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Plaidoyer pour un Etat Kurde au Moyen Orient

By  Diliman Abdulkader

23/1/17

Traduction et adaptation le 3/3/17 par Albert Soued, écrivain, http://symbole.chez.com   pour www.nuitdorient.com

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La Palestine, un prétexte

La plupart des Kurdes vivant dans un territoire où ils constituent une minorité ne cherchent pas à s’en séparer, mais être à même de vivre dans la paix et la stabilité. C’est leur oppression par ces nations dominantes qui a entraîné la volonté de créer un état kurde. Des organes internationaux comme l’Onu ou l’UE ou la Ligue arabe ne cessent de pousser vers la création d’un Etat palestinien, alors qu’ils ignorent les appels pour un Etat kurde. Pendant trop longtemps, les peuples Arabes, Turcs et Iraniens, ainsi que leurs dirigeants ont « utilisé » la cause palestinienne pour justifier leurs propres problèmes.

Le Moyen Orient ne parviendra jamais à la stabilité si la question kurde qui concerne 4 pays – Turquie, Irak, Iran et Syrie -- n’est pas réglée.

L’objectif de trouver une solution au conflit israélo-palestinien a longtemps été utilisé par les Arabes, Turcs et Iraniens comme couverture pour écarter toute critique à l’égard de leur propre indifférence vis-à-vis des Palestiniens. Les 22 états arabes existants, plus la Turquie et l’Iran, peuvent trouver aisément un foyer pour les Arabes palestiniens, mais ils n’en ont aucun intérêt, puisque leur but n’est pas de créer un 23ème état arabe, mais d’éliminer le seul état juif.

Donner un état aux Palestiniens ne résoudra pas la guerre civile en Syrie, ne supprimera pas les divisions religieuses sunnites-shiites en Irak, ne diminuera pas la volonté d’hégémonie islamiste destructrice du président Erdogan en Turquie, n’inversera pas l’agression permanente de l’Iran vis-à-vis d’Israël, des sunnites et des kurdes. Le désir de dominer l’Islam, aussi bien de l’Arabie saoudite que de l’Iran, ne fera que se renforcer.

 

Les problèmes de la région sont provoqués par l’Islam

On estime le nombre de Kurdes à 40/50 millions d’âmes, qui ont une seule langue, une seule culture, une seule identité, différentes de leurs voisins, bien que disséminés et séparés dans 4 pays par des frontières artificielles. Les seuls problèmes réels et endémiques dans la région sont ceux provoqués par l’Islam : les Arabes sunnites entre eux, les Arabes sunnites contre les Arabes shiites, les Arabes contre l’Iran, la Turquie, l’Iran contre la Turquie, les majorités musulmanes contre des minorités musulmanes (kurdes…) et non musulmanes (yézidis, chaldéens, zoroastriens, alevis, chrétiens, juifs…)-

Il faut savoir que les Kurdes ont les mêmes valeurs d’égalité des sexes, de liberté de religion et de droits de l’homme que les Occidentaux ;  et de ce fait ils n’ont jamais cessé de souffrir au Moyen Orient. Sous les Ottomans, les Turcs ont tué des dizaines de milliers de Kurdes dans des massacres à Dersim et Zilan. Dans les années 90, plus de 3000 villages kurdes ont été détruits. Selon « Human Rights Watch », 378 335 villages kurdes ont été déplacés en Turquie.

Bien que Musulmans sunnites, les Kurdes sont plutôt laïcs, avec une langue particulière distincte du turc et de l’arabe. Dans les régions à majorité kurde, règne la diversité, car on y trouve, vivant dans la tolérance, des chrétiens, des shiites, des yézidis et des juifs. Des synagogues, églises, temples et mosquées sont édifiées côte à côte, ce qui est un exemple unique au Moyen Orient. Les Kurdes prônent la séparation de l’Etat et de la religion.

Mais les Kurdes vivent sous des régimes autoritaires dans les 4 pays et souffrent de l’arabisation, turquification et de la tactique iranienne de confiscation forcée de la terre. De ce fait les Kurdes respectent les droits des minorités et dans les zones d’Irak où ils ont un quasi-état, le Gouvernement Régional du Kurdistan (KRG) protège sa communauté juive, a sauvé de l’Etat Islamique 3000 yézidis encerclés au Mont Singhai. Après la faillite du gouvernement irakien, toutes les minorités ont demandé à faire partie du KRG. Les Kurdes ont abrité 300 000 réfugiés syriens et 2,3 millions de personnes déplacées d’Irak. …des humains qui souffrent de la guerre. Allez donc voir sur ce sujet le comportement des états arabes… Aucun pays du Golfe n’a accepté d’abriter un seul réfugié, pourtant de la même religion. Bien qu’ayant des centaines de milliers de tentes climatisées et vides (édifiées pour le pèlerinage), l’Arabie qui a les villes « saintes » de Médine et de la Mecque, n’a accepté de prendre aucun réfugié. Même situation au Qatar, au Koweit, aux EAU.

