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Les Crimes de Guerre Arabo-Musulmans en Europe

pendant la Seconde Guerre Mondiale

 

Par Frédéric Sroussi

Pour Rebelles.info le 27 septembre 2010

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La télévision publique française vient encore de diffuser le film "Indigènes". Ce long-métrage de 2006 relate l'histoire de quatre soldats nord-africains qui se battent sous le drapeau français pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces derniers, accompagnés de leur frères d'armes vont – je cite le texte de la bande-annonce du film -- libérer l'Italie, la Provence, les Vosges. Evidemment, le but de cette oeuvre cinématographique est politique et vise à promouvoir l'idée que les Arabes combattirent le nazisme et luttèrent pour la France.

Oui, en effet des troupes coloniales, parmi elles des goumiers marocains ou des spahis algériens par exemple, firent la guerre sous les couleurs du Corps Expéditionnaire Français, pendant le Second Conflit Mondial, mais ce que le film ne dit pas en revanche c'est que les nazis, de leur côté, avaient aussi leur troupes musulmanes - arabes ou non arabes– qui pouvaient former des divisions entières (1).

 

En février 1943 Hitler signa un ordre pour la création de la première formation de Waffen-SS musulmans en Yougoslavie. Ce sera la 13ème Waffen-Gerbirsdivision der SS, ou division Handschar, formée de musulmans bosniaques.

Il faut savoir que la Wehrmacht possédait des aumôniers catholiques et protestants mais aucun aumônier ne fut présent dans la Waffen-SS, par contre il y eut des ... imams et ils servirent dans la division SS Handschar -- l'un des instructeurs de cette division fut un certain Ernst Wilhelm Springer qui des années plus tard se mit au service du FLN algérien.... (2). Furent aussi créées dans les Balkans la 21ème division de SS musulmans «Skanderbeg» et la 23ème division de SS musulmans «Kama».

Il y eut aussi – par exemple – une unité de volontaires arabes de l'armée allemande qui s'appelait la Deutsch-Arabishe Lehr Abteilung, etc... En France plus spécialement, des Arabes furent membres de la Phalange Africaine, unité créée par des ultras de la collaboration, tels Georges Guilbaud qui fut membre du Parti Populaire Français de l'ex-communiste Jacques Doriot. Il y eut aussi la Brigade Nord-Africaine -- sur laquelle nous reviendrons plus en détail tout à l'heure. Cette dernière, composée uniquement de Musulmans habitant en France, fut commandée par l'algérien Mohamed El-Maadi qui fut un membre de l'extrême droite antisémite française dans les années 30 et un ancien cagoulard. Il devint proche, pour un temps, de l'autre grand parti collaborationniste français, le Rassemblement National Populaire de l'ex-socialiste Marcel Déat.

 

Pour en revenir au film, tout d'abord nous regrettons que le réalisateur Rashid Bouchareb ne montre pas les horribles exactions commises contre les civils italiens par les troupes de goumiers marocains et autres soldats coloniaux du Corps Expéditionnaire Français, pendant la libération de l'Italie entre 1943 et 1944. Les Marocains en particulier, mais aussi des soldats africains d'autres nationalités, violèrent des milliers de femmes, de fillettes ainsi que des hommes pendant cette période. Ils pillèrent des villages et tuèrent ceux qui essayaient de protéger leurs épouses et leurs enfants. Selon l'organisation communiste féminine italienne, l'Unione delle Donne Italiane, 12 000 femmes furent violées à cette époque par les troupes coloniales françaises. Ce chiffre est tout à fait crédible comme l'écrivit l'historien Tommaso Baris, professeur à la Faculté des Sciences politiques de l'Université La Sapienza de Rome et auteur d'une étude fouillée sur le sujet, reproduite dans la prestigieuse revue Vingtième siècle. Le général Juin, commandant en chef du contingent français, déclara solennellement au sujet de ces viols et de ces meurtres : "il faut mettre fin à ces agissements, indignes d'une armée victorieuse". Mais les exactions continuèrent cependant...(3)

 

Un film, La Ciociara, relatant ces odieux viols collectifs fut tourné en 1960, d'après le livre d'Alberto Moravia, par Vittorio De Sica, avec Sophia Loren dans le rôle principal. Ironie de l'histoire, les deux films, celui de De Sica et celui de Boushared furent projetés au festival de Cannes, à peu près à 45 ans d'intervalle : O tempora, O mores. Evidemment, aucun rappel de ces faits atroces n'existe dans le film de Rashid Bouchareb, salué à l'époque par Jacques Chirac. Ces exactions furent aussi dénoncées par – entre autres -- l'historien militaire Edward L. Bimberg, ancien officier de l'armée américaine pendant la seconde guerre mondiale, qui côtoya personnellement les goumiers marocains, dont il loua cependant le courage face à l'ennemi.

Ajoutons qu'il est évident que si les armées anglaise et américaine n'avaient pas débarqué en Afrique du Nord pour pousser vers l'Italie et le sud de la France, ces troupes coloniales n'auraient rien eu à délivrer du tout, car elles n'auraient jamais pu changer le cours de la guerre à elles seules, bien évidemment (4).

 

Revenons maintenant sur cet épisode important souvent occulté de la Collaboration en France impliquant des Musulmans nord-Africains, nous voulons parler des "SS Mohamed", comme on les appelait déjà à l'époque.

