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Les Frontières des Mandats Britannique et Français de 1920

ont déjà Eclaté

 

Par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com

Le 26/07/13

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Les frontières des mandats britannique et français de 1920 ont déjà éclaté. Elles auront duré près d'un siècle.

Le drame syrien qui dure depuis déjà plus de 2 ans et qui a fait plus de 100 000 morts et plusieurs millions de personnes déplacées n'est qu'une guerre moderne de religion. Si les forces rebelles dominées par une série de gangs islamistes gagnent la partie, les alaouites au pouvoir seront égorgés (les hommes) ou vendus comme esclaves (femmes et enfants) dans la péninsule arabique. Inversement, si les alaouites parviennent à constituer un état indépendant, les sunnites seront au mieux exilés sinon exterminés.

Il y a un siècle, ces alaouites étaient des citoyens de troisième zone dans l'empire ottoman, du fait de leur foi étrange, un peuple renégat dans l'Islam ambiant. Le mandat français de la Société