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J'AI FAIT UN REVE

 

Par Sabine Aussenac, Professeur d'allemand en France - 01/02/11

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J'ai fait un rêve :

- D'un Maghreb où s'érigeraient des églises catholiques, des temples luthériens, des synagogues.

- D'un Afghanistan où de jeunes catholiques pourraient préparer un pèlerinage à Lourdes ou à Jérusalem.

- D'un Iran ou d'un Irak où des Loubavitchs pourraient se promener en papillotes.

- D'un Pakistan où seraient organisées les prochaines JMJ.

- D'un Islam sans charria, sans burqa, où mes soeurs musulmanes ne seraient ni lapidées parce qu'elles sourient sans leur voile, ni traitées en pestiférées sociales.

- D'un monde sans Al Qaïda, où les traders salueraient encore les femmes de ménage mexicaines avant de prendre l'ascenseur, où l'on pourrait encore prendre une bouteille d'eau dans un avion. Je mélange tout ? Je mélange tout, sans doute, en ces temps où l'identité nationale a des relents de gruyère et de lingots, en ces jours Zurich vaut bien un appel du Muezzin... Mais quelque part, sans me compromettre ni vouloir risquer une lapidation, je comprends...

 

- Je comprends qu'il convient parfois d'oser le courage, et de cesser les oecuménismes à sens unique...

- Je comprends la "Heidi Touch", la réaction suisse, même si, populiste et rétrograde, elle nous renvoie à nos Croisades et à notre peur du Sarrasin.

 

Car je suis fatiguée. Fatiguée de baisser les yeux quand je marche, légèrement terrorisée, dans un "quartier arabe", oh, pas à Jérusalem, non, juste chez moi, dans ma ville rose. Car j'en ai soupé de manger Hallal à la cantine de mon collège. Car j'en ai assez de croiser des étudiantes en burqa au cours d'arabe jouxtant mon cours d'allemand, dans une université soit disant soumise à la loi sur la laïcité.

Car je suis une fille de Charlemagne et de Roland, de Saint-Louis et du chêne, car je suis La Pucelle et pas Fatima, car mes ancêtres, oui, sont Gaulois, celtes, vikings, mais aussi juifs, espagnols, italiens, portugais, grecs ou maltais. Ma vie n'est certes plus rythmée par l'angélus de l'aube et l'angélus du soir, mais en moi coule le sang des bâtisseurs de cathédrales. Et la colline de Vézelay, oui, m'est plus familière que la Pierre Noire de La Mecque. Alors, quand les petits Suisses disent tout haut ce que plein de monde pense tout bas, et au risque de froisser mes nombreux amis musulmans, mes amis poètes, artistes, enseignants, mon épicier, mes anciens voisins, j'ose l'écrire : restaurons nos églises, admirons nos vitraux, chantons quelques beaux cantiques, expliquons à nos écoliers ce qu'est Noël, au lieu de nous demander s'il est de bon ton de construire une mosquée dans chaque village !

J'aime écouter du Raï, je suis la reine du couscous, je ne vote pas Le Pen. Mais : Le jour où mes amies musulmanes ne seront plus lapidées au moindre pantalon dépassant d'une burqa, le jour où je pourrai bronzer en monokini sur les plages d'Agadir, le jour où une église se construira à Kaboul, alors là oui, j'oserai critiquer cette décision suisse de ne plus construire de minarets.

I HAD A DREAM

 

By Sabine Aussenac. Teacher of German language in France

February 1st - 2011

 

I had a dream:

 - A Maghreb where Catholic churches, Lutherans temples, synagogues would be built- On Afghanistan, where young Catholics could prepare a pilgrimage to Lourdes or Jerusalem.

- On Iran or Iraq where Lubavitchers could walk in their suits

- A Pakistan where the next WYD will be held.

- On Islam without Sharia, without burqa, where my Muslim sisters are neither  stoned because they smile without their veils, or treated as social pestiferous.

- A world without Al Qaeda, where traders would welcome even the Mexican maids before taking the elevator, where we could still take a bottle of water in an airplane. I mix it? I mix everything, without doubt, in these times when national identity has hints of cheese and bullion, in these days Zurich is well worth a call of the muezzin ... But somehow, without wanting to compromise myself or risk being stoned, I understand ...

- I understand it is sometimes daring courage, and cease to ecumenism way ...

- I understand the "Heidi touch", the reaction in Switzerland, although populist and reactionary, it reminds us of our crusades and ourfear of the Saracen.
Because I'm tired.

Tired of looking down when I walk, slightly terrified, in an "Arab neighborhood," oh, not Jerusalem,  just at home, in my town,

Because I have to eat supper in the canteen Hallal of my college.

Because I have enough to come across students in a burqa over my adjoining Arab /German course at a university supposedly subject to the law on secularism.
Because I am a girl from Charlemagne and Roland, St. Louis and the oak because I'm not Fatima and La Pucelle (the Virgin), because my ancestors, so are the Gauls, Celts, Vikings, but also Jewish, Spanish, Italian, Portuguese Greek or Maltese. My life is certainly more marked by the Angelus of dawn and the evening Angelus, but in me flows the blood of the builders of cathedrals. And the hill of Vézelay, yes, I am most familiar than the Black Stone of Mecca. So when the little Swiss say out loud what a lot of people think within, at the risk of offending my many Muslim friends, my fellow poets, artists, teachers, my grocer, my former neighbors, I would write: restore our churches, admire our windows, singing some beautiful songs, tell our kids what Christmas is, instead of asking us if it is fashionable to build a mosque in every village!

I love listening to Rai, I am the queen of the couscous, I do not vote Le Pen.

But: The day when my Muslim friends will not be stoned because of wearing pants than a burqa,

the day when I can sunbathe topless on the beaches of Agadir,

the day that a church be built in Kabul

then, yes, I will dare criticize the Swiss decision to stop the building of minarets.