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ISRAËL DANS L'IMBROGLIO IDENTITAIRE

Les dirigeants et politiciens d'Israël devraient se ressaisir et revenir aux principes qui ont fait leurs preuves dans le passé, dans le but de poursuivre leur projet national."  

Par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com

Le 25 novembre 2007

Dernier livre d'Albert Soued - Quand le Moyen-Orient verra-t-il la lumière ?

 

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QU'EST-IL ADVENU DE L'ESPRIT D'ENTEBBE ?

Les dirigeants et politiciens d'Israël devraient se ressaisir et revenir aux principes qui ont fait leurs preuves dans le passé, dans le but de poursuivre leur projet national.

 1- Ne jamais céder devant la terreur

La 2ème guerre du Liban en Juillet 2006 a éclaté après l'attaque d'une patrouille Israélienne par des terroristes infiltrés du Hezbollah, l'assassinat de plusieurs soldats et l'enlèvement de deux d'entre eux. La riposte correspondait aux principes de défense de l'état d'Israël. Mais il ne fallait pas annoncer des objectifs qui étaient manifestement impossibles à atteindre avec les moyens choisis, la libération des captifs. En n'atteignant pas les objectifs annoncés, Israël a, d'une certaine manière, cédé à la terreur.

De même, libérer des centaines de terroristes n'a jamais atténué les tensions, bien au contraire, puisqu'on a retrouvé certains d'entre eux dans des attentats meurtriers contre des civils Israéliens.

 2- Ne jamais laisser sa sécurité entre les mains d'autrui

- En quittant le Liban du Sud en 2000, Israël a accepté de ce fait de remettre la sécurité de sa frontière Nord entre les mains de l'Onu. Après la 2ème guerre du Liban en 2006, Israël a accepté à nouveau la Finul, avec des pouvoirs élargis, comme garant de sa sécurité. Cela n'a pas empêché le Hezbollah de reconstituer ses forces, ses tunnels et son armement en vue de nouvelles épreuves, à la barbe des forces de la Finul.

- En obligeant 8000 Israéliens à quitter Gaza en 2005, et en abandonnant le couloir Philadelphi, séparant Gaza de l'Egypte, Israël a confié la sécurité de sa frontière sud à l'Union Européenne, qui devait garder ce couloir. Après le départ des contrôleurs européens qui n'ont pas réussi à empêcher le passage des terroristes entre Gaza et le Sinaï et l'entrée des armes et munitions, la sécurité de cette frontière incombait de fait à l'Egypte. Celle-ci a pratiquement ouvert sa frontière avec Gaza sans contrôle, préférant voir les terroristes d'al Qaeda à Gaza plutôt qu'au Sinaï. Et puis que ne ferait-on pour aider ses frères palestiniens…Ainsi, Gaza est devenu aujourd'hui un repaire de la terreur internationale, avec une quantité astronomique d'armes et d'explosifs.

 3- Ne pas menacer, mais sévir avec efficacité

Le raid du 6 septembre 2007 contre un site nucléaire syrien, sans avertissement ni menace, ni publicité, est exemplaire dans sa conception et sa réalisation.

L'attitude générale d'Israël vis-à-vis de ses implacables ennemis devrait revenir à ce schéma. Cela ne sert à rien de menacer les Palestiniens de Gaza de représailles parce qu'ils lancent des roquettes Qassam sur des villes israéliennes. Il faudra sévir opportunément quand les moyens d'une riposte efficace seront à portée de main (attaque terrestre, bouclier défensif….).

 4- Ne pas négocier avec des état-voyous

- Des personnages Israéliens haut placés ne cessent d'annoncer qu'il faut négocier avec la Syrie et lui donner le Golan. Depuis quatre décennies, la Syrie a montré à maintes reprises qu'elle était un état-voyou, un état mafieux qui assassine ses contradicteurs, qui héberge toutes les organisations impliquées dans la terreur au Moyen Orient…, ainsi que toutes les armes non conventionnelles (chimique, biologique et nucléaire) et qui survit grâce aux trafics en tout genre, cocaïne, armes ou fausse-monnaie. La Syrie est gouvernée par une clique shiite alaouite, très minoritaire. Pour se faire apprécier de la majorité sunnite, la Syrie fait de la surenchère panarabe, voire panislamiste, malgré que les Frères Musulmans soient ses ennemis jurés. Bashar al Assad est préoccupé par sa survie qui ne viendra ni du Golan, ni d'une paix avec Israël. La frontière syro-israélienne est d'ailleurs très calme depuis 34 ans…et cela peut durer longtemps encore. Le président Syrien veut reprendre son emprise sur le Liban et que ce pays renonce au procès lié à l'assassinat de Rafiq Hariri, ex-1er ministre Libanais. La Syrie a plus besoin de l'amitié et de la sympathie des arabo-islamistes que de celle de l'Occident.

