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OBAMA, NETANYAHOU ET LES JUIFS AMERICAINS

Le soutien du judaïsme américain est crucial pour éviter qu'Israël ne devienne

une nouvelle Tchécoslovaquie

 

Par Isi Leibler, journaliste -  ileibler@netvision.net.il

Jerusalem Post du 12 mai 2009.

Traduit par Albert Soued, http://symbole.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Je suis revenu de New York, avec des sentiments mitigés, après de longues discussions avec un large éventail de dirigeants Juifs Américains.

Après la prochaine rencontre entre le 1er ministre B Netanyahou et le président B Obama, on verra peut-être un peu plus clair quant aux nouvelles relations avec notre plus important allié et fournisseur d'armes. Les plus optimistes prédisent que pour le moment il y a peu de chances qu'une confrontation se concrétise. Obama a déjà fort à faire avec la crise économique, l'Afghanistan, le Pakistan, plus la Corée du Nord et l'Iran, pour chercher un conflit avec Israël qui entraînerait aussi des problèmes localement. Puis l'opinion publique est en majorité pro-israélienne et le Congrès reste un soutien puissant.

Pourtant des signaux négatifs s'accumulent depuis plusieurs semaines et déconcertent. Quelles que soient les véritables pensées de B H Obama (1), il est aujourd'hui sous la forte pression des démocrates de gauche et des Européens afin qu'il adopte une approche plus dure à l'égard d'Israël. Certains de ses proches conseillers jettent même le blâme sur Israël, responsable de l'impasse actuelle dans la région et pensent que le seul moyen de construire des ponts avec l'Islam, c'est de prendre des distances par rapport à l'Etat Juif.

La nouvelle politique d'Obama de dialoguer avec les états voyous et d'inciter les tyrans à une nouvelle attitude, par la persuasion, rejoint d'une façon inquiétante la politique d'apaisement de l'Europe des années 30 (2). Et ce n'est probablement pas une coïncidence que la république tchèque soit un des rares pays d'Europe à soutenir Israël.

A ce jour B Netanyahou n'a fait aucun faux pas. Le vrai défi sera à Washington où il faut qu'il parvienne à une entente avec Obama, à la fois sur l'Iran et sur le conflit avec les Palestiniens, tout en résistant aux énormes pressions pour qu'Israël fasse des concessions qui pourraient saper sa sécurité.

 

Dans ce contexte, le soutien du judaïsme américain est très important. Obama ne voudra pas s'aliéner sa base juive qui a voté pour lui à 80% et qui a contribué à la moitié des fonds de sa campagne électorale. Mais si les Juifs sont perçus comme ambivalents, ou pire, hostiles à l'égard du gouvernement israélien, il ne fait aucun doute que l'approche d'Obama évoluera dramatiquement.

Il est regrettable qu'en plus du déclin de l'enthousiasme pour Israël des nouvelles générations dont le souvenir de l'Holocauste et de la lutte pour la création de l'état d'Israël s'estompe, les relations entre Israël et les Juifs américains, lors des dernières décennies, se soient considérablement distendues. Les dirigeants successifs ont négligé d'entretenir de bonnes relations avec les chefs de communautés juives américaines, cherchant plutôt à courtiser les riches donateurs pour réaliser leurs propres projets politiques ou personnels. Ces responsables du terrain sont inconnus au bataillon et, en dehors de l'AIPAC, l'activisme national juif est essentiellement concentré en trois personnes, très capables, professionnelles, mais vieillissantes – Abe Foxman de l'ADL, AntiDefamation League, David Harris de l'American Jewish Committee et Malcolm Hoenlen, de la Conférence des Présidents. De plus, en dehors des méfaits de la débâcle financière, les Juifs américains ont été traumatisés par l'escalade des virulentes éruptions anti-Israéliennes et antisémites, notamment dans des médias réputés honorables. Cette hystérie a atteint les campus universitaires, a fait tache d'huile et a donné naissance à des campagnes de boycott d'Israël. Malheureusement aujourd'hui, après surtout la fausse accusation d'espionnage de l'AIPAC et de Freeman, on accuse les Juifs américains de double loyauté.

Les dirigeants Juifs hésitent donc à parler ouvertement de leurs préoccupations. Mais en privé, ils expriment leurs craintes d'une confrontation entre leurs dirigeants et le président le plus populaire d'Amérique depuis F D Roosevelt. Et leurs craintes sont exacerbées par le comportement et les propos d'officiels juifs de la nouvelle administration. Ceux-ci ne broncheront pas si une confrontation avec l'état juif devait éclater et ils prévoient qu'une majorité de juifs américains qui vénèrent Obama, le soutiendront.

Le directeur de cabinet Rahm Emanuel a franchement dit à des responsables de l'AIPAC que si on n'arrivait pas à avancer dans les négociations avec les Palestiniens, cela aurait un impact avec l'affaire d'Iran ! Des messages similaires ont été convoyés par le vice président J Biden et la secrétaire d'état H Clinton. Le Conseiller National à la Sécurité James Jones a assuré à un ministre des Affaires Etrangères européen que contrairement à Bush, Obama sera "contraignant" à l'égard d'Israël. Encore plus inquiétante, l'annonce insipide et sans avertissement d'un assistant de H Clinton, demandant à Israël de signer le Traité de non prolifération nucléaire.

