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L’Iran Prend ses Quartiers dans les Territoires Palestiniens

Par Khaled Abou Toameh

8 février 2016

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Enhardi par son accord nucléaire avec les puissances mondiales, l’Iran cherche déjà à étendre sa présence dans la région arabe et islamique.

La capacité de l’Iran pour étendre son influence a été freinée par des années de sanctions. Maintenant, avec la levée des sanctions, l’appétit de Téhéran pour s’implanter dans la région s’est aiguisé et vise tout particulièrement la Cisjordanie.

L’Iran en fait, s’ingère depuis de nombreuses années dans les affaires intérieures des pays de la région. Téhéran prend part à la guerre civile au Yémen et en Syrie, et, par les musulmans chiites qui y vivent, continue activement à saper la stabilité de nombreux pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite et le Bahreïn.

La vie à la fois des Libanais et des Palestiniens est également soumise aux ambitions de l’Iran, qui remplit les coffres des groupes tels que le Hezbollah et le Jihad islamique.

Jusqu’à récemment, l’Iran a tenu une place de choix en tant que mécène principal du Hamas dans la bande de Gaza. Ce fut grâce à l’appui de l’Iran que le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, a détenus en otage près de deux millions de Palestiniens vivant dans la bande. En outre, ce soutien a permis au Hamas de faire de la contrebande de toutes sortes d’armes dans la bande de Gaza, y compris des roquettes et des missiles pour être tirés sur Israël.

Mais la lune de miel entre l’Iran et le Hamas a pris fin il y a quelques années, lorsque le Hamas a refusé de soutenir le régime du président syrien Bachar al-Assad – principal allié de Téhéran au Moyen-Orient – contre l’opposition syrienne. Depuis lors, les Iraniens, qui ont perdu confiance en leurs alliés du Hamas  ont recherché parmi les Palestiniens des amis plus fidèles. Et ils semblent les avoir trouvé avec le groupe terroriste : Al-Sabireen (les Endurants, les Patients).

Al-Sabireen, nouvel allié de l’Iran, a d’abord émergé dans la bande de Gaza, où ils ont recruté des centaines de Palestiniens, dont de nombreux anciens membres du Hamas et du Jihad islamique.

Des sources palestiniennes rapportent qu’Al-Sabireen a également réussi à enrôler de nombreux militants du Fatah mécontents qui se sentent trahis par l’Autorité palestinienne (AP) et son président, Mahmoud Abbas. Ce sentiment de trahison est le fruit de l’échec de l’Autorité palestinienne à payer les salaires de ses anciens loyalistes.

En outre, la propagande anti-israélienne et l’endoctrinement dans les mosquées, les médias sociaux et la rhétorique publique, ont radicalisé les membres du Fatah et les ont précipités dans les bras de groupes islamistes.

Al-Sabireen soutenu par l’Iran est déjà un casse-tête pour le Hamas. Les deux groupes terroristes partagent une idéologie radicale et les deux cherchent à détruire Israël. Néanmoins, Al-Sabireen considère le Hamas trop « soft » concernant Israël, car ils ne sont pas présents dans les attaques terroristes quotidiennes contre ses citoyens. Les « Endurants » cherchent des Palestiniens pour devenir le groupe supplétif de l’Iran dans la région.

Encouragés par l’accord sur le nucléaire et la levée des sanctions contre Téhéran, les membres de Al-Sabireen sont optimistes. Le groupe a récemment décrit cette évolution comme une «victoire» pour tous les musulmans et la preuve de leur «fierté et de leur force. » Les musulmans doivent maintenant s’unir,  ont-ils, dans le but de résister à «l’arrogance du monde et pour supprimer l’entité sioniste de la terre de Palestine. »

En effet, Al-Sabireen semble redoubler d’efforts pour éliminer « l’entité sioniste » et la remplacer par un empire islamiste. Pour atteindre cet objectif, le groupe cherche maintenant à étendre son contrôle au-delà de la bande de Gaza. La levée des sanctions contre l’Iran a coïncidé avec les informations selon lesquelles Al-Sabireen a infiltré la Cisjordanie, où le groupe travaille à installer des cellules terroristes pour lancer des attaques contre Israël.

Selon des sources de sécurité de l’Autorité palestinienne, Al-Sabireen a déjà recruté quelques Palestiniens de Cisjordanie qui étaient plus qu’heureux de rejoindre leur djihad contre les Juifs et Israël.

Les forces de sécurité de l’AP ont récemment découvert une cellule terroriste appartenant à Al-Sabireen à Bethléem et arrêté ses cinq membres. Les suspects avaient reçu de l’argent des membres du groupe dans la bande de Gaza afin d’acheter des armes pour attaquer les soldats et les résidents israéliens implantés en Judée-Samarie/Cisjordanie.

Al-Sabireen n’est pas le seul supplétif iranien qui convoite d’étendre son hégémonie sur la Cisjordanie. Le mois dernier, dans la ville de Tulkarem en Cisjordanie, les forces de sécurité israéliennes ont découvert et démantelé une cellule terroriste commanditée par le Hezbollah, qui planifiait des attentats suicides et des attaques à main  armée. Les membres palestiniens de la cellule terroriste avaient été formés par Jawed Nasrallah, le fils du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à mener des attentats-suicides, assembler des gilets d’explosifs, recueillir des renseignements, et mettre en place des camps d’entraînement.

L’Iran se déploie avec Al-Sabireen et le Hezbollah, de même qu’avec ses autres mandataires tels que les Houthis au Yémen et les membres des communautés chiites en Arabie saoudite et au Bahreïn, en sapant  la stabilité des pouvoir locaux.

Libéré des sanctions, l’Iran est maintenant libre de soutenir la terreur dans la région. Ceci est précisément ce qui se passe au Liban, en Syrie, au Yémen, en Irak en Cisjordanie et la bande de Gaza.

L’infiltration de l’Iran en Cisjordanie devrait servir de signal d’alarme non seulement pour Israël, mais aussi pour le États-Unis et d’autres puissances occidentales. À l’heure actuelle, il y a peu à faire pour lutter contre la présence de l’Iran dans la bande de Gaza. Mais l’Iran aux portes d’Israël en Cisjordanie est une menace différente.

Un retrait israélien, conduirait à une prise de contrôle du Hamas en Cisjordanie, ce qui est un sujet de préoccupation. Maintenant, un nombre croissant d’Israéliens et de Palestiniens se demandent si un tel vide du pouvoir serait aussi une ouverture pour l’Iran.

L’avenir du Moyen-Orient et de l’Europe serait dangereusement différent si un potentiel Etat palestinien venait à tomber entre les mains des extrémistes islamiques iraniens et leurs alliés.

Les Palestiniens et toutes les parties intéressées feraient bien de se rappeler qu’Al-Sabireen attend patiemment son heure.