Et puis le Golan a été annexé par Israël dans une guerre défensive. Israël administre et développe ce territoire depuis maintenant 40 ans, alors que la Syrie ne l'a gouverné militairement qu'une vingtaine d'années, et l'a laissé "en friche". Et avant de vendre le Golan pour des illusions, il faudrait peut-être demander leur avis aux populations locales, juives et druzes, sur la souveraineté qu'elles souhaitent.

- Après 8 voyages dans la région, la pugnace Condoleeza Rice veut qu'Israël négocie vite avec le Fatah, organisation terroriste qui vient de se refaire une virginité, "parce que sinon Israël va se retrouver face au Hamas en Cisjordanie", dit-elle. "Mais Madame Rice, renseignez-vous, c'est déjà fait, le Hamas est pratiquement déjà là, Annapolis ou pas". En pays arabe, c'est la surenchère qui l'emporte fatalement, la terreur musclée a toujours raison de la terreur molle. Par conséquent, Israël ne choisissant pas ses voisins, il ne doit pas craindre de se retrouver face à une organisation terroriste un peu plus virulente, sur son flanc oriental. Et on oublie les incitations au meurtre de Juifs dans les livres scolaires, la haine distillée dans les séries télévisées de Palestine ou les sermons empoisonnés, à faire frémir, du sheikh Ikrima Sabri et de tous ses émules dans toutes les mosquées de la région, même en Israël. Quelle que soit la couleur de l'Autorité Palestinienne, tout cela n'a pas changé depuis qu'Oslo a été signé, il y a une quinzaine d'années. On peut se parler, mais négocier quoi?

 

5- Etre ferme et clair dans son identité et son projet

N'en déplaise à Avraham Burg et à ses amis de l'université et des médias, 80% de la population israélienne souhaite qu'Israël soit un état Juif, re-né pour les Juifs d'abord.

Quand les idées, les annonces, les communications des dirigeants et des politiciens Israéliens sont floues quant à leur propre identité, alors qu'ils sont cernés par une marée de nations et de peuples fermement ancrés dans leur identité islamique, voire islamiste, on peut se demander quel est l'avenir d'Israël dans cet imbroglio idéologico-identitaire (1).

Il est grand temps qu'Israël réaffirme haut et clair, notamment à ses minorités arabes, bédouines, druzes, néo-nazies, son identité juive, sa renaissance sur la terre de ses ancêtres, et surtout que tout juif a le droit de vivre en paix et en toute souveraineté en Judée et Samarie, comme les Arabes vivent en paix en Israël.

En quelques jours, en Israël, j'ai entendu trois personnes imputer les problèmes de la région aux implantations juives en Judée Samarie, un professeur de l'université de Tel Aviv, un ancien chef du Mossad et un archevêque anglican, en visite dans la région. C'est beaucoup en peu de temps, alors qu'il n'y a vraiment aucun rapport de cause à effet (2).

Si elle perdure au sein de l'élite israélienne, cette hésitation identitaire doublée d'un désir irréaliste de paix, risque d'entraîner des schismes importants dans la société. Je ne veux citer que deux questions cruciales, l'unité de Jérusalem, fondement historique de l'état juif, et l'indemnisation des réfugiés juifs, chassés des états arabes (3) qui est superbement ignorée par les dirigeants israéliens, sans motif clairement exprimé.

 

6 – Faire preuve d'une grande patience

Les problèmes du Moyen Orient vont être très longs à résoudre, car ils charrient des idéologies, comme des fantasmes et des rêves. Leur solution se situe dans le long terme et dans la rééducation des jeunes, sur plusieurs générations. Il faut donc faire preuve d'une grande patience, sachant que le temps travaille pour Israël. En enseignant la haine, le mensonge, la violence et la régression à ses enfants, son ennemi a déjà perdu la partie.

 

Notes

(1) Voilà ce que vient d'affirmer le Ministre de la Culture de l'état d'Israël, Ghaleb Majadele, le 20/11/07 à la Knesset, à propos de l'application de la loi Israélienne sur le mont du Temple: "entre ma religion (Islam) et les considérations d'un ministre (de la Culture), la considération de ma religion et de mon identité arabe l'emportent"

 (2) Le premier considère les implantations comme la cause de la terreur, le deuxième comme la cause de la corruption, des scandales et des malversations qui secouent la société israélienne, le troisième comme la cause de l'exil des chrétiens, du fait de la nécessité d'une barrière de sécurité…!

(3) On compte près d'un million de réfugiés juifs dont les 2/3 ont trouvé refuge en Israël. Leurs avoirs fonciers saisis, séquestrés ou perdus représenteraient plusieurs fois la superficie de l'état d'Israël.

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