Les journalistes d'investigation Faligot et Kauffer écrivirent dans leur excellent livre Le Croissant et la Croix Gammée que la création de cette brigade Nord-Africaine fut l'oeuvre de plusieurs hommes dont le sinistre Lafont, le chef de la Gestapo française, située Rue Lauriston à Paris. C'est le capitaine nazi Wilhelm Radecke, de l'Abwehr qui servit de passerelle entre le journaliste d'extrême-droite et ancien cagoulard Mohamed El-Maadi et le tortionnaire de la gestapo française, Lafont. Les deux hommes furent amis. El-Maadi put même rencontrer un coreligionnaire déjà membre de la Gestapo française, en la personne de Mohamed Begdane, dit "Jean le Manchot". Plusieurs centaines d'Arabes et de Kabyles du quartier de la Goutte d'Or à Paris principalement, furent sélectionnés dans cette brigade Nord-Africaine que le boucher de la rue Lauriston, Lafont, souhaita commander. La Brigade fut fondée officiellement le 28 janvier 1944. Comme le racontent encore Faligot et Kauffer dans leur ouvrage : "Mohamed El-Maadi va lancer le Djihad contre les maquis de Dordogne et de Corrèze, principalement FTP, c'est à dire «rouges»... Une fois installés leur quartier général à Tulle, les tortionnaires de la Rue Lauriston font déferler leurs commandos arabes dans les villages réputés proches de la Résistance".

À Brantôme, près de Périgueux, deux officiers SS sont abattus. Alex Villeplane -- un proche de Lafont -- y organise un pillage systématique. Les hommes d'El-Maadi gagnent le surnom "SS Mohamed". Pillages, assassinats, viols, exactions en tout genre, la Brigade Nord-Africaine s'illustre de façon sanglante.

On peut donc dire que des pans entiers et décisifs de l'histoire française restent occultés pour des raisons idéologiques.

 

Faisons la lumière sur ces évènements refoulés ou sciemment cachés, afin que la compréhension claire de l'histoire puisse balayer le discours de propagande que nous font ingurgiter jusqu'à l'écoeurement les bien-pensants issus des médias, de la politique et du «showbiz».

Notes

Sources : Le Croissant et la Croix gammée de Roget Faligot et Rémi Kauffer

39-45 Magazine (numéro 80)

La Croix gammée et le Turban (documentaire diffusé sur Arte le 09/12/09)

Vingtième Siècle, Revue d'histoire; éditeur : Presses de Sciences Po

Notes Complémentaiures apportées par Azarias (1) Les goumiers marocains et les spahis algériens ne faisaient pas partie de "troupes coloniales" - le Maroc étant un protectorat et l'Algérie une province française - mais de "l'Armée d'Afrique" ainsi qu'elle s'est toujours appelée depuis la libération d'Alger en 1830. (2) La quasi-totalité de la logistique en armement du FLN fut assurée par les réseaux national- socialistes allemands de 1954 à fin 1956. Ce n'est qu'à partir de 1957 où le FLN - constatant l'échec résultant de la contre-offensive du S.D.E.C.E. (lire "le dossier rouge: services secrets contre FLN" d'Erwan Bergot, B. Grasset éditeur, 1976) - commença à recourir à l'appui des pays du Pacte de Varsovie (la firme tchéque Omnipol fabriquant des carabine Mauser portant gravés l'aigle et svatiska du IIIème Reich, les mitrailleuses allemandes M.G.42, etc...), beaucoup plus difficile à contrer par les Français que les réseaux nazis germano-arabes, bien que de nombreux succès aient été là encore remportés. Bon nombre des 1ers chefs fellaghas étaient d'ailleurs d'anciens de l'Abwehr, comme Mohammed Saïd qui ne se séparait jamais de son casque allemand. Le 1er ministre de l'Intérieur du gouvernement de l'Algérie fellagha fut d'ailleurs un SS Allemand - un redoutable ancien du SD - qui prit alors la "nationalité algérienne". (3) Quant aux "horribles exactions et viols" imputés à ces troupes (où l'on ne comptait en effet que des musulmans et des chrétiens, mais très peu de juifs...) sur la population italienne, permettez moi de rester extrêmement sceptique sur les fondements jamais établis de cette campagne mensongère de la propagande allemande de l'époque. Je ne nierai pas l'existence complète de quelques viols: il y en eut sur les populations italienne et allemande, comme d'ailleurs de la part des Américains sur les femmes musulmanes en Tunisie (alors que les Allemands s'étaient au contraire comportés de façon très correcte). Une troupe bien tenue par ses officiers ne viole pas et ne vole pas; j'ajouterais que d'ailleurs - au combat - on n'en aurait pas le temps ! Mon père m'a raconté le cas d'un soldat musulman de son régiment, pris alors qu'il entraînait par la main une fillette italienne de 12 ans. Il fut enfermé toute une nuit dans un cachot avec une truie, et fusillé le lendemain matin devant le front des troupes, pour servir d'exemple. (4) Si nos amis américains avaient effectivement entièrement ré-équipé en Algérie (grâce aux accords négociés par l'Amiral Darlan) et convoyé vers l'Italie, puis en Provence (mon père en était) nos troupes de l'Armée d'Afrique, la même Armée du général Clark n'aurait réciproquement jamais pu percer la ligne Gustav sans la prise du Belvédère de Monte-Cassino par le 4ème régiment de Tirailleurs Tunisiens (mon père fut un des 2 seuls officiers survivants de la vingtaine de ses assauts) et le franchissement des monts Aurunci par les Goumiers du général Guillaume, sur l'idée de manoeuvre géniale de Juin.