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COURIR APRES DES CHIMERES

 

Par Evelyn Gordon, journaliste et chroniqueur dans le Jerusalem Post

Paru au Jerusalem Post le 17 janvier 2007

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm pour www.nuitdorient.com

 

Tous les dirigeants du monde sont en train de se démener pour raviver les négociations Israélo-Palestiniennes. La Chancelière allemande Angela Merkel qui assume la présidence de l'Union Européenne (EU) et du G8 s'emploie à en faire une priorité et elle a persuadé le Président G Bush de ressusciter le Quartet comme premier pas. La secrétaire d'Etat Condoleeza Rice qui vient de terminer une tournée au Moyen Orient a promis de consacrer la majeure partie du temps qui lui reste, soit deux ans, à cette cause. Le président Français J Chirac pousse vers une conférence internationale. Et j'en passe….

Cependant, ce qui reste obscur c'est ce que ces dirigeants espèrent obtenir, étant donné la réalité peu encourageante du terrain du côté Palestinien.

- L'Autorité Palestinienne (AP) est contrôlée par le Hamas qui ne rate pas une occasion publique pour demander l'éradication d'Israël. Les dirigeants occidentaux pensent contourner ce problème en s'adressant au président de l'AP, Mahmoud Abbas, dont la faction, le Fatah, a perdu les élections l'an dernier. C'est comme si en Israël, on s'adressait à l'opposant Yossi Beilin pour négocier au nom d'Israël, ou si en Grande Bretagne, on demandait à David Cameron, chef de l'opposition conservatrice de signer un traité. On peut parvenir à un accord (ou non), il serait sans aucune valeur, car inapplicable.

- même les exigences minimales du Fatah dit "modéré" sont inacceptables pour tout gouvernement israélien. Ainsi par exemple, la semaine dernière, dans un discours important commémorant la fondation du Fatah, Abbas a déclaré que le "droit du retour" des réfugiés palestiniens en Israël était un droit non négociable. Il a rejeté toute tentative de les installer dans d'autres pays. Un politicien important du Fatah, Marwan Barghouti, l'a confirmé aussitôt (NdT de sa geôle israélienne) disant que le minimum que les Palestiniens peuvent accepter est un Etat

dans les frontières d'avant 1967, avec comme capitale Jérusalem, la libération de tous les prisonniers et le retour des réfugiés en Israël.

"Le droit de retour" est un  euphémisme pour dire que l'état juif sera éliminé sur le plan démographique, ce que rejette l'Israélien le plus "colombe". Comme tous les dirigeants Palestiniens annoncent à leur public depuis 13 ans que tout accord final inclurait cette clause, aucun d'eux ne peut signer un accord sans cette clause, à moins d'accepter d'être crucifié.

- les luttes intestines violentes entre le Hamas au pouvoir et le Fatah, représenté par le président Abbas, ont miné toute leur crédibilité auprès du peuple. Cette crédibilité était déjà branlante, chaque faction au pouvoir préférant accaparer les "restes" plutôt que de s'occuper du bien être général. Ainsi sous les 2 régimes le système de santé a reçu seulement 7% du budget de l'AP, alors que les services de sécurité abondamment fournis de loyalistes de chaque faction accapparait près du quart du budget.

De même, alors que le premier ministre israélien Ehoud Olmert acceptait de débloquer 100 millions $ à Abbas pour soulager lé détresse du peuple, les assistants d'Abbas déclarait au New York Times que l'argent serait surtout utilisé "pour renforcer le mouvement Fatah et payer les milices loyales". Ce type de comportement a amené les Palestiniens l'an dernier à chasser le Fatah et il est en train d'entamer la popularité du Hamas.

De toute manière ce manque de crédibilité fait que tout traité acceptable par Israël, signé par un dirigeant palestinien, serait refusé par sa population.

- tout accord final est supposé apporter à Israël un seul bénéfice, la paix. Or depuis que le "processus de paix" a commencé, la terreur s'est amplifiée. Dans les 2,5 ans qui ont suivi les accords d'Oslo de 1993, les terroristes Palestiniens ont tué plus d'Israéliens que lors de la décennie qui a précédé. Lors des 6 dernières années, ils ont tué plus d'Israéliens que pendant le demi-siècle qui a précédé…!

De même, l'évacuation de Gaza en août 2005 a entrainé le lancement de 1200 roquettes sur le territoire méridional d'Israël, à partir de la zone évacuée; ce nombre est à comparer aux 300 roquettes lancées en 2004. Tout cela en dépit d'accords signés dans lesquels les Palestiniens s'engageaient à arrêter la terreur, suivis de nombreux autres accords verbaux de cessez-le-feu. Au cours du dernier cessez-le-feu par exemple, le sud d'Israël a subi des douzaines de missiles.

De plus, même les dirigeants dits "modérés" n'hésitent plus à encourager ces tirs. Lors d'un discours la semaine dernière, Abbas dit aux Palestiniens que "leurs fusils devraient être dirigés contre l'occupation israélienne", (NdT plutôt que contre leurs frères). Il a appuyé également le "document des prisonniers" qui appelle explicitement la poursuite de la terreur contre Israël et il a toujours précisé qu'il n'userait pas de la force pour arrêter le terrorisme contre Israël.

 

Etant donné la fréquence record de promesses non tenues, l'énorme contrebande d'armes par le Hamas tout autant que le Fatah, l'appel à l'utilisation de ces armes contre Israël par les dirigeants des 2 factions, tout accord à venir entrainerait la même violence et la même terreur. Comme on ne voit aucun indice prouvant le contraire, tout Israélien serait réticent à accepter des concessions territoriales qui mettraient les villes israéliennes sous la menace des missiles et même des tirs de fusils de l'AP. En échange de quoi? De vagues promesses qu'on ne peut contrôler.

Alors raviver des négociations, pour quoi faire? Il n'y a personne à qui parler et rien de quoi parler.

 

En contraste, un éditorial récent du Jerusalem Post a montré qu'Israël était prêt à signer un traité de paix, malgré les promesses non tenues. A l'opposé des instances palestiniennes qui n'ont jamais préparé leur population à renoncer au "droit au retour", les chefs de tous les partis israéliens pendant les 13 années écoulées ont toujours parlé de "concessions territoriales douloureuses mais nécessaires", même à Jérusalem. Aujourd'hui la majorité des israéliens sont d'accord, alors qu'il y a treize on ne trouvait pas de majorité dans ce sens. De même, alors que les Palestiniens n'ont jamais voulu stopper le terrorisme, Israël a montré sa bonne volonté en évacuant des implantations.

Dans ces conditions raviver des négociations ce n'est pas seulement illusoire mais aussi nuisible, car, en créant l'illusion d'un momentum, la communauté internationale va générer des espoirs et des désillusions, tout en négligeant d'autres voies, plus lentes mais plus adaptées dont l'auteur vous parlera lors d'un prochain article. Il n'y a pas de miracle, que seul un messie peut réaliser.

Il y a des préalables à réaliser plus sérieux que des bavardages sans issue.

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