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Clés pour Comprendre le Conflit Israélo-Palestinien

 

Par Eliahou Nahon

8 Septembre 2014

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Contrairement à un paradigme très répandu, le conflit israélo-palestinien ne trouve sa source, ni dans le droit à l’auto-détermination du peuple palestinien, ni dans le désespoir d’un peuple acculé à la misère économique. Pour comprendre le fond de ce conflit, il est nécessaire de revenir aux bases de la foi et du droit musulmans, à la place d’Israël dans l’Islam ainsi qu’à l’histoire de la région.

 

Les sources

En schématisant, le monde, qui est le lieu de la vocation de l’Islam, est divisé en deux blocs territoriaux.

D’une part, la terre d’Islam (Dar Al-Islam), c’est-à-dire les territoires qui ont été au moins une fois conquis par les musulmans, et qui depuis restent à jamais terre d’Islam, et où le musulman au niveau individuel a le devoir de supprimer toute domination étrangère ; et d’autre part, la terre du Glaive (Dar Al-Harb), territoires du globe restant à conquérir, jusqu’à ce que le monde entier soit soumis à l’Islam et devienne alors une Terre de Paix (Dar Al-Salam). La majeure partie de la terre d’Islam a été conquise entre 624, avec la première guerre gagnée par le prophète Mahomet, et 732, qui marque l’arrêt de la formidable expansion territoriale de l’Islam, de Poitiers à la Perse.

Or Israël est situé, entre la Méditerranée et le Jourdain, sur une terre d’Islam conquise dès la première moitié du 7ème siècle. Pour un musulman authentique, un Etat non musulman sur une terre d’Islam constitue une abomination insupportable,qu’il a le devoir individuel de combattre.

À la revendication territoriale s’ajoute le fait que l’Islam est la seule religion authentique et que tous les prophètes d’Israël sont considérés comme musulmans : Moise, appelé Nabi Moussa, révèle le Coran aux Hébreux qui étaient musulmans, et le roi Salomon, Nabi Suleiman, est un musulman authentique qui construisit la mosquée d’El Aqsa, sur le même mont où les Juifs affirment que durant neuf siècles, le Temple de Jérusalem, par deux fois, fut construit par les Hébreux et détruit, d’abord par les Babyloniens, puis par les Romains.

Ce n’est qu’après l’exil de Babylonie, que le Juif Ezra ‘falsifia’ le message d’Allah en inventant la Torah. De même, Jésus est un prophète musulman qui reçut le message d’Allah et ses apôtres le falsifièrent en Evangiles. C’est avec Mahomet, le ‘sceau des Prophètes’, que fut révélé pour toujours le message authentique et ultime d’Allah. Cette captation d’héritage est à la base de la délégitimation du Judaïsme et du Christianisme.

Mahomet, le modèle de l’homme parfait, a fixé à Khaybar, pour toutes les générations, la conduite avec les Juifs, lorsqu’il leur imposa des conditions humiliantes comme condition de leur survie. Le statut du Juif et du Chrétien en Terre d’Islam est celui de Dhimmi, statut d’infériorité juridique admise, qui confère la Protection de l’islâm, si le Dhimmi se soumet, s’avilit, et paye l’impôt de capitation, ou le Glaive qui s’applique dans toute sa rigueur, s’il se rebelle.

Dans la pratique, les dirigeants musulmans, suivant les lieux et le temps, se sont répartis entre des pragmatiques qui assouplissaient le statut de Dhimmi, et des fondamentalistes qui l’appliquaient dans sa rigueur ou au-delà, en appelant à des persécutions, des expulsions et des massacres.

 

L’histoire

Après l’exode des fils de Jacob, le peuple Hébreu se forme en deux siècles en Égypte, puis sort de l’esclavage. Moise révèle le monothéisme à visée universelle, dont l’essence est l’accomplissement du projet éthique, le refus des totalitarismes, l’affirmation de la liberté et de la responsabilité infinie de l’homme. La sortie d’Égypte est suivie de l’entrée en Israël pour y établir une société fondée sur la justice. Durant 15 siècles, les Hébreux oscillent entre la mise en place de ce projet ambitieux et la tentation d’être un peuple comme les autres.

Le territoire du Royaume d’Israël, puis de Judée, fut rebaptisé par les Romains au 2eme siècle, afin de rayer tout souvenir de la présence des Hébreux sur cette terre, en Philistie du nom des Philistins (d’où le nom ultérieur de Palestine), peuple farouchement ennemi d’Israël et installé sur son littoral méditerranéen. Au 7eme siècle, la Palestine devient terre d’Islam et reste sous domination politique musulmane, à l’exception de l’époque des Croisades, jusqu’au début du 20eme siècle.

