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Le Hezbollah Pille l’État Libanais

 

L'Orient le Jour- 15/12/2010

Tout savoir sur le Liban 

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Dans une conférence de presse qu'il a donnée hier, le député Mohamad Kabbara a présenté un rapport sur ce qui se passe à l'aéroport et dans les ports du Liban, et qui, selon lui, peut être résumé en ces termes : "Le Hezbollah pille l'État libanais"
Expliquant ses propos, M. Kabbara a accusé le parti de Dieu "d'utiliser le TSL" (1) comme un paravent pour dissimuler aux yeux des Libanais l'étendue de la corruption à travers laquelle le Hezbollah mine l'État et sape la société libanaise, élevant de la sorte le taux de chômage parmi la population.

"Au nom de la Résistance", poursuit le député du Courant du Futur, "le parti de Hassan Nasrallah gère des réseaux de contrebande à travers les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays, privant les caisses de l'État de 60 % de ses revenus douaniers, sans compter ce qui est subtilisé par le biais de l'électricité et des registres fonciers, entre autres".
Mohamad Kabbara a dénoncé aussi les importations commerciales variées, qui vont de l'alimentaire jusqu'à l'électronique, en passant par les médicaments, tout cela sous le couvert des armes. Ironique, il a assuré que les voies militaires du Hezbollah passent partout et traversent tous les ports, celui de Beyrouth, de Tyr et tous ceux qui se trouvent entre les deux, à savoir Ouzaï et Sarafand, ainsi que l'aéroport international Rafic Hariri, par où transitent des marchandises dont aucun manifeste ne porte la trace, et qui passent des hangars à la banlieue Sud (2), à travers la barrière imaginaire du côté de la piste Est.
Le député a affirmé que ce vol organisé contribue à augmenter la misère, terreau idéal pour semer la violence et l'extrémisme, déplorant le fait que le produit de cette contrebande grossit les dépôts de l'État de la banlieue Sud, qui sont hors du contrôle de l'État, avant que des camions -- que les douanes n'osent ni intercepter ni fouiller – n'aillent vider leurs cargaisons sur l'ensemble du territoire libanais.
Le député Kabbara a conclu sa conférence par un appel au président Sleiman, au Premier ministre Hariri, à Raya el-Hassan et au peuple libanais, pour qu'ils soient conscients de ces détournements inadmissibles.

 

Par ailleurs réuni hier sous la présidence de Fouad Siniora, le Bloc du Futur a accusé sans les nommer certains cadres du Hezbollah d'être à l'origine de la crise politique actuelle.
"Nous déplorons très fermement les menaces, les intimidations, les ultimatums et les expressions insultantes qui se multiplient récemment à partir des tribunes et dans les médias par certains responsables du Hezbollah", a ainsi affirmé le député Khaled Zahramane au nom des participants. "Cela est inacceptable et le fait que le langage politique ait atteint un tel niveau ne peut que crisper le pays à tous les niveaux et, par conséquent, saper sa stabilité et sa sécurité", a-t-il mis en garde. "Le Bloc du Futur fait assumer à ceux-là la responsabilité de la spirale d'escalade dans laquelle ils précipitent le pays", a ajouté le député fidèle à Hariri, rappelant l'attachement du bloc parlementaire à l'armée et aux forces de sécurité dans la protection du citoyen contre tout ce qui pourrait lui arriver...

Le Bloc du Futur a en outre refusé de répondre par une escalade. "Il ne faut pas se laisser entraîner à des actes, des propos ou des slogans du même genre, ni à ces dangereuses dérives communautaires, sectaires et géographiques", ont décidé les députés haririens, insistant sur leur attachement à la démocratie, au pluralisme, à la coexistence, à la souveraineté, à l'indépendance, à la stabilité et à la justice au Liban.
Plus généralement, dans les milieux du 14 Mars, on espère, sans grande illusion cependant, que le Conseil des Ministres qui doit plancher principalement aujourd'hui sur l'affaire des faux témoins  (3) portera ses fruits.
Les visiteurs de Bkerké se sont arrêtés sur ce point après leur entretien, hier, avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. Le député Okab Sakr a estimé que cette réunion sera décisive et permettra de dévoiler la volonté de blocage. "Si les intentions sont bonnes, elles apparaîtront à la faveur de la concrétisation du projet libanais de solution avec une assistance arabe", a-t-il dit. "L'équation est simple : il n'est pas question que nous troquions la justice contre la stabilité ou la stabilité contre la reddition. La justice et la stabilité seront toutes les deux assurées grâce à une issue honorable qui sera trouvée en Conseil des Ministres", a-t-il ajouté, critiquant l'intimidation et les menaces auxquelles la partie adverse a recours.

Le député Antoine Zahra, pour sa part, s'en est violemment pris au Hezbollah, dans une interview à la chaîne satellitaire al-Mostaqbal, estimant que la résistance n'est pour lui qu'un moyen pour réaliser son projet. "L'important pour lui est de rester intouchable et au-dessus des lois", a-t-il dit, jugeant ensuite inadmissible que le gouvernement vote contrairement à l'étude présentée par le ministre de la Justice Ibrahim Najjar au sujet des faux témoins. "Si la partie adverse insiste pour que le dossier des faux témoins soit tranché en premier, avant tout autre sujet, c'est pour nous dire que l'État, le Conseil des ministres et ses décisions ainsi que les intérêts de la population sont tous hypothéqués jusqu'à ce que son intérêt, qui consiste à faire chuter le gouvernement et à ébranler la sécurité nationale, soit réalisé", a indiqué M. Zahra.
Son collègue Ammar Houri a fait état d'une volonté des trois pôles du pouvoir de maintenir la stabilité, qui va selon lui s'exprimer par l'intensification des contacts pour trouver une issue à la crise. "Celle-ci", a-t-il expliqué, peut s'inspirer de toutes les propositions de solution avancées dernièrement". Pour M. Houri, si l'opposition insiste tellement pour que l'affaire des faux témoins soit transférée à la Cour de Justice, c'est pour pouvoir dire au "Tribunal Spécial pour le Liban" que de nouveaux développements sont intervenus au niveau de l'enquête et qu'il devrait suspendre son action en attendant le jugement de la Cour de justice. "C'est de cette manière qu'elle cherche à bloquer l'enquête", a-t-il estimé.

 

De même, le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, a exprimé hier devant ses visiteurs sa douleur face à ce qui se passe sur la scène libanaise comme conflits et tiraillements entre responsables politiques. Le patriarche a qualifié la situation au Liban de "tendue" alors que la région vit sur un volcan et que l'Irak souffre de massacres barbares commis à l'encontre de ses habitants, chrétiens notamment.

 

Notes de www.nuitdorient.com

(1) Le Tribunal Spécial pour le Liban doit donner en février 2011 ses conclusions sur l'assassinat de l'ex-1er ministre Tariq Hariri en 2005. Des dirigeants syriens et des membres du groupe terroriste Hezbollah seraient impliqués. Le Hezbollah qui a réussi à s'introduire dans l'Assemblée Nationale et dans le gouvernement a un pouvoir de blocage du système politique. Il a menacé de le faire, avec le spectre d'une guerre civile, si jamais un membre du Hezbollah était accusé par le TSL.

(2) La banlieue Sud de Beyrouth est le Fief du Hezbollah qui est un véritable état dans l'état, avec sa milice fortement armée.

(3) Le Hezbollah a apporté de "faux témoins" pour se disculper de l'assassinat de Tariq Hariri.