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OBAMA, LE HONDURAS ET ISRAEL

La politique étrangère du Président Obama n'a rien à voir avec la démocratie

 

Par Yarden Gazit

Paru dans www.ynetNews.com émanation de Yédiot Ah'oronot- 20/09/09

Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com

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Après plus de 8 mois de présidence, les Américains commencent à réaliser seulement que la rhétorique et les promesses d'espoir et de changement de B H Obama sont sensiblement différentes de ce qu'il fait. Mais si la différence entre rhétorique et action est devenue plus claire, les forces derrière la politique étrangère d'Obama restent opaques. La manière dont son administration a traité la crise du Honduras jette une petite lumière sur ces forces obscures et peut servir de leçon particulière à Israël.

Dans son discours inaugural, Obama avait promis de "tendre la main" aux dictateurs qui voudraient desserrer le poing. En même temps, il disait à ceux qui se cramponnaient au pouvoir par la corruption et la fraude, en faisant taire toute opposition, qu'ils sont "du mauvais côté de l'histoire". La politique menée à l'égard du Honduras est exactement à l'opposé de ce qu'il disait: Obama tend la main à un dirigeant qui cherche à se maintenir au pouvoir "sans desserrer son poing", alors qu'il traite les démocrates fidèles à la Constitution comme s'ils étaient "du mauvais côté de l'histoire".

 

En juin, la Cour Suprême du Honduras a donné l'ordre d'arrêter le président Manuel Zelaya, ordre presqu'unanimement soutenu par le Parlement. Zelaya a essayé de tenir un référendum non constitutionnel qui lui aurait permis de se présenter pour un second mandat. La Constitution du Honduras prévoit que si un président tente d'étendre son mandat, il serait immédiatement démis de ses fonctions. Cela semble excessif, mais il faut se placer dans le contexte latino-américain où de nombreux hommes forts sont devenus présidents à vie et c'est ce que la Constitution du Honduras veut éviter (cf Hugo Chavez au Vénézuela). Cette Constitution prévoit aussi que tout référendum doit être voté par le Parlement. Les militaires ont appliqué l'injonction de la Cour Suprême, démis Zelaya de ses fonctions et mis en place, l'homme prévu par la Constitution, le président du Congrès Roberto Micheletti, comme président temporaire, le temps d'organiser des élections générales en novembre.

 

L'administration américaine n'a cessé de faire pression sur le gouvernement intérimaire du Honduras pour réintégrer dans ses fonctions Zelaya à qui on avait permis de quitter le pays ! La secrétaire d'Etat Hillary Clinton l'a même rencontré à Washington, sans voir le président constitutionnel Micheletti, et en menaçant au téléphone ce dernier de mesures de rétorsion s'il ne réintégrait pas Zelaya…

 

Faîtes attention aux conséquences !

 

Il y eut des conséquences. La semaine dernière le Département d'Etat a annoncé qu'il suspendait tout visa pour les citoyens du Honduras (sauf évidemment Zélaya qui a pu entrer) et que l'aide de 135 millions $ pourrait être revue. Le Honduras est le second pays le plus pauvre en Amérique centrale et il est resté sur ses positions. Mais Mary O'Grady journaliste du Wall Street Journal rapporte que la pression sur le Honduras, aussi bien ouverte qu'en sous-main pourrait bien porter ses fruits.

 

Qu'est-ce qui a fait qu'Obama ait abandonné sa rhétorique pro-démocratique pour soutenir un dictateur sud-américain? O'Grady et un ex-ambassadeur américain en Amérique Ltine, Roger Noriega, suggèrent qu'Obama cherche à éviter une confrontation avec Hugo Chavez. Dans un article paru dans "the American", Noriega dit "la réponse maladroite de l'administration (américaine vis-à-vis du Honduras) vient du fait qu'elle cherche à suivre le courant, et le courant aujourd'hui est celui mené par Hugo Chavez" En d'autres termes, la politique d'ouverture d'Obama et son désir d'éviter des crises qui le détourneraient de son programme intérieur l'a entraîné dans cette voie. Mais il y a peut-être une autre raison. Obama a été élu sur une vague de sentiments anti-Bush, faisant de lui un anti-Bush. Une confrontation avec Chavez, qui avait traité Bush de "diable" dans le passé, aurait terni l'image anti-Bush d'Obama. (1)

 

Au Moyen Orient, la politique d'ouverture d'Obama en direction des dictatures et son désir d'éviter un conflit avec les ennemis de Bush, et dans ce cas l'iranien Ahmedinejad, l'a mené à intervenir dans les affaires intérieures d'un autre petit état, Israël. L'analogie n'est bien sûr pas parfaite, car Israël a plus d'influence à Washington que le Honduras, et Ahmedinejad est une menace plus importante que Chavez pour les intérêts américains.

 

Cependant, on peut tirer des leçons:

- d'abord, la politique étrangère d'Obama n'a rien à voir avec la démocratie ou l'intérêt d'autres nations. Israël doit être prêt à suivre une voie indépendante des Etats-Unis et ne pas s'attendre à ce qu'Obama défende ses intérêts.

- ensuite, les Israéliens de gauche qui espéraient qu'Obama allait travailler pour eux et "sauver Israël de lui-même" devraient revoir leurs souhaits.

 

Note de www.nuitdorient.com

(1) On vient d'apprendre que Zélaya est rentré au Honduras secrètement…

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