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Un Etat Palestinien non Négocié est une Erreur

 

Par Aaron David Miller, ex-négociateur pour le Département d'Etat, enseigne au Centre international Woodrow Wilson pour Universitaires, auteur du livre à paraître "L'Amérique pourra-t-elle avoir encore un autre grand Président?"

Paru au Washington Post du 14 avril 2011

Traduit et adapté par Albert Soued pour www.nuitdorient.com

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En presque 2 décennies de négociations arabo-israéliennes auxquelles j'ai participé au département d'Etat comme conseiller et négociateur, j'ai eu plus que ma part d'idées saugrenues. Mais ce que complotent les Palestiniens pour la session de l'Onu de septembre porte l'imbécillité à des niveaux jamais atteints !

Une résolution de plus ne produira pas d'Etat palestinien, ni ne les rapprochera d'un tel Etat. En obligeant les Etats-Unis à s'opposer à une telle résolution, en amenant le Congrès à s'opposer à toute aide financière tant nécessaire à la survie de leurs institutions, en entraînant lsraël à prendre des mesures conservatoires et réelles sur le terrain, bien au contraire, ils obtiendront l'inverse.

Frustrés du statu quo, manquant de confiance à l'égard d'Israël, des Etats-Unis et des négociations, les Palestiniens se sont convaincus qu'il était temps de prendre leur avenir en mains. Pendant 2 ans, l'Autorité Palestinienne a fait beaucoup d'efforts pour créer des institutions étatiques crédibles, pensant qu'elles devaient être validées sur le plan international, selon le schéma des 3R, "rhétorique, résolutions, reconnaissance".

Mais on ne voit pas bien clairement ce que les Palestiniens veulent obtenir en réalité. Est-ce une campagne pour que les Nations-Unies reconnaissent un nouvel Etat ou simplement des pressions sur Israël et les Etats-Unis pour qu'ils soient plus sérieux ? (1)

 

J'espère qu'il s'agit de la 2ème solution, car je ne vois que des négociations comme voie pour aboutir à un Etat. Ce n'est pas parce que celles-ci ne sont pas possibles dans l'immédiat que les Palestiniens doivent s'embarquer dans une impasse, ou pire.

Peut-être inspirés par ledit "printemps arabe", ils pensent que, malgré tout, c'est le moment d'agir. Pensant qu'après tout, Israël avait été créé en 1947 par une résolution de l'Assemblée Générale de l'Onu, "le plan de partage de la Palestine", le même système pourrait fonctionner pour eux.

Pour paraphraser Elizabeth Barrett Browning, je vais compter les raisons pour lesquelles cela ne peut pas marcher.

1. une résolution sur papier, même assortie de menaces d'action coercitive contre Israël, s'il ne s'y conforme pas, ne produira aucun Etat. En fait, le résultat sera la démonstration de la faiblesse palestinienne et l'incapacité à former un état unifié et viable, ne contrôlant pas Gaza, ni la totalité de la Judée-Samarie, ni Jérusalem-est… Une résolution vide ramassera des voix sans portée à New York et ne pourra pas être transposée sur le terrain. Le monde fait plus attention au Hamas qui envoie des roquettes sur les villes israéliennes que sur une résolution à l'Onu…

2. toute action entraîne une réaction. Quelle que soit la pertinence de la campagne des Palestiniens à l'Onu, les Etats-Unis seront amenés à s'y opposer. Il y aura un veto au Conseil de sécurité. Bien que ne pouvant empêcher une résolution à l'Assemblée Générale, l'Amérique ne cèdera pas sur le principe que l'état palestinien doit être le résultat de négociations et n'acceptera pas des pressions internationales sur Israël, en dehors de ce contexte. Un an avant des élections présidentielles risquées, B H Obama ne voudra pas perdre le moindre capital politique dans une campagne internationale qui isolerait Israël. Puis, de toute façon, dans le cas extrême, le Congrès américain supprimera toute aide aux Palestiniens comme à l'Egypte, si ce pays rejoint une campagne de pression.

3. Israël est préoccupé par toute campagne cherchant à l'isoler ou à le délégitimer. Mais  les Israéliens ont toujours montré que devant une pression internationale, ils préfèrent le défi à la soumission. Toute résolution anti-israélienne à l'Onu donnera au 1er ministre Benyamin Netanyahou un moyen de rallier son public et il pourra dire, à juste titre, que, dans ces conditions, il n'a pas de partenaire pour faire la paix. Toute résolution entraînera des implantations supplémentaires en Judée-Samarie, pour rappeler aux Palestiniens la réalité du terrain, face à une résolution virtuelle. Toute déclaration d'Etat Palestinien à l'Onu entraînera l'annexion officielle de territoires assurant la sécurité de l'état d'Israël.

Il y a 12 ans, au temps de l'administration Clinton, nous avons eu une campagne palestinienne en vue d'une déclaration unilatérale d'Etat. L'élection d'Ehoud Barak et un certain bon sens palestinien ont évité le pire: les 2 parties ont réussi à obtenir un accord intérimaire à Sharm el Sheikh, en septembre 1999. Aujourd'hui, on n'est pas sûr d'être aussi chanceux. Empêcher la collision du train d'Etat palestinien à New York nécessitera une approche sérieuse de négociation du côté israélien (1), la démonstration de nerfs solides et des qualités de stratège du côté Obama et moins d'ambiguïté et une bonne résolution de faire des choix difficiles du côté palestinien. Si rien de ceci ne se matérialise, on aura un vide et ce vide sera malheureusement rempli par du papier rempli de résolutions, de la rhétorique, des promesses creuses et plus de violence.

 

Note de www.nuitdorient.com

(1) L'auteur semble penser qu'Israël ne cherche pas à négocier sérieusement ou ne fait pas assez de concessions. Or la réalité est qu'Israël depuis 1967 est allé beaucoup trop loin et trop vite en concessions territoriales par rapport à ce qu'il peut se permettre sans mettre en danger son état. D'où l'impasse actuelle. Par ailleurs, l'auteur pense que la solution est seulement territoriale. En fait elle se situe surtout au niveau de l'acceptation par l'Arabe et ledit Palestinien du voisin Israélien, en son esprit et en son cœur. Il faudrait que les Palestiniens commencent à le démontrer pendant quelques années déjà, au lieu d'assassiner, d'égorger, de violer, de brûler, de lancer des missiles, des roquettes et des pierres et de traumatiser

 

 

 

 

 

 

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