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Ces Démocrates qui n’Aiment pas le Peuple

Le Danger est Sous nos Yeux Clos

Par Ivan Rioufol, chroniqueur et politologue - irioufol@lefigaro.fr blog.lefigaro.fr/rioufol

Le Figaro 15/1/21

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L’attraction totalitaire gagne les esprits endormis, vidés de tout idéal vivifiant. Dernier exemple : la décision des réseaux sociaux, le 8 janvier, d’interdire l’expression de Donald Trump. Ce coup d’État des ploutocratiques Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon) aurait dû indigner les défenseurs de la démocratie ; ce passage en force est plus inquiétant que l’éphémère assaut du Capitole (Washington), le 6 janvier, par une foule en rage contre la démocratie américaine. Or cette censure n’a pas scandalisé ceux qui disent lutter contre le fascisme. Le bannissement discrétionnaire d’un homme politique soutenu par 74,2 millions d’indésirables vient rejoindre, dans ses interdits moraux, l’intolérance des fanatiques de l’islam qui hurlent au blasphème et à l’agression des minorités à la moindre critique de leur dogme.

Une régression sectaire est en marche. Elle s’ajoute, en France, à un Ordre sanitaire oppressant. Les régimes communistes auront appliqué à grande échelle les méthodes de diffamation, d’insultes et d’intimidation contre leurs adversaires (Stéphane Courtois, Le Figaro du 22 décembre 2020). Depuis, la pratique a fait des émules chez les idéologues du mondialisme. Votre serviteur en a expérimenté les pesants effets pour avoir, avec quelques autres depuis plus de trente ans, décrit les réalités sociétales occultées par le conformisme obligé. Aujourd’hui, les dénégationnistes ne peuvent que constater leurs erreurs, devant la violence et le séparatisme nés de leur « société ouverte ». Pourtant, l’accusation en « complotisme » a pris la relève dans le matraquage. La propagande s’exerce contre le réveil des peuples maltraités. Se vérifie la réflexion de Voltaire sur « cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles ». Ce n’est pas une raison pour s’en accommoder. Observer la facilité avec laquelle la démocratie peut se défaire, avec l’acquiescement de la « classe délirante » (Régis Debray), vient rappeler la fragilité du monde libre. Les leçons de l’histoire sont vaines. Obsédée par une extrême droite il est vrai répulsive, la gauche américaine est complice d’une montée en puissance de l’extrême gauche raciste, brutale, vomissant l’Occident. Elle aussi a eu la peau de Trump. C’est à la Corée du Nord que ressemblent soudainement les États-Unis, quand les milliardaires non élus de la Silicon Valley se comportent en maîtres du Bien et de la Vérité, sous les encouragements du Système autocratique qu’ils parrainent.

En France, des journaux et des journalistes ont applaudi à l’exclusion de la parole populiste. « La passion minoritaire est une passion totalitaire », prévient Pascal Bruckner (1), qui s’alarme de la faiblesse des contre-pouvoirs. Mais qui écoute ? Par lâcheté et lassitude, la démocratie est progressivement bradée au profit de la sécurité. Dans l’apathie, l’islam radical subvertit l’école française. Le Figaro a révélé, mardi, le choix de nombreux enseignants de céder à l’autocensure. Un jeune sur cinq ne se dit pas « Charlie », qui fut coupable de blasphème aux yeux des tueurs islamistes. Rappelons que 57 % des jeunes musulmans préfèrent la charia totalitaire à la loi de la République. « Je ne livre pas aux juifs », ont déclaré comme allant de soi deux livreurs Deliveroo à des restaurateurs juifs de Strasbourg. Une autre intolérance se retrouve au cœur de l’Ordre sanitaire et de son état d’urgence permanent. Samedi, un collectif « Médecins libres » a dénoncé, tels des dissidents, la marginalisation des praticiens qui prônent, plutôt que le confinement, la priorité aux soins, dans une épidémie qui frappe 0,1 % de la population (et non 0,05 % comme écrit ici par erreur), dont une majorité très âgée.

Sentiment d’injustice

La crise de la démocratie est portée par des démocrates qui n’aiment pas le peuple. L’acharnement que met la gauche américaine à se venger du président battu, dont elle espère la destitution avant terme, est la meilleure façon de raviver le sentiment d’injustice d’un électorat convaincu d’avoir été floué par l’establishment. La brève intrusion dans le Capitole, tragicomédie (cinq morts) conduite par des clowns et des furieux sans armes, n’est pas le « putsch » décrit par les démocrates. Eux-mêmes n’ont cessé, dès le premier jour de l’élection de Trump en 2016, de contester sa légitimité en multipliant les manifestations et les faux procès. L’élection de Biden restera entachée d’un soupçon de fraude jamais totalement évacué, en dépit des 61 recours judiciaires rejetés. Si l’écart de voix (plus de 5 millions) offre le net avantage au nouvel élu, le mode de scrutin par État et par correspondance a donné à Biden une victoire sur un fil dans quatre États clés. Au total, moins de 150 000 bulletins, parfois suspects, ont fait basculer l’issue. Ce ne sont pas les populistes qui menacent la démocratie, mais ceux qui veulent les faire taire. Les gens ordinaires et attachés à leur pays, méprisés par les élites déracinées, sont en attente d’une représentation proportionnelle à leur masse. Or la gauche prolophobe s’apprête, notamment à la MaisonBlanche, à aggraver la fracture démocratique. Sa pente va à la censure et à l’autoritarisme. De plus, bien des progressistes admirent le « modèle chinois », qui a vaincu à la schlague le virus et relancé le pays. Le contrôle social, les passeports vaccinaux, les intimidations moralisatrices, la marginalisation des contre-pouvoirs font déjà partie des éléments insufflés par la dictature chinoise. C’est Emmanuel Macron qui, le 14 octobre 2020, avait annoncé le renoncement : « On s’était progressivement habitué à être une société d’individus libres (…). » Cet abandon est inacceptable.

Terre aride

La macronie est une terre aride pour la démocratie. Les « gilets jaunes » en savent quelque chose, après l’échec de leur mouvement. Depuis, le gouvernement s’est réfugié dans la mascarade et le despotisme. Mascarade avec ces « collectifs citoyens » tirés au sort pour mimer une participation populaire. Despotisme avec cet hygiénisme officiel qui malmène les libertés et force la jeunesse à l’enfermement. Le pouvoir n’a pas renoncé non plus à traquer la « haine » en ligne, sans donner de définition à ce sentiment qu’il partage quand il désigne les populistes.

Relire Chateaubriand : « Sans la liberté, il n’y a rien dans le monde. »

(1) Un coupable presque parfait, Grasset.