L’éveil des nationalités au 19eme siècle marque également dès 1860 le retour du peuple juif sur sa terre historique, après des siècles d’exil, même si s’est toujours maintenue une présence juive en Palestine, hors des périodes d’expulsions. En 1917, Arthur James Balfour, ministre britannique des Affaires Étrangères, écrit dans une lettre ouverte (Déclaration Balfour) que ‘le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national juif’. La Société des Nations donne en 1920 un mandat sur la Palestine aux Britanniques pour mettre en place un ‘foyer national pour le peuple juif’, reconnaissant le droit naturel du Peuple Juif à revenir sur sa terre historique.

 

Après cinq siècles de domination sur un ensemble de terres allant de l’Egypte à l’Iran actuel, l’empire ottoman est démantelé en 1923. Les Britanniques divisèrent en 1924 la Palestine historique, qui s’étend sur 118.000 km2, en Émirat de Transjordanie (92.000 km2) composée à 80% de Palestiniens, et Palestine mandataire (26.000 km2).

Après le vote de 1947, l’Assemblée Générale de l’ONU décide la partition de la Palestine mandataire (résolution 181) en un Etat juif de Palestine, un Etat arabe de Palestine et Jérusalem à statut international, après avoir étudié, puis exclus la solution d’un Etat fédéral binational. Israël accepta cette partition et les Etats musulmans la rejetèrent et attaquèrent l’Etat juif de Palestine (Israël), le jour de la proclamation d’Indépendance, en mai 1948. Israël résista aux armées arabes qui l’attaquèrent. Après les accords d’armistice de 1949, l’Egypte occupa Gaza, et la Transjordanie changea son nom en Jordanie, après annexion de la Cisjordanie, rendant impossible la création de l’Etat arabe de Palestine.

En 1967, suite au blocus égyptien du détroit de Tiran, Israël conquiert Gaza et la Cisjordanie des deux puissances occupantes, l’Egypte et la Jordanie, en plus des territoires du Sinaï et du Golan. En 1973, Israël est attaqué lors de la guerre de Kippour, et après la signature du traité de paix israélo-égyptien de 1979 se retire du Sinaï. En 1994, les accords d’Oslo sont signés dans l’espoir de mettre fin au conflit israélo-palestinien.

En 2005, Israël se retire de Gaza unilatéralement, mais garde, suivant le droit international, le statut de Puissance occupante d’un territoire qu’elle n’occupe plus, et qui n’appartient à aucun Etat souverain, tant qu’aucun État n’en prend le contrôle. D’où le fait qu’Israël continue d’assurer à Gaza la fourniture d’électricité, d’eau et de gaz, même en période de conflit. De même, le ‘blocus de Gaza’ ne s’applique qu’aux biens et services non humanitaires, puisque tous les jours, des centaines de camions israéliens et onusiens approvisionnent les marchés de Gaza en produits de première nécessité.

Enfin, à la différence de tous les réfugiés du globe, qui relèvent du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, les Palestiniens transmettent le statut de réfugié à leurs enfants, et l’éducation, la santé et la micro-économie sont financés par la communauté internationale, via l’UNRWA.

 

Le présent

Depuis 2007, le Hamas, organisation appartenant aux Frères musulmans, qui visent à imposer l’islam au monde entier, contrôle Gaza. L’article 6 de la Charte du Hamas affirme que ‘le Mouvement de Résistance Islamique proclame l’allégeance à Allah et à son mode de vie, l’Islam, et vise à établir la bannière d’Allah sur chaque centimètre de la Palestine’, entendu dans l’espace compris de la Méditerranée au Jourdain. De plus, à l’article 11, ‘le Mouvement de Résistance Islamique professe que la Terre de Palestine est un Patrimoine (Waqf) de l’Islam, consacrée aux musulmans jusqu’au Jour du Jugement dernier, et que pas un centimètre ne peut être cédé.’

Dans ce cadre, la lutte contre Israël relève du Jihad défensif, puisqu’il s’agit de libérer la terre d’Islam de son occupant, l’agresseur sioniste. Ce n’est que si Israël se retire de tout Israël que le ‘problème juif’ pourrait être résolu, et pas simplement par un retrait sur les frontières d’avant 1967. La justification même de l’entreprise du Hamas n’est pas de créer un futur État, mais de mettre fin à la souveraineté israélienne.

Par deux fois au cours des 13 derniers siècles, le monde musulman a connu une forte expansion territoriale, au 7eme siècle après la mort du prophète et au 15eme siècle avec l’empire ottoman. Cette expansion fut stoppée après des centaines d’années de conflit, par l’exercice d’une force supérieure. Force est de constater que depuis l’avènement de la République Islamique d’Iran en 1979, le monde musulman est de nouveau en phase d’expansion dans le monde.

