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Au lieu de se préoccuper de la disparition prochaine de leur identité et de leur civilisation, les Européens ont trouvé une échappatoire grandiose, le réchauffement climatique….

 

L'Europe a Abandonné Israël

 

Par Isi Leibler, journaliste

Paru dans le Jerusalem Post du 10/12/09

Traduit par Albert Soued, www.symbole.chez.com pour www.nuidorient.com

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Quelle ironie, mais sans surprise, d'apprendre qu'aussitôt après l'annonce du gel des implantations par Benyamin Netanyahou, la Suède -- qui préside l'Union Européenne jusqu'à la fin du mois -- a préconisé de contrecarrer les négociations avec les Palestiniens, en faisant des demandes encore plus exigeantes pour Israël. Et ceci m'a rappelé un échange verbal lors du Dialogue Europe-Israël à Jérusalem, sous les auspices de Lord Weidenfeld.

Je me suis opposé à ceux qui conseillaient de rechercher plutôt le soutien des Européens au détriment des Etats-Unis, desquels il fallait semble-t-il se désengager. J'ai répondu que malgré les problèmes de l'Administration Obama, si nous devions dépendre d'une grande puissance et si nous avions besoin d'être soutenu par elle, mieux vaut que cela soit les Etats-Unis, du fait que les Européens avaient montré leur inconséquence comme alliés et leur constante trahison.

En contraste avec le peuple américain qui soutient massivement Israël, les sondages d'opinion réalisés en Europe confirment un consensus prévalent qui perçoit Israël comme un état rebelle, présentant plus de menace à la paix et à stabilité mondiale que l'Iran ou la Corée du Nord. J'ai aussi parlé de l'apaisement des Arabes dû à la lâcheté de l'Europe et de sa volonté de sacrifier Israël sur l'autel de l'opportunisme.

 

Ce point de vue fut mal accueilli par l'assemblée, en grande partie libérale, les participants partageant l'illusion que, si seulement Israël avait de meilleures relations publiques, les traditions éclairées communes que l'Europe prétend partager avec lui  auraient dû permettre de dépasser les clivages.

A mon grand étonnement, un des principaux participants, Dr Mathias Dopfner, le président charismatique du puissant groupe de presse allemand Axel Springer Cy s'est introduit dans la conversation et il a, non seulement approuvé mon point de vue, mais il a démontré avec passion que j'avais sous-estimé la profondeur de l'hostilité irradiée par l'Europe vis-à-vis d'Israël. Son évaluation de la situation donne froid dans le dos et il a mis en garde que même l'Allemagne, aujourd'hui liée à Israël par des liens spéciaux, pourrait prendre ses distances dans l'avenir. Il a mis en garde Israël de ne pas faire confiance à l'Europe.

 

Par la suite, j'ai lu le livre fascinant de Robin Shepherd "Un inadmissible état, le problème de l'Europe avec Israël", une analyse approfondie des relations israélo-européennes, mais sa lecture est douloureuse. Shepherd, un non-juif, était un cadre dirigeant de Chatham House, l'Institut Royal pour les Affaires Internationales, responsable de l'Europe. Il a été remercié sans égards lorsqu'il a écrit un article favorable à Israël dans The Times. Aujourd'hui, il est directeur des Affaires Internationales à la Société Henry Jackson où il publie un blog quotidien traitant de la partialité anglaise, du "deux poids et deus mesures" contre Israël, au Royaume Uni.

La thèse principale est que, en plus des progrès scandaleux d'un nouvel antisémitisme et des conséquences de l'extrémisme islamique, la vraie source du problème se situe dans les "faiseurs d'opinion locaux", fatigués et insatisfaits. De nombreuses élites ont adopté les idéologies de la gauche extrême, y compris le nihilisme, le pacifisme, la culpabilité coloniale, le relativisme moral et une antipathie à l'égard du nationalisme. Cette attitude a eu raison de leur volonté de défendre leurs valeurs et de se battre pour la pérennité de leur civilisation et a abouti à une alliance contre nature entre l'islamisme et la gauche radicale.

