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La Guerre Israël-Hamas a fracturé l’Europe

 

By Yves Mamou

13 avril 25

 

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L’immigration musulmane pèse sur la diplomatie des États européens

L’Union Européenne a rarement été aussi désunie. Un an et demi après l’attaque lancée par le Hamas contre l’État d’Israël, la cacophonie demeure. Non seulement les différents pays de l’Union ont été incapables d’élaborer un message commun, mais les fractures internes à chaque pays n’ont jamais été aussi apparentes.

L’attitude des gouvernements européens concernant les manifestations anti-israéliennes et les ventes d’armes à Israël sont deux vecteurs utiles pour cerner le malaise.

 

Manifestations « antisionistes »

En Europe comme aux États Unis, les universités et grandes écoles sont devenues des lieux d’adoration de la « victime palestinienne ». A Paris, Londres ou Berlin… les mêmes manifestations hostiles à Israël ont encombré les rues. L’attitude des différents gouvernements face à une bruyante alliance de la gauche et des populations musulmanes installées en Europe, s’est avérée contrastée.

 

Allemagne

En raison de son passé nazi, l’Allemagne affiche un soutien diplomatique sans faille à Israël. Dès le début du conflit à Gaza, fin 2023, le gouvernement allemand a interdit aux manifestants propalestiniens d’utiliser les slogans « From the river to the sea ». Et l’utilisation des formules de soutien direct au Hamas – considéré comme une organisation terroriste en Allemagne – ont été pénalisées. En octobre 2023, la police avait ouvert près de 3 200 dossiers liés à ces manifestations.

Début avril 2024, la philosophie juive Nancy Fraser a perdu sa chaire de professeur invité à l’Université de Cologne pour avoir dénoncé les « crimes de guerre israéliens ». La même semaine, la police a violemment dispersé le Congrès international sur la Palestine qui devait se tenir à Berlin, et a interdit aux intervenants extérieurs d’entrer dans le pays ou de s’exprimer via Zoom. Plusieurs militants propalestiniens – dont certains étaient juifs- ont été arrêtés pour antisémitisme.

En avril 2025, quatre résidents étrangers (connus sous le nom de « Berlin Four« ) ont été invités à quitter le pays d’eux-mêmes sous peine d’expulsion.

 

France

Dès octobre 2023, le gouvernement français a donné ordre aux préfectures d’interdire les manifestations propalestiniennes parce qu’elles étaient susceptibles de « troubler l’ordre public ». Les slogans « From the river to the sea » ont été dénoncés comme antisémites. Toutefois, les manifestants qui bravaient l’interdiction de manifester et ceux qui hurlaient « from the river to the sea » n’ont pas subi de répression particulière.

 

Espagne

Le gouvernement de coalition dirigé par le socialiste Pedro Sanchez a autorisé d’importantes manifestations hostiles à Israël dans les principales villes espagnoles (Madrid, Barcelone, Valence, Séville). Il a lui-même, manifesté son hostilité à la riposte militaire israélienne à Gaza.

 

Italie

Le gouvernement de Giorgia Meloni s’est aligné sur la position américaine concernant le droit d’Israël à se défendre et a cessé de financer l’UNWRA pour le soutien que cette institution de l’ONU a apporté au Hamas à Gaza. Mais en Italie aussi, d’importantes manifestations propalestiniennes ont eu lieu à Rome, Milan, Naples, Turin. Les accords de coopération scientifique avec Israël ont été dénoncés par l’extrême gauche comme pouvant être utilisés à des fins militaires. Par ailleurs, le festival de San Remo a été marqué par une polémique entre le rappeur Ghali et l’ambassadeur israélien en Italie. Ces pressions internes n’ont pas affaibli les bonnes relations diplomatiques entre l’Italie et l’État hébreu, mais l’Italie s’est sentie obligée de développer une action humanitaire visible à Gaza.