Selon « Human Rights Watch », l’Iran a envoyé les réfugiés afghans se battre en Syrie, sous l’égide de sa légion étrangère, les forces al Qods de l’IRGC, les Gardiens de la Révolution iranienne, qui violent les Droits de l’Homme en permanence, menaçant ces réfugiés de repartir en Afghanistan s’ils refusent de se battre…L’Iran jette en prison et exécute de nombreux kurdes jusqu’à ce jour.

La Turquie utilise la crise des réfugiés pour faire chanter l’Europe et recevoir une aide financière (3 milliards $/an) et des avantages politiques, et pour modifier la démographie dans les zones kurdes du sud-est…De même, la Turquie ne donne son aide que si les hommes de la famille réfugiée accepte de se battre avec l’armée turque en Syrie…

 

La répression musulmane contre les Kurdes

Les Kurdes vivent en tribus dans des zones généralement rurales et montagneuses et les femmes ne sont pas toujours libres, elles ont souffert des « crimes d’honneur » et de mariages précoces. Ils se sont éloignés de ces pratiques surtout depuis la résistance contre la répression turque lors des coups militaires des années 80. Le fondateur du PKK, Abdallah Ocalan croit fermement dans la libération des femmes et a écrit un livre sur le sujet, car pour lui la libération d’une société ne commence qu’avec la libération de la femme…. L’égalité des sexes ainsi que les droits des ethnies sont de ce fait une anomalie pour le Moyen Orient musulman. Ceci expliquerait la répression continue de l’Islam contre les Kurdes

En Irak, Saddam Hussein, musulman sunnite, a attaqué les Kurdes, musulmans sunnites comme lui, avec des armes chimiques en 1988. Il a tué 5000 civils et détruit 4000 villages. Entre 1988 et 1991, son régime a assassiné des milliers de Kurdes, action proche d’un génocide. Des dizaines de milliers durent fuir leurs foyers et villages. Selon « Human Rights Watch », « on a donné des incitations financières aux familles arabes pour qu’elles se déplacent au nord et remplacer les populations kurdes ; le gouvernement irakien a investi dans un énorme programme de construction et réhabilitation pour inciter plus de familles arabes à venir et changer la démographie des lieux »

En Syrie et en Turquie les régimes autoritaires ont fait de même. En Syrie, Hafez al Assad a empêché les Kurdes de parler leur langue, fermant les écoles. Il leur a enlevé la nationalité syrienne, tout en signant les traités internationaux sur les Droits de l’Homme, pour l’élimination de toute forme de discrimination raciale, en 1969, re-signés par son fils Bashar en 2003…. La Turquie est en fait en guerre avec les Kurdes et leur nie tout droit attribué à une minorité, pendant longtemps sous prétexte de « laïcité à l’occidentale ». Mais depuis qu’Erdogan cherche à réinstaller la prééminence de l’Islam, l’excuse a changé, les Kurdes sont devenus des « séparatistes » et une menace nationale. La Turquie craint le succès des Kurdes syriens dans leur lutte contre l’Etat Islamique et la déclaration d’un état autonome kurde dans le chaos syrien.. La Turquie craint la contagion d’un tel succès pour sa propre minorité kurde, d’où son intervention militaire en Syrie.

En 1946, avec l’aide de l’Union Soviétique, les Kurdes ont réussi à créer en Iran du nord-ouest une région autonome. Leur lutte pour la reconnaissance d’une identité et des droits politiques s’est poursuivie à l’Est à Rojhalat. Lors du conflit Iran-Irak, les Kurdes ont été utilisés par les 2 puissances comme des pions, pour narguer la partie adverse. Saddam Hussein a poussé les Kurdes iraniens à se révolter et l’Iran a fourni des armes aux kurdes irakiens pour attaquer le régime baathiste. Aujourd’hui les Kurdes iraniens qui revendiquent une quelconque identité sont jetés en prison ou exécutés sur la place publique.

 

Conclusion

La plupart des Kurdes vivant dans un territoire où ils constituent une minorité ne cherchent pas à s’en séparer, mais être à même de vivre dans la paix et la stabilité. C’est l’oppression de ces nations dominantes qui a entraîné la volonté de créer un état kurde.

La création d’un état kurde sera le signe que la nation kurde existe comme entité distincte, possédant une langue, respectant les Droits de l’Homme et ayant une culture ouverte vers le siècle. Profitant de la chute de Saddam Hussein, les Kurdes ont réussi à obtenir une certaine stabilité en Irak, avec un état autonome. Ils ont réussi à éloigner la perspective d’un état islamique grâce à leur pugnacité à Rojava et ils se sont montrés capables de gouverner un état. Ils constituent un modèle à suivre. Mais ils sont entourés d’états totalitaires ou faillis, qui n’ont pas les mêmes valeurs qu’eux. Les Kurdes n’ont pas comme priorité la foi religieuse, mais le respect de la liberté sociale et individuelle, l’identité ethnique et linguistique, la tolérance de l’autre, le respect aussi bien du sunnite que du shiite, l’amitié avec tous les peuples du Moyen Orient, notamment le peuple juif. Un Etat kurde peut contribuer à la stabilité de la région.

 

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