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SITUATION MINEE AU LIBAN

 

Par Lenny Ben David, diplomate de Washington, président d'une société de Conseil International

Paru dans le Jerusalem Post du 30/10/07

Traduit par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com – Dernier livre paru - Quand le Moyen-Orient verra-t-il la lumière ?

 

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NE BRADEZ PAS LES ESPOIRS AU LIBAN

Le régime syrien a systématiquement usé de son terrorisme et exploité les contradictions libanaises pour y étendre son influence

 

"L'été dernier Yitsh'aq Goren sortit dans ses vergers pour évaluer les dégâts causés par le tir de barrage d'une centaine de Katiouchas qui ont brutalement sillonné la Galilée. Il n'y avait personne qui travaillait et les prunes qui pourrissaient sous les branches exhalaient le parfum doux de la fermentation. Il y avait partout des branchages. Yitshaq a remarqué les cratères laissés par les roquettes, mais l'un d'eux semblait différent, car il ne contenait pas de shrapnel et on ne voyait pas le fond… En fait Goren était tombé sur l'une des "surprises" promises par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, la sortie de l'un des nombreux tunnels de 2 km de long creusés sous la frontière avec le Liban. L'entrée du tunnel se trouvait dans une carrière de pierres achetée par le Hezbollah, il y a 5 ans. La poussière et les allées et venues de camions n'auraient éveillé aucun soupçon. Ni les nombreux conseillers Nord-Coréens, ni l'énorme équipement apporté par Korea Mining, Development and Trading Corporation (ou Changgwang Sinyong Corp), pour aider les Shiites Iraniens et les Libanais à creuser le tunnel et son puits de 35m de profondeur.

La coopération Irano-Nord Coréenne au Liban a atteint des proportions telles qu'on peut la qualifier d'extension du conflit entre l'Iran et les Etats-Unis et leurs alliés. Cette coopération inclut la fourniture de missiles longue portée au Hezbollah et la capacité nucléaire à la Syrie.

En effet, en dépit de son appellation "minière", la société coréenne mentionnée a été sanctionnée par les Etats-Unis, car elle développe des missiles et participe à la prolifération de la capacité nucléaire. En ce qui concerne les tunnels, la Corée du Nord a 50 ans d'expérience, notamment dans le creusement de tunnels sous la zone démilitarisée (DMZ) entre les 2 Corées, à 150m de profondeur et 3,3 Km de long. Ces tunnels sont équipés de ventilation et de lignes électriques, et certains d'entre eux sont suffisamment larges pour permettre le passage de milliers de soldats à l'heure.

Les plans du Hezbollah étaient plus modestes, envoyer simplement 200 guerrillas derrière les lignes Israéliennes pour attaquer des cibles civiles et empêcher les véhicules de l'armée d'avancer vers le Liban. A 100 m de la sortie du tunnel, dans un abri souterrain du Hezbollah, on pouvait trouver des centaines de missiles anti-aériens RPG-29 tirés de l'épaule et de missiles anti-chars Kornet-E à guidage laser. Le hasard a voulu qu'une roquette Katioucha fasse un gros trou à la sortie du tunnel".

 

L'histoire du tunnel est une fiction, mais pas le reste, la société nord Coréenne et ses fournitures, ainsi que la coopération avec l'Iran.

Le Hamas et ses alliés du Hezbollah à Gaza ont déjà acquis la technologie du tunnel et l'ont appliquée à une attaque d'un char israélien, au moment de l'enlèvement de Gilad Shalit, le 25/06/06. Des tunnels creusés au Sinaï sous la frontière égyptienne permet au Hamas d'acheminer, du matériel et des hommes.

Cet été Hassan Nasrallah a promis de "grandes surprises", en cas de nouvelles hostilités. Certains pensent à des missiles à très longue portée, d'autres à des missiles anti-aériens; cela pourrait bien être les tunnels décrits ci-dessus.

 

Depuis le départ des troupes Israéliennes du Liban en 2000, l'argent iranien, ses miliciens et ses experts ont aidé le Hezbollah à construire des bunkers et des bases souterraines à travers le pays, y compris un réseau de bureaux et un quartier général profondément enterrés, sous le quartier autonome du Hezbollah, Al Dahiyeh, à Beyrouth-Sud. Le chef du Comité International Libanais pour l'application de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l'Onu, Toni Nissi dit "Le Hezbollah a reconstruit ses positions souterraines, y compris le stockage d'armes offensives". Lors du 1er semestre 2006, 60888 "touristes Iraniens" ont visité le Liban… Le renseignement Israélien a sous estimé la capacité offensive du Hezbollah en 2006, lorsqu'on a découvert les bunkers profondément ancrés le long de la frontière avec Israël, dans les "réserves naturelles" du Hezbollah.