 

Le Royaume-Uni

Depuis octobre 2023, Londres a accueilli 15 grandes manifestations nationales propalestiniennes, certaines rassemblant plus de 100 000 personnes. L’une d’elles a même atteint 800 000 participants, un record historique pour ce type de protestation au Royaume-Uni. « Par son endurance et son ampleur, la mobilisation des Britanniques pour les Palestiniens est unique en Europe » écrit Le Monde.

En janvier et février 2025, des manifestations réunissant jusqu’à 175 000 personnes ont eu lieu pour dénoncer tantôt les bombardements à Gaza, tantôt les expulsions de Gazaouis hors de Gaza.

 

• La Hongrie et la République tchèque se sont alignés fortement sur les positions israéliennes

• L’Irlande et la Belgique ont affiché des positions propalestiniennes

 

Ventes d’armes

Comme les manifestations anti-israéliennes, les ventes d’armes à Israël sont un bon indicateur des relations d’amitié entre les pays.

– L’Allemagne est un fournisseur d’armes important de l’État d’Israël. Bien que Berlin ait catégoriquement nié avoir changé de politique, les chiffres montrent un net ralentissement des exportations militaires. De 326,5 millions d’euros en 2023, le montant des armes exportées vers Israël a chuté à 14,5 millions d’euros entre janvier et août 2024. Les Allemands auraient également fait promettre par écrit au gouvernement israélien qu’il n’utiliserait pas les armes allemandes pour commettre un « génocide ». Un camouflet auquel Israël s’est plié.

— En France, Emmanuel Macron est passé d’une attitude ouvertement favorable à Israël (en octobre 2023, il prônait une coalition internationale contre le Hamas), à une attitude progressivement hostile. A la veille de la commémoration du 7 octobre, le président français a demandé que l’on « cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ». Les données du SIPRI, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, montrent que la France n’a pas exporté d’armes vers Israël depuis 1998. Sauf deux fusils d’assaut en 2022, si l’on en croit France Info. En 2025, le président français a estimé que le mois de juin serait propice à la « reconnaissance d’un État palestinien ». Une idée à laquelle le gouvernement israélien est farouchement opposé.

– L’Espagne ne vend pas d’armes à Israël, mais en mai 2024, Madrid a refusé que des navires transportant des armes vers Israël accostent en Espagne.

– L’Italie est le troisième fournisseur étranger d’armes à Israël (120 millions d’euros de composants électroniques et systèmes optiques en 2022) après les États-Unis et l’Allemagne. Cédant aux pressions de la rue, Rome a assuré au lendemain du pogrom du 7 octobre qu’elle cesserait de fournir des armes à Israël. Toutefois, les commandes déjà approuvées ont été honorées. L’Italie en raison de son passé fasciste a été un soutien historique d’Israël. Va-t-elle le demeurer ?

– Belgique. La région francophone de Wallonie déclare avoir suspendu les licences d’exportation de munitions depuis le début de la guerre. La ministre belge du Développement, Caroline Gennez, a également appelé à un embargo sur les armes à destination d’Israël à l’échelle de l’UE.

– Depuis 2008, le Royaume-Uni a approuvé des licences d’exportation d’armes vers Israël d’une valeur totale de 669 millions d’euros (740 millions de dollars). Entre octobre 2023 et mai 2024, le gouvernement a délivré plus de 100 nouvelles licences d’exportation d’armes vers Israël. Le montant de ces exportations n’a pas été révélé. En septembre 2024, le Premier ministre travailliste Keir Starmer s’est retrouvé dans une position difficile : d’une part, il ne souhaitait pas voir resurgir les accusations d’antisémitisme lancées contre son prédécesseur à la tête du Labour, Jeremy Corby, mais il ne pouvait pas ignorer la puissance des manifestations anti-israéliennes qui avaient lieu sous ses fenêtres. Keir Starmer a fini par annoncer qu’il suspendait 30 des 350 licences d’exportation d’armes vers Israël après avoir constaté un « risque clair que certaines exportations militaires vers Israël soient utilisées dans des violations du droit humanitaire international ».

Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, le Royaume-Uni fournit toujours à Israël des composants utilisés dans les avions de combat F-35 utilisés pour cibler la bande de Gaza.

 

c’est l’immigration, stupid !