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UNE MINORITE DESHERITEE, OPPRIMEE ET OUBLIEE

Pitié pour les Kurdes de Syrie, brutalement éliminés par Damas,

mal aimés des autres états musulmans et ignorés par l'Occident

 

Par Jonathan Spyer, chroniqueur

Jerusalem Post, édition internationale 15/07/10

Traduction Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Le 21 mars, les forces syriennes de sécurité ouvrirent le feu sur une foule de 5000 personnes dans la ville du Nord al-Raqah. La foule s'était rassemblée pour célébrer le festival kurde de Nowrouz. 3 personnes, y compris une jeune fille de 15 ans, ont été tuées et 50 autres blessées. Suite à ces événements, des dizaines de civils blessés ont été jetés en prison, sans communication avec l'extérieur, et beaucoup aujourd'hui sont toujours incarcérés. Cet incident est un exemple de la répression quotidienne subie par la plus grande minorité de Syrie, les Kurdes.

Les Kurdes représentent 8% de la population du pays soit environ 1,75 million sur un total de 22 millions d'Habitants. Depuis l'émergence du nationalisme arabe militant au pouvoir à damas, les Kurdes ont subi sans arrêt une campagne destinée à les dissoudre comme communauté différente, et tout cela, loin de l'attention du monde.

L'administration américaine poursuit maintenant une politique de mutisme à l'égard des droits de l'homme au Moyen Orient. Le régime syrien est devenu hors d'atteinte depuis que l'Union européenne comme les Etats-Unis se sont mis dans l'idée de le courtiser. Le résultat est que les Kurdes de Syrie ne verront pas leur situation changer de sitôt.

Les racines de cette sévère répression syrienne se situent aux aurores du pouvoir du parti Baath. Les nationalistes baathistes se sont sentis menacés par cette forte minorité non arabe, différente, et se sont mis en tête de l'éliminer en utilisant des méthodes qui leur sont propres. En 1962, un recensement réalisé dans les zones fortement peuplées de kurdes – la province d'al Hasaka – s'est soldé par le retrait arbitraire de la citoyenneté syrienne à 120/150 000 kurdes. Aujourd'hui ceux-ci et leurs descendants sont des non-personnes en Syrie, incapables de quitter le pays, de posséder ou de travailler dans le secteur public. On les appelle les "ajanib" ou étrangers. De plus 100 000 autres kurdes n'ont pu être enregistrés et n'ont pas de documents officiels. Appelé les "maqtoumim" ou "rendus muets", ce groupe subit le même sort. La lutte incessante du régime syrien pour dissoudre les allogènes non arabes a pour but de modifier l'équilibre démographique du pays. La Syrie est devenue un pays sans juifs ou "judenrein", après avoir traités ceux-ci comme des non-citoyens.

Dans les années 70 une campagne d'arabisation des zones kurdes a été ordonnée par Hafez al Assad pour créer une ceinture de population arabe le long des frontières nord avec la Turquie et l'Irak et empêcher la formation d'une région kurde commune aux 3 pays. Les Kurdes ont été expropriés, priés de se déplacer vers l'intérieur et les noms publics de lieu arabisés. La langue, la musique, les organisations kurdes ont été bannies. Il était interdit d'enregistrer à la naissance des noms kurdes. Cette politique d'arabisation s'est lentement transformée en un blocage administratif donnant un groupe minoritaire divisé, réprimé, démoralisé et silencieux.

 

Suite à la création d'une région autonome kurde au nord de l'Irak, en mars 2004, une forme de soulèvement commença. L'étincelle de la vague de protestations fut la mort de 7 kurdes tués par les forces de sécurité, suite à un match de football entre équipes arabe et kurde à Qamishli, à la frontière turque. D'autres tirs eurent lieu aux funérailles et le soulèvement s'étendit à toute la région d'al Jazira, atteignant Alep et Damas. L'armée et son infanterie ainsi que son aviation eurent raison de ces protestations. Malgré des bruits de conciliation venant de Bashar al Assad, rien de substantiel n'a changé dans la vie des Kurdes de Syrie et depuis 2004 la situation reste tendue avec des éruptions occasionnelles. En août 2005, puis en octobre 2008 et en début de 2010, on a assisté à des accrochages entre citoyens kurdes et les fores de sécurité à Qamishli, avec des morts et des arrestations.

Les opposants syriens parlent de l'émergence d'une nouvelle génération de plus en plus nationaliste, différente de l'opposition arabe syrienne. Pourtant aucun mouvement ne s'est réellement créé au sein de la douzaine de partis politiques kurdes, reflet de la division de cette minorité. Pour diverses raisons, les Kurdes ont du mal à se faire entendre sur le plan international. La puissante alliance des états arabo-musulmans ne s'intéresse nullement à ces Musulmans et les états arabes leur sont hostiles. De plus aujourd'hui, la montée en puissance de l'Iran, accompagné de la Turquie n'est pas faite pour améliorer le sort des minorités kurdes de la région, notamment en Syrie.

 

Les Kurdes n'ont vraiment pas de chance, car les ennemis de leurs ennemis ne sont pas leurs amis. Ainsi l'Europe comme les Etats-Unis d'Obama ont une philosophie politique  d'accommodement avec l'ennemi plutôt que celle de la confrontation. Ainsi la campagne syrienne d'oppression et d'élimination des kurdes peut se poursuivre.

 

 

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