Mais qui empêche aujourd'hui le Hezbollah de construire des tunnels Nord-Sud, avec l'assistance Iranienne et Nord-Coréenne ?....

A 300 m de la frontière libano-israélienne, à la barbe des positions de l'UNifil, Tsahal (forces armées israéliennes) a découvert fin 2006, une ville souterraine très élaborée, avec des dizaines de salles interconnectées et équipées de liaisons téléphoniques, de douches/WC et climatisées, avec des issues de secours.

L'an dernier un Gardien de la Révolution Iranien, particulièrement loquace a révélé au journal arabe paraissant à Londres, al Shark al Awsat, que les diplomates Iraniens ont introduit clandestinement au Liban des experts Nord Coréens, déguisés en employés domestiques. Ils auraient rejoint des centaines d'ingénieurs et de techniciens Iraniens, pour construire un tunnel de 25 km! Cet officier s'est vanté en disant que chaque entrée du tunnel avait pour dimensions 12/18 m2, avec un plancher mobile et un plafond semi-mobile. Chaque ensemble de 4 entrées est interconnecté pour laisser passer les miliciens.

 

La fourniture par l'Iran de fonds, d'armes et de facilités d'entraînement semble illimitée. L'infrastructure sociale et éducative du Hezbollah est financée par l'Iran et une partie du Liban est devenue une colonie jihado-shiite. Malgré la crise économique de l'Iran, ce pays continue à pourvoir aux besoins des shiites du Liban. Partout on voit des panneaux et des banderoles "Merci l'Iran!"

L'influence iranienne et le fondamentalisme islamiste ont peut-être déjà miné les fondements de la jeune démocratie libanaise. Il est peut-être même trop tard pour la sauver et ce que n'a pas détruit l'Iran, la Syrie l'a fait. Après avoir quitté le Liban, il y a 2 ans, la Syrie est résolue à y revenir, pour y reprendre son pillage du pays. Après tout Bashar al Assad et ses voyous semblent être sorti indemnes de l'assassinat de Rafiq Hariri en février 2006. Au début de ce mois le 1er ministre Fouad Siniora a donné au Secrétaire Général de l'Onu des détails sur les liens entre la Syrie et le groupe terroriste Fath al Islam qui a tenu tête pendant 3 mois à l'armée Libanaise, au camp de réfugiés palestinien de Nahr el Bared, au nord du Liban. Ces terroristes sont venus de Syrie et ont été entraînés par le Front Populaire de Libération de la Palestine, basé à Damas.

 

Il faut savoir qu'aucun de ces pays ou groupes – Iran, Syrie, Hezbollah – n'honorera la résolution 1559 de l'Onu, demandant à l'armée Libanaise de se déployer à la frontière avec Israël et de désarmer toutes les milices, c'est-à-dire Hezbollah et Fatah al Islam.

Cet axe du mal fera tout pour miner la stabilité précaire du Liban et empêcher les prochaines sélections présidentielles. L'assassinat de parlementaires anti-syriens a pour but de réduire la majorité qui s'oppose à la Syrie. Et on se pose la question s'ils permettront à un Tribunal International de juger les suspects syriens du meurtre de R Hariri.

G W Bush a réitéré son soutien à la démocratie au Liban, dans un message important adressé à la Syrie, à l'Iran, au Hezbollah, ce mois-ci. "Je suis profondément concerné par les interférences étrangères dans vos élections " a dit G W Bush au fils de R Hariri, Saad, membre du Parlement et chef du mouvement anti-syrien.  "Le message a été envoyé aux nations telles que la Syrie afin qu'elles n'interfèrent pas dans l'élection de votre prochain président, et j'attends que la Syrie honore cette demande" – Bush a rassuré Saad Hariri que les Etats-Unis sont plus qu'un admirateur, "nous vous aiderons autant que possible"

Mais la meilleure manière d'aider le Liban est de faire pression sur le Hezbollah, l'Iran, la Syrie et même la Corée du Nord. En septembre, Israël n'a pas hésité à éliminer la capacité nucléaire de la Syrie, fournie par la Corée du Nord. L'Occident doit accentuer les pressions économiques sur ces entités et laisser même toute autre option ouverte sur la table.

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