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DE L'OPTIMISME, BON SANG!

 

Par Albert Soued, www.chez.com/soued -  09/01/2006 – pour www.nuitdorient.com

 

Si Sharon a quitté le Likoud, c'est que certains dans ce parti l'empêchaient d'agir, par ambition personnelle ou par dogmatisme étroit. S'il a créé le nouveau parti Kadima, "en avant!", c'est qu'il voulait aller de l'avant et tracer lui-même les frontières de l'état d'Israël. C'était son dernier vœu politique, sans qu'on en sache avec précision le contenu.

Et ce nouveau parti Kadima risque de devenir rapidement orphelin, à moins qu'un nouveau chef, même de modeste envergure, ne fasse ses preuves dans les prochains mois. En effet, il est rare qu'un parti du centre puisse gouverner longtemps, s'il n'est pas concrétisé par une adhésion populaire effective et une représentation démocratique. N'oublions pas que Kadima était le résultat d'une tactique de remplacement d'un gouvernement d'union nationale qui partait en lambeaux. Si un nouveau rassembleur parvient à refaire l'union sacrée de partis de droite et de gauche, Kadima n'a plus de raison d'exister.

C'est que Sharon est un grand tacticien du mouvement et un rassembleur. Malgré qu'il ait déçu nombre de ses anciens amis, il s'est révélé comme un chef d'état capable d'imagination et de mouvement. Ses ennemis le craignent et d'une certaine manière le respectent. Au point qu'au niveau international, certains protagonistes paraissent désemparés et retiennent leur souffle, de crainte que sa disparition politique ne soit le prélude à un désordre généralisé au Moyen Orient.

Sharon a réussi à vaincre l'"intifada", ou du moins à limiter les dégâts, grâce à la barrière de sécurité et surtout aux éliminations ciblées des commanditaires des attentats-suicide. Exemplaire dans son exécution, le désengagement de Gaza n'a pas soulagé pour autant Tsahal. Mais il a certainement amélioré l'impact international d'Israël. Pourtant les tirs de roquettes et de missiles s'intensifient et leur portée augmente, traumatisant de nombreux Israéliens vivant à proximité de la bande de Gaza ou de la frontière libanaise.

 

Les nuages sont là en effet, et nombreux. Ils s'appellent Hamas, Brigades al Aqsa, Jihad islamique, Hizbollah, al Qaeda, Ahmedinejad, tous mus par une idéologie fanatique, l'installation d'un pouvoir islamique au Moyen Orient, selon la shariah des pères fondateurs. Pour eux un nationalisme et un état juif sont impensables et doivent être éliminés. Ils ont le vent en poupe grâce à la prise de conscience générale de nombreux musulmans de leur perte d'identité islamique, face à la modernité. Des attentats spectaculaires nourrissent l'espoir d'autres attentats, du fait de la large couverture médiatique qui leur est faite. Partout dans le monde, les musulmans frustrés ou en détresse trouvent un espoir ou prennent leur revanche dans l'idéologie haineuse de la nation-mère islamique qui doit dominer le monde.

Mais l'Islam modéré commence aussi à prendre conscience qu'il risque lui aussi d'être emporté par cette vague irrationnelle et apocalyptique (voir www.nuitdorient.com/n2322.htm ).

 

L'action de Sharon s'est inscrite dans un mouvement plus vaste mené par les Etats-Unis après le 11/9/01. Au delà de la polémique autour de l'opportunité de l'invasion de l'Irak, et des erreurs faites lors de la gestion de l'après-guerre par les Américains, la réalité du terrain est qu'il ne peut y avoir de marche arrière, quel que soit le gouvernement au pouvoir aux Etats-Unis. Il y a un double mouvement politique au Moyen Orient dans lequel s'inscrira tout nouveau gouvernement, qu'il soit israélien ou américain.

À court terme, il s'agit de combattre la terreur et d'isoler les terroristes et leurs pourvoyeurs de fonds, d'encourager et d'aider tout Etat ou organisation arabe ou islamique porté vers la modération et la négociation. Ceci ne semble pas évident pour beaucoup, mais il n'y a pas d'autre voie, sauf des guerres sanglantes. Toutes les énergies ne doivent pas être orientées uniquement vers la lutte contre la terreur islamique, elles doivent être aussi et en priorité focalisées vers des actions favorisant l'installation de partenaires modérés au Moyen Orient. C'est ce que fait Sharon en se désengageant des Palestiniens. Il apporte de l'eau au moulin des modérés, tout en se protégeant de leurs extrémistes.

C'est ce qu'essaye de faire l'administration Bush au Moyen Orient avec plus ou moins de succès, en Irak et en Afghanistan, et avec beaucoup de difficultés en Arabie ou en Egypte, en favorisant l'émergence d'une classe politique modérée et à long terme démocratique.

Le succès des élections en Irak, en Afghanistan, au Liban, et, dans une faible mesure en Egypte et en Arabie est le prélude à l'installation graduelle de l'esprit démocratique dans tout ce Moyen Orient, encore en grande partie totalitaire. Les enjeux sont immenses et les nombreux intellectuels occidentaux soixante-huitards ou "attardés" seraient mieux inspirés d'aider dans cette voie, au lieu de la dénigrer en permanence, à la grande joie des fascistes islamiques.

 

Israël est bien placé pour aider les Arabes et les Musulmans modérés, sincèrement prêts à accepter son existence sur l'échiquier du Moyen Orient. Le mouvement créé par la politique de Sharon et le rassemblement obtenu dans la société israélienne autour de lui sont des encouragements pour des décisions de modération et de paix en Palestine et ailleurs. Tout nouveau gouvernement Israélien sera amené à suivre cette voie tracée.

 

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