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Obama se Dégonfle Devant l'Iran Nucléaire

 

Par David Ignatius, éditorialiste au Washington Post

WPost du 7/11/10

Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com  pour www.nuitdorient.com

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Alors que les yeux des Américains étaient fixés sur les élections de mi-mandat, l'âpre conflit entre les Etats-Unis et l'Iran se poursuit pour l'hégémonie au Moyen Orient.

Les scènes importantes du jeu sont l'Irak et le Liban, là ou l'Iran, à travers ses mandataires, a poussé ses pions pour le contrôle politique. L'Amérique et ses alliés ont résisté – parfois faiblement, mais suffisamment pour freiner l'avance iranienne. Aussi bien à Bagdad qu'à Beyrouth, la guerre à travers des intermédiaires mandataires va s'amplifier dans les semaines à venir.

L'administration Obama espère que ces joutes seront le prélude à des négociations sérieuses sur les limites du programme nucléaire de l'Iran. Selon cette administration, les Iraniens sont étouffés par les sanctions de l'Onu, et ils ripostent en Irak et au Liban pour montrer qu'ils ont encore la main.

D'une façon répétée, la Maison Blanche a signalé à l'Iran qu'elle souhaitait une solution pacifique du problème du nucléaire. En retour, les signaux étaient pour le moins ambigus, comme d'habitude, mais les Iraniens ont déclaré qu'ils étaient prêts à une rencontre avec Washington et ses alliés, ce mois-ci, peut-être à Vienne.

Les signes alléchants que l'Iran veut négocier sont les contacts avec Esfandiar Rahim-Mashaei, un conseiller-clé du président M Ahmedinejad. Un autre conseiller est venu à une rencontre organisée par les Etats-Unis à Rome le 18/10 sur la stabilisation de l'Afghanistan. A travers divers intermédiaires, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils accepteraient des négociations par étapes qui ont commencé par un compromis turc pour alimenter le Réacteur de Recherche de Téhéran, puis se sont étendus à tout le programme nucléaire iranien

Ce petit jeu qui ressemble plutôt à une "dégonflade" sur le nucléaire dure déjà depuis près d'une décennie, et il y a peu de signes réels que les Iraniens soient plus sérieux aujourd'hui qu'hier. En attendant, leur conquête du pouvoir continue vers Bagdad et Beyrouth.

La résistance américaine à Téhéran a été une stratégie du type "laisser faire jusqu'à ce que l'ennemi s'épuise de lui-même", avec des alliés recevant les coups des Iraniens, alors que Washington marchandait un compromis – attendant que l'Iran s'enferre. L'espoir américain –selon Ryan Crocker, ex-ambassadeur – est que l'influence Iranienne de délite d'elle-même, et que "plus les Iraniens poussent leurs pions, plus ils rencontreront de résistance!"

 

En Irak, cela fait plus de 7 mois que les élections parlementaires ont eu lieu, sans qu'un nouveau gouvernement puisse être formé. Iran a mis tout son poids derrière le désir du 1er ministre Nouri al Maliki de rester au pouvoir (malgré qu'il n'ait pas de majorité pour gouverner). L'Iran aurait créé un force spéciale chargée de "convaincre" les factions à Bagdad et il aurait supprimé les subventions aux partis shiites qui ne veulent plus de Maliki. Aussi étrange que cela puisse paraître, les Etats-Unis ont soutenu tacitement la quête de pouvoir de Maliki, mais Washington a insisté pour que la parti Irakiya, de l'ex-1er ministre Ayad Allawi, soutenu par la communauté sunnite du pays, puisse être inclus dans la coalition qui va gouverner. Massoud Barzani, le chef kurde et faiseur de roi dans ces négociations, soutient cette demande américaine. Certains Irakiens craignent que l'Iran ne prévoie une campagne de représailles. La semaine dernière, une source m'a envoyé un soi-disant rapport du renseignement Irakien disant que des "officiers du renseignement prévoyaient d'assassiner en 2 phases d'anciens membres du parti Baath et d'anciens officiers de l'armée et de l'Agence de renseignement".

 

La guerre par intermédiaire au Liban est aussi féroce. Le Hezbollah, la milice shiite créée par l'Iran, fulmine contre le Tribunal International qui prépare la condamnation de certains de ses membres le mois prochain, pour le meurtre de l'ex-1er ministre du Liban Rafik Hariri en 2005. Washington a organisé une coalition comprenant la Russie, pour soutenir les conclusions de ce tribunal. Si des inculpations sont émises, le Hezbollah cherchera à renverser le gouvernement Libanais, créant une nouvelle confrontation. Les réactions des Etats-Unis et d'Israël ne sont pas claires, mais leurs options restent limitées. La semaine dernière, un Ahmedinejad en colère a accusé la Russie de tout vendre à "Satan" en soutenant ces sanctions et en annulant une vente prévue de missiles anti aériens S-300.

 

L'administration Obama espère qu'un Iran isolé chercherait un compromis sur le dossier nucléaire. Mais comme l'a dit  Karim Sadjadpour dans Foreign Policy ce régime qui a le "complexe de la victime" a besoin de l'Amérique comme ennemi, aujourd'hui plus que jamais. Il est logique que cette administration explore toute zone de compromis raisonnable, mais les guerres par mandataires en Irak et au Liban montrent que l'Iran veut marchander en position de force, aussi. Après l'excitation des élections de mi-mandat, le président Obama doit rapidement tester l'Iran et découvrir s'il veut vraiment un accord ou juste tuer le temps.

 

 

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