Les responsables juifs sont aussi scandalisés par la place qu'accordent les médias à des groupes marginaux comme JStreet, dont l'objectif principal est d'"équilibrer" l'activisme de l'AIPAC, en faisant de l'entrisme auprès de l'administration Obama, pour obliger Israël à faire d'autres concessions unilatérales. A une récente réunion d'information du Département d'Etat, les dirigeants Juifs ont été choqués de se voir accompagnés d'organisations qui se faisaient passer pour sionistes et qui demandaient instamment au gouvernement américain de témoigner envers Israël d'une "affection aussi ferme" que celle de parents envers "leur progéniture droguée".

JStreet et ses alliés "pour la paix à tout prix" prétendent que les représentants officiels du judaïsme américain pratiquent "le maccarthysme", leur déniant toute liberté d'expression, La plupart des Juifs américains conviendraient qu'il serait excessif de faire pression sur leur gouvernement sur des questions de vie ou de mort des Israéliens.

A l'image de ces communistes juifs qui menaient des campagnes bidon pour la paix, style soviétique, et qui justifiaient l'antisémitisme soviétique, ces faux sionistes devraient être montrés du doigt et isolés, avant qu'ils ne sapent la position d'Israël, notamment auprès du Congrès.

 

Le 1er ministre Netanyahou est tout à fait d'accord de restaurer nos liens avec les Juifs de la Diaspora et de renforcer notre place dans la bataille des idées. Nathan Sharansky nommé à la tête de l'Agence Juive et le rôle rendu plus important du Ministre de la Diaspora, Yuli Edelstein, sont deux signes positifs. Un signe encore plus fort a été la désignation de Michael Oren, universitaire charismatique et éloquent, comme ambassadeur à Washington. Il pourra s'adresser aux Américains de toutes tendances pour leur expliquer clairement la situation au Moyen Orient. Il pourra aussi inciter les Juifs à un plus grand militantisme. On parle dans certains milieux d'un nouveau "Abba Eban".

Notre prière est de penser que notre 1er ministre parviendra à convaincre le nouveau président américain de la menace existentielle qui pèse sur notre pays du côté iranien. Il l'assurera de notre désir de renouveler les négociations avec les Palestiniens sur la base d'une réelle réciprocité, de notre volonté de démanteler les installations illégales en Judée-Samarie, mais pas celles qui sont liées à l'accroissement naturel de la population qui habite dans les blocs d'implantation rattachés à Israël. Sans le dire explicitement, il soutiendra une "solution à 2 états", à condition que la sécurité du pays ne soit pas entamée, que le terrorisme soit éradiqué dans les faits et que les Palestiniens montrent une réelle volonté de vivre pacifiquement à côté d'un état juif.

Mais Obama vit-il dans l'illusion (1)? Nous sommes à des années-lumière d'un accord viable avec nos voisins palestiniens. Paradoxalement, il existe une plus grande proportion d'Israéliens en faveur de "la solution à 2 états" que de Palestiniens, pour qui la priorité serait la destruction de l'état d'Israël comme état souverain.

 

Pour les Juifs américains c'est le temps du défi. Ensemble nous devons résister à ceux qui sont dans l'illusion que les problèmes avec l'Islam pourront être surmontés, pourvu qu'on sacrifie Israël, le transformant en une nouvelle Tchécoslovaquie. Rappelons qu'à cette époque sinistre, les dirigeants juifs des Etats-Unis ne se sont pas levés pour défendre leurs frères européens, intimidés qu'ils étaient par un président populaire. Nous avons toutes les raisons de croire qu'aujourd'hui la grande majorité des Juifs américains, forts et confiants, ne seront pas intimidés ou rendus silencieux, si Israël est en danger…

 

Notes de la traduction

 

(1) Il est difficile de lire dans les pensées d'un homme aussi secret qu'Obama. Mais si vous avez suivi son parcours depuis qu'il est né, vous pouvez dire qu'il présente trois caractéristiques essentielles tirées de son enfance-adolescence, le manque du père, l'instabilité géographique et la diversité culturelle. Né au Kénya, enfant élevé comme un musulman en Indonésie; adolescent à Hawai, il a été élevé par des grands parents protestants qui l'ont converti à leur foi. Mais adulte, il a suivi pendant vingt ans l'église d'un pasteur anti-américain, voire antisémite, Jeremiah Wright.

Parvenir aux plus hautes instances du plus grand pays du monde témoigne d'une extrême intelligence, d'un grand contrôle de ses émotions et d'un très grand pouvoir d'adaptation. Mais cela ne suffit pas, car à l'université il ne se distinguait pas particulièrement. Il faut qu'il soit mû intérieurement d'un grand projet intime. Bien qu'il ait une grande tendresse pour sa mère et ses grands parents protestants, il ne faut pas oublier qu'il a des dettes envers l'Islam, un père d'adoption indonésien l'a élevé comme un musulman important, un saoudien a payé ses études, un syrien a payé sa campagne pour devenir sénateur de l'Illinois (Chicago). Et on peut se demander si son projet secret et intime n'est pas en relation avec l'Islam.

Bien que les Juifs aient payé la moitié de sa campagne électorale présidentielle, ils ne viennent que tardivement, bien qu'à Chicago, Obama fréquentait assidument un rabbin.

Grand projet secret, grande adaptabilité à la situation présente et aux circonstances, il ne serait pas étonnant qu'il y ait à terme un renversement des alliances au Moyen Orient, Obama optant pour l'Islam shiite plutôt que sunnite, plus mystique, plus conquérant et plus dynamique. Et qui sait, plus tard, car il est jeune, le califat d'Amerislam…

(2) La politique d'apaisement se poursuit aujourd'hui, au point que certains pensent que la civilisation occidentale a déjà disparu au profit d'Eurabia.

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