 

L’actualité

Du 7 au 27 juillet 2014, le Hamas a tiré sur Israël 2 300 roquettes, soit 115 par jour, en ciblant délibérément des civils. Le nombre de morts est heureusement limité, car Israël a mis en place un système de défense passive, avec des abris dans les immeubles pour la population, prévenue en temps réel par des systèmes perfectionnés de détection de tir. De plus, Israël dispose d’une technologie révolutionnaire, le Dôme d’Acier, qui détruit 90% des roquettes qui tombent en milieu urbain. Les pertes humaines seraient considérables sans ces deux dispositifs de protection. Cependant, la vie de la population israélienne est complétement perturbée et nécessite de se défendre contre le Hamas.

D’autre part, un Gaza sous-terrain existe sous Gaza, structuré autour d’un réseau de plus de 1 200 tunnels, qui servent, soit à communiquer avec l’Egypte qui pratique en surface un blocus total, soit à attaquer Israël, soit au trafic et à la contrebande, avec des péages qui enrichissent des réseaux mafieux et le Hamas. De fait, des kilomètres de tunnels sont bétonnés pour stocker des armes et protéger les combattants, mais pas pour les civils délibérément exposés en surface.

Alors qu’Israël utilise des anti-missiles pour protéger sa population, le Hamas utilise sa population pour protéger ses missiles. L’article 8 de la Charte du Hamas affirme en effet que ‘le Jihad est la voie et la mort pour Allah le désir le plus cher.’ Le combat contre Israël est un devoir religieux incombant à tout musulman. A la différence du Hamas qui cible les populations civiles pour leur faire quitter le Dar Al-Islam, Israël ne cible pas délibérément des populations civiles.

Le Hamas exploite cette situation, stocke des armes et les utilise dans les mosquées, les écoles, les hôpitaux, ou les habitations. Quand Israël envoie des texto ou des prospectus aux habitants pour leur demander de quitter leurs maisons avant d’attaquer des sites de lancement de roquettes dissimulés, le Hamas les pousse à y rester, et amène des journalistes pour frapper l’opinion publique occidentale par des images d’horreur. Suivant la quatrième Convention de Genève, l’utilisation de bouclier humain par le Hamas est un crime contre l’humanité. Israël a dénombré depuis le 7 juillet une centaine de roquettes tirées par le Hamas vers Israël et qui sont tombées par erreur sur des maisons de Gaza. Ainsi, l’UNRWA a reconnu que le Hamas tirait dans le quartier où était située une de ses écoles qui avait été bombardée, et a déjà trouvé deux fois des armes dans ses établissements.

Le droit international autorise un pays à riposter sur des cibles militaires, en prenant toutes les précautions pour épargner les civils innocents, ce que fait Israël. Ainsi au 27 juillet, avec 3 300 cibles en milieu urbain souvent densément peuplé, le nombre de victimes palestiniennes, si Israël ne prenait pas des précautions considérables serait de dizaines de milliers de morts, et pas de 1 050 victimes (en moyenne un mort palestinien pour trois attaques ciblées), qui selon les sources palestiniennes, sont à 28% des combattants et à 72% des civils (42% hommes, 30% femmes et enfants).

Pour mémoire, depuis 20 ans, chaque jour, c’est 1 000 musulmans qui sont tués dans des conflits sur le globe, dans 90% des cas par les musulmans eux-mêmes (Syrie, Irak, Afghanistan, Soudan…).

C’est ce que déclarait, déjà en 2009, le colonel Richard Kemp, commandant des forces britanniques en Afghanistan en 2003 : ‘Jamais dans l’histoire de la guerre, une armée n’a fait autant d’efforts pour réduire les pertes civiles et la mort de personnes innocentes que le fait l’armée israélienne dans la bande de Gaza.’

 

Conclusion

Israël est l’une des rares démocraties qui confrontée à une violence asymétrique, avec des combattants qui délibérément se cachent derrière des civils et visent des populations civiles, au nom du Jihad, arrive à se poser des questions éthiques et à mettre en œuvre les moyens professionnels les plus sophistiqués pour contrôler l’exercice de la violence, qui lui est imposée. La nature du conflit portant pour l’islam sur l’existence même d’Israël, fait qu’aucun espoir de solution n’est envisageable tant que les populations portent au pouvoir des dirigeants doctrinaires. Or 90% des Palestiniens souhaitent que la Chariah, le droit musulman, devienne la loi nationale.

Les nations occidentales avec leurs minorités musulmanes, dont certaines refusent de s’intégrer, et une poignée croissante qui professe le Jihad, pourraient bien être confrontées aux problèmes similaires à Israël dans l’avenir. Par exemple, la majeure partie du territoire français et la totalité du territoire espagnol sont des terres d’islam.