Des gens qui ont passé leur vie à faire campagne pour les droits des femmes, des homosexuels et des minorités ethniques et pour le pacifisme, font aujourd'hui cause commune avec les bigots les plus violents de la planète. Cela a encouragé les élites européennes à agir avec l'illusion qu'elles pourraient survivre avec des éléments radicaux de la guerre sainte musulmane, en les amadouant.

Shepherd décrit aussi comment les Juifs de l'immédiate après guerre, qui jouissaient de relations chaleureuses avec la gauche et les libéraux, se sont retrouvés rejetés par ceux-ci. En termes sans nuance, il montre comment ces groupes continuent à s'intéresser aux Juifs victimes de la shoah, en les commémorant abondamment, tout en vilipendant ceux qui étaient restés vivants, surtout parlant de ceux qui sont allés vivre dans leur patrie, en Israël, les traitant – en termes dignes d'Engel – de "peuple réactionnaire".

Shepherd dit qu'il y a quelque chose qui a dérapé dans le langage quotidien, dans le ton comme dans le contenu,  quand on parle en Europe d'Israël et il est difficile d'y voir une différence avec le langage employé par les Arabes et le monde musulman.

Les désignations les plus viles telles que "merdeux", "nazi", "apartheid" et criminel de guerre" sont entrés dans le "chat" quotidien des ces groupes d'"élite". Il conclut que le conflit Israélo-Palestinien est en effet la preuve par 9 que l'Europe s'est inclinée dans sa lutte de survie face à l'Islam radical. Le programme anti-israélien de l'Europe est une tare dans son intégrité…Il y aurait des centaines de raisons pour lesquelles l'Europe aurait dû avoir une attitude plus équilibrée vis-à-vis d'Israël, ne serait-ce le respect de soi et la volonté de survie.

Ce livre bien documenté et superbement bien écrit est sans doute la meilleure étude analytique publiée à ce jour sur les partis pris obsessionnels et violents de l'Europe contre Israël. Il devrait être lu aussi bien par les érudits que par l'homme de la rue, surtout ceux qui s'intéressent aux affaires du Moyen Orient.

 

Un autre livre récent le complète, c'est "Réflexions sur une révolution en Europe, l'Islam et l'Occident" de Christopher Caldwell, journaliste considéré du Financial Times. Il parle de l'immigration incontrôlée qui a eu des résultats catastrophiques non prévus. Il attire l'attention sur l'échec total du "multiculturalisme", avec une 2ème génération d'immigrants musulmans moins intégrés que leurs parents, et la 3ème génération encore moins. Les projections démographiques sont très sombres, les indigènes en Europe n'ont pas assez d'enfants pour conserver simplement le niveau de la population et les grandes familles d'immigrants comblent largement cette lacune. Si on ne renverse pas le courant, dans un ½ siècle, l'Islam sera la religion dominante des jeunes dans de nombreux pays d'Europe. Un mélange de complaisance et de refus de voir la réalité, combiné à un fort relativisme moral a incité les gouvernements Européens à ne pas réagir, alors que les agents de l'Islam radical ont investi de nombreuses communautés. Ils sont en train de remplacer la civilisation de l'Occident et de transformer l'Europe.

 

Caldwell insiste sur le fait que comme culture d'un adversaire déterminé, l'Islam a le potentiel pour conquérir l'Europe. A moins que les gouvernements et les peuples n'aient le courage d'exiger de ces immigrés d'accepter les règles laïques de leur nouvelle patrie, la tolérance et la justice de la culture occidentale.

Dans cette ambiance, on pourrait penser que les Européens concentrent leurs énergies à préparer des stratégies pour sauver leur héritage et leur mode de vie, au lieu de perdre leur temps à apaiser partout les groupes musulmans extrémistes qui sapent à sa base la civilisation judéo-chrétienne.

Si enfin ils prennent conscience de la disparition en cours de leur identité et s'emploient à la préserver, il est fort probable que le terrible penchant européen de vouloir "démoniser" et "délégitimer" Israël pourrait être dirigé vers des œuvres plus constructives.

 

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