comme à Gaza. Alors pourquoi les Palestiniens disent tout le temps Non ! Parce que dire "Oui" c'est signer un accord de paix en bonne et due forme et accepter un état Juif sur une terre musulmane… (2)

Les Arabes Palestiniens sont prêts à accepter un accord intérimaire, comme celui d'Oslo., des ébauches d'accords comme Annapolis, des cessez-le feu comme en 1949. Mais pas d'accord final. Pas de traité de paix et pas de fin de conflit. Tout doit rester en suspens.

 

Alors pourquoi Abbas est-il allé aux Nations Unies ? Pendant plus d'un ½ siècle les Etats-Unis ont cherché à résoudre le conflit arabo-israélien avec la formule "territoire contre paix". Formule qui a produit un traité de paix avec l'Egypte en 1979 et avec la Jordanie en 1994, formule qui a été proposée aux Palestiniens à 3 reprises, sans résultat. Pourquoi ?

 

Pour la même raison pour laquelle Abbas s'est présenté aux Nations Unies en Septembre 2011, obtenir un territoire sans la paix. Souveraineté sans reconnaissance réciproque d'un état juif, un état sans négociations, une indépendance dans un état de guerre continu avec Israël.

Israël a cédé un territoire au sud du Liban en 2000, et a obtenu en retour une guerre, la guerre de 2006 et 50 000 missiles du Hezbollah sont pointés sur le territoire israélien.

En 2005, Israël céda un territoire sans obtenir la paix à Gaza, avec en retour une guerre continue, des roquettes lancées en permanence sur le territoire israélien, et un mini-état génocidaire sur son flanc sud.

Israël est préparé à céder du terrain, mais jamais plus sans une paix réelle et véritable, une paix que les Palestiniens de tout temps, depuis Haj Amin al Husseini jusqu'à Mahmoud Abbas, ont toujours refusé. C'est pourquoi indépendamment de qui a gouverné Israël, il n'y eut jamais de paix. On peut résoudre les conflits territoriaux, mais pas les conflits existentiels. Territoire contre paix, oui ! Territoire sans paix n'est rien d'autre qu'une invitation au suicide.

 

Notes de la traduction

(1) Comme quoi le mensonge paie de nos jours

(2) Inacceptable pour eux. Ils veulent un état arabe sur la terre d'Israël

 

 

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