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Le Destin de la Jordanie Face aux Enjeux en Egypte et en Syrie

 

Par Dore Gold

Adaptation CSL-Europe-Israël.org 17/08/12

Source : Le Cape, par Dore Gold

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Ces dernières semaines l’opinion internationale et les chancelleries ont braqué les projecteurs sur les conséquences de la victoire de Morsi en Egypte et sur la crise syrienne. En ce qui nous concerne, c’est bien la stabilité interne de la Jordanie qui affectera plus directement Israël, car nous partageons avec ce pays voisin la plus longue ligne de frontière.


En dépit de la vague des manifestations du printemps 2011, le roi Abdallah a réussi à assurer la stabilité de son royaume et a ainsi évité des soulèvements qui ont fortement frappé une grande partie des pays voisins. Selon une analyse réalisée par l’International Crisis Group, il s’avère qu’en plus des Jordaniens d’origine palestinienne, des tribus jordaniennes, qui traditionnellement soutiennent le Royaume hachémite, ont également participé aux manifestations.

Au cours de ces dernières décennies, un processus graduel d’aliénation se déroule au sein de certaines couches de la population. Durant le règne du roi Hussein nombreux furent les citoyens jordaniens employés dans le service public ou sécuritaire,  "récompensés" pour leur loyauté et fidélité, tandis que les Palestiniens étaient exclus. De ce fait, ceux-ci se sont plutôt dirigés vers le secteur privé.

Cependant, suite aux réductions des dépenses publiques et à la privatisation de nombreuses entreprises publiques, les fonctionnaires venant des tribus ont souffert et se sont plaints de la détérioration sociale et de la pauvreté.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir au sein des tribus jordaniennes un rapprochement de la doctrine islamiste jihadiste. Certains sont même allés combattre en Afghanistan. Rappelons Abou Moussawi al Zarkaoui, originaire de la tribu Hassan, connu pour sa loyauté envers les hachémites et devenu commandant d’al Qaeda en Irak. Récemment, des réseaux islamistes et des cellules jihadistes ont été fondées à Irbid, près de la frontière syrienne.

Déjà dès février 2011, les chefs de 36 tribus bédouines avaient mis en garde le roi Abdallah. Ils avaient affirmé que si la Jordanie n’effectuait pas des réformes globales, une révolte populaire risquait d’éclater. De ce fait, le roi Abdallah devait jongler entre les deux parties de la population jordanienne, d’une part, les bédouins se sentant victimes d’une certaine discrimination et voulant appliquer une réforme pour accroître leurs revenus et d’autre part, les Palestiniens qui aspirent à renforcer leur pouvoir politique et à exister.

Ces derniers mois, le roi de Jordanie a dû faire face à 2 autres grands défis.

- Comment réagir aux attentats répétés d’al Qaeda contre le gazoduc égyptien dans le nord du Sinaï, fournissant de l’énergie à la Jordanie et aussi à Israël.

- Comment installer et gérer les dizaines de milliers de réfugiés fuyant les combats en Syrie et constituant ainsi un fardeau supplémentaire à l’économie jordanienne, maigre en ressources. Au cours de ces dernières décennies, la Jordanie avait déjà absorbé plusieurs vagues de réfugiés palestiniens et environ un million de réfugiés en provenance d’Irak. Le gouvernement jordanien estime qu’actuellement plus de 150 000 réfugiés syriens sont à gérer.

 

Au début du mois, le FMI a approuvé un prêt de 2,06 milliards $ à la Jordanie. Cette décision était impérative et nécessaire pour aider ce pays dans les tâches auxquelles il est confronté.

A long terme, la Jordanie devrait aussi restaurer ses relations avec l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Les Saoudiens ont déjà financé Amman pour un montant de 1,4 milliard $, invitant la Jordanie à rejoindre le Conseil de Coopération des Etats du Golfe. Mais depuis l’année dernière, les relations entre les deux pays se sont détériorées et l’aide financière saoudienne a cessé.

 

Il est important de préciser ici que la Jordanie devrait remplir un rôle essentiel pour barrer la route à l’expansion iranienne. Ce pays a une longue frontière commune avec l’Irak et on sait que le 1er ministre Nourri el Maliki sert les intérêts hégémoniques de Téhéran.

La Jordanie a déjà expédié des forces au Bahreïn qui ont combattu contre le soulèvement pro-iranien. Elle a proposé aussi de former l’armée yéménite qui combat contre les milices chiites pro iraniennes et les insurgés Houthi. Les Etats Unis et leurs alliés ont grand intérêt à garantir la stabilité économique de la Jordanie. Cette approche, bénéficiera du soutien des Etats du Golfe, également confrontés à la même menace venant de l’Est.