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Israël, Notre Allié

 

Par Ksenia Svetlova,

Jerusalem Post éd Internationale – 7/9/10

Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Il est tôt le matin à Irbil, capitale du Kurdistan Irakien. Quelques hommes sont rassemblés autour d'un petit kiosque où des dizaines de journaux et de magazines en arabe et en kurde sont soigneusement entassés au sol sur un morceau de tissu. La caméra "zoome" sur un homme tenant un magazine illustré portant sur la couverture une énorme étoile de David. Et le sujet n'est pas une illustration de plus de la politique d'Israël à l'égard de Gaza ou de la Cisjordanie.

Le titre est "Israël-Kurde" et l'ensemble du texte est dédié aux relations enter la nation kurde et l'Etat d'Israël. Celui qui nous lit l'introduction de l'article en question est celui qui soutient Al Hourra-TV, financé par les Etats-Unis, et il semble aussi étonné que les clients du kiosque. En effet ce n'est pas tous les jours que vous voyez le nom d'Israël apparaître autrement que dans le contexte du conflit arabo-israélien.

En Irak, éditer un magazine avec le mot Israël sur la couverture est une affaire risquée, l'attitude envers Israël et ceux qui, dans le monde arabe, cherchent à se rapprocher de lui étant généralement négative. "L'an dernier nous étions souvent intimidés et menacés par diverses personnes qui n'aimaient pas ce que nous faisons, mais cette année, il semble que nous soyons mieux compris et les gens s'intéressent à notre publication" dit Hawar Bazian, le directeur du magazine.

 

Bazian est un Kurde né en Iran qui a fui son pays avec sa famille, et qui a trouvé un refuge à Irbil. Bien qu'il ait vécu ici pendant de nombreuses années et qu'il ait été diplômé de littérature anglaise à l'Université d'Irbil, il n'a pas de citoyenneté irakienne et il n'a pas pu poursuivre ses études. Bazian considère qu'il y a de nombreuses similitudes entre Kurdes et Israéliens. Créée il y a 2 ans, sa publication a pour but de jeter un pont culturel entre les 2 nations. Il est évident que tout le monde dans la région n'adhère pas à ses idées, ni à celles de son patron, Mawlood Afand, le fondateur du magazine. En plus des menaces et des intimidations, le site web a été attaqué deux fois par des turcs et les autorités ne lui ont pas donné un permis de travail.

Bazian dit qu'"il y a 2 approches d'Israël dans le Kurdistan Irakien: ceux qui sont très intéressés par des relations et qui cherchent à apprendre plus et ceux qui ont un point de vue négatif sous l'influence de l'idéologie de l'Islam radical, pensant qu'Israël est l'ennemi"

 

Comme l'association Israël-Kurde n'a pas encore reçu des autorités irakiennes le permis d'opérer, alors elle n'a pas de bureaux, d'ordinateurs, de fax; elle publie simplement un mensuel en kurde et un site web, également dans les langues arabe, turque et anglaise. Certains articles sont disponibles même en hébreu. La bannière annonce "Faisons connaissance avec Israël tel qu'il est", promettant un aperçu de la société israélienne et de son histoire. Le site web offre principalement des nouvelles du monde kurde et d'Israël et des chroniques, des analyses sur la situation au Moyen Orient, à travers des contributions de Kurdes, Israéliens et Américains. "Nous sommes le résultat de souffrances historiques, du fait des Perses, des Arabes et des Turcs contre les Kurdes, qui ont perdu leurs droits nationaux, religieux et culturels partout. Ces ennemis cherchent à détruire notre avenir, comme ils l'ont fait pour notre passé. L'Institut Israël-Kurde essaie de montrer les relations historiques entre Kurdes et Juifs, sans connotation idéologique ni religieuse. Notre message est clair et parle du niveau de qualité des relations judéo-kurdes, ceci à la lumière de nos aspirations nationales, pour l'information de nos compatriotes, notamment dans la rubrique "A notre propos""

"Nous n'avons pas seulement des liens historiques, des intérêts communs, mais aussi les mêmes ennemis" dit Bazian et il compte sur ses doigts: Iran, Syrie, Turquie… les Arabes, presque tout le monde au Moyen Orient. C'est pourquoi il pense que 2 nations très anciennes qui ont enduré dans le passé d'énormes souffrances et qui ont été souvent dépouillées de leurs droits naturels doivent réunir leurs forces et coopérer.

Certains dans le groupe qui contribue au magazine vont plus loin et suggèrent que les Juifs devraient venir au Kurdistan pour aider les  Kurdes à construire leur nation…

"Le Kurdistan deviendrait la seconde patrie des Juifs après Israël" pense Hamma Mirwaisi, auteur de "Le retour des Mèdes". "Depuis l'empire des Mèdes, les Kurdes ont toujours traité les Juifs comme des partenaires égaux au Kurdistan. Peut-être du fait d'Abraham, le patriarche de la nation juive, qui, d'après moi était un Kurde indo-européen et non un sémite Africain comme certains érudits Juifs l'affirment, du fait que Moïse était né en Egypte. De même une grande proportion de la population kurde descend des 10 tribus juives perdues, exilées par l'Empire assyrien au Kurdistan. Quelle que soit la raison, les Kurdes ont toujours traité les Juifs en égaux, alors que les sheikhs musulmans les encourageaient dans la discrimination (dhimmi)".

"Le Kurdistan peut absorber des millions de Juifs, car c'est un territoire immense qui a besoin du savoir juif. Chaque nation pourrait être une bénédiction pour l'autre, et vivre en paix et prospérité pour les générations à venir"

D'autres articles et chroniques qui paraissent dans le journal traitent de la détérioration récente des relations entre la Turquie et Israël. On note "Le 1er ministre turc Erdogan décrit les soldats israéliens comme des assassins et des barbares… alors que c'est l'inverse. Les soldats turcs sont de vrais meurtriers, et pas les Israéliens. Ceux-ci défendent la vieille Terre Sainte, mais la Turquie occupe la Sainte Terre des Mèdes, le Kurdistan. Ce sont des occupants et des assassins"

"La Turquie devrait être responsable pour tous les dommages causés à Israël durant les récents événements de la flottille, soutenus par le Hamas, au même titre qu'elle est responsable des exactions commises contre les Kurdes. Il faut savoir que malgré l'aide reçue des Etats-Unis et du gouvernement israélien, la Turquie ne parvient pas à s'opposer au PKK (Combattants kurdes pour la Liberté). J'espère que maintenant le gouvernement israélien nous soutiendra contre celui de la Turquie pour mettre fin à la violence que subit le peuple kurde".

Bazian partage ce point de vue et approuve la réaction d'Israël dans l'affaire de la flottille, compréhensible et appropriée. "Nous avons suivi de près cette affaire et nous avons été étonnés par les réactions dans le monde. Après tout, Israël a le droit légitime de défendre ses frontières. Israël n'est pas l'Iran qui est un pays provocateur; dans la même situation, on pourrait comprendre une condamnation de l'Iran, mais pas d'Israël."

Bazian dit qu'il aimerait un jour visiter Israël, pour le moment un rêve irréel, du fait de l'absence de relations diplomatiques entre l'Irak et Israël. Mais les Kurdes sont patients et, comme dit le proverbe "les bonnes choses arrivent à ceux qui savent attendre".

"Tout se fait par étapes. D'abord la communication et les ponts culturels, et c'est ce que nous faisons. Cela prendra du temps avant que les choses ne changent, mais Israël doit savoir qu'il a un bon ami au Moyen Orient, peut-être son seul ami" conclut-il.

 

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