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Dictionnaire Français-Français du Moyen Orient

 

Par Yaron Gamburg

Le blog du porte-parole de l'ambassade d'Israël en France

http://yarongamburg.blogspot.com/2010/09/dictionnaire-francais-francais-du-moyen.html

19/09/2010

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J'avais promis de revenir sur la question de la terminologie utilisée par les médias pour qualifier la situation au Moyen Orient.
Je dois dire que je suis un peu confus. Plus je parcours les journaux, plus je me dis que, de deux choses l'une, ou je ne comprends pas ce qui s'y dit, ou ils ne comprennent manifestement pas ce qui se passe chez nous. Après réflexion, je reste tout de même interpellé. Je me permets de mettre de côté pour le moment l'hypothèse suivant laquelle je serais totalement stupide, à un point tel que la finesse du commentaire et de l'analyse médiatique m'échapperait.

J'aurais évidement préféré que ce manque de précision flagrant, cette interprétation erronée, cette prise de position systématique, à grand renfort de terminologie sympathisante, en faveur d'une partie -- toujours la même -- et cet entêtement incompréhensible à ne vouloir retransmettre qu'une partie des faits, ceux qui vont dans le sens du poil… soit le pur résultat d'une réelle incompréhension de l'imbroglio israélo-palestinien. Certes la situation n'est pas des plus simples, je le conçois. Mais tout de même. Les carrures médiatiques dont je connais le sens du raisonnement, même si elles sont passées maîtres dans l'art verbal d'entretenir l'amalgame, ne peuvent pas être taxées de manque de compréhension. Alors?

Quelques exemples. De façon systématique, pour décrire les réalités en Judée et Samarie (appelée Cisjordanie), les médias utilisent les termes «colonies» et «colons». Curieusement, du moins dans les langues que je connais, ces "colonies" israéliennes sont appelées en anglais « settlements » (implantations), en russe « поселения » (implantations), התישבות en hébreu (implantations). Comment ce terme "implantation", certes pas des plus heureux, est-il traduit par "colonies" en français? Est-ce le fruit d'une simple "erreur" de traduction? Peut être… ou plutôt une terminologie soigneusement choisie pour augmenter encore d'avantage l'impact sur le lecteur et prendre "en otage" son droit légitime à se faire sa propre opinion du fait retranscrit, sans que son bon sens ne soit entravé par aucune manipulation quelle qu'elle soit?

Israël n'a jamais été un empire colonial, au sens ou l'a été la France, la Grande-Bretagne, l'Espagne ou l'Empire Ottoman. Il n'a jamais eu de colonies d'outre-mer. Israël a été créé dans la foulée du mouvement anticolonialiste dirigé contre l'Empire britannique. Comme je l'ai dit dans un précédant post, il ne s'agit pas de "colonies" mais d"'implantations en territoires disputés", territoires qui n'ont jamais appartenus, au cours de l'histoire, aux palestiniens, et qui ont été refuses par eux lors du plan de partage de la Palestine britannique en 1947. Jusqu'alors, la bande de Gaza appartenant à l'Egypte, et la Cisjordanie a la Jordanie. La résolution de l'ONU votée en 1947 pour le partage de la Palestine britannique attribuait ces terres aux palestiniens. Alors que les juifs accueillaient avec ferveur la naissance de leur nouvel état, les arabes ont immédiatement refusé le leur (et le nôtre). Pourquoi?

Ils ont également refusés le plan de restitution de plus de 95% des terres de Cisjordanie présenté par Ehud Barak en 2000. Pourquoi?

La volonté israélienne d'échanger "la terre pour la paix" a toujours été et reste sincère. A vrai dire, nous nous sommes à plusieurs reprises contentés, faute de véritables cautions, d'un "espoir de la paix". Nous nous sommes retirés du Sud Liban en 2000 contre une promesse de paix et de sécurité, de la bande de Gaza en 2005 en preuve de "bonne volonté de paix", démantelant l'ensemble de nos implantations. Qu'est-il advenu de ces promesses? Que reste t-il de cet espoir? La présence du Hezbollah au sud Liban, celle du Hamas à Gaza. Ca donne à réfléchir non?

Nommer "colons" les citoyens israéliens vivant en Cisjordanie, c'est mépriser la réalité. Je ne peux m'empêcher de me souvenir de l'indignation qui m'a subjugué à la vue des titres retranscrivant une dépêche de l'AFP il y a de cela quelques années, sur l'attaque de terroristes palestiniens contre une maison de "colons" dans laquelle un bébé avait été brutalement assassiné. Le terme de "bébé colon" avait été choisi.

Je n'ai pas l'audace, hélas, de prétendre pouvoir changer la donne. Cependant, j'aimerai apporter ma modeste contribution à une lecture plus juste des faits proche-orientaux. Je me mets donc à la rédaction d'un petit dictionnaire français-français du Proche-Orient. Première définition, car elle s'impose:

"Colonies": à remplacer par Implantations
"Colons": citoyens israéliens vivant en Judée et en Samarie. Bien sûr, vous pouvez les appeler simplement "hommes et femmes".

Il y a beaucoup à faire. Je ne manquerai pas au fil de mes lectures de vous faire part des nouveautés de notre nouveau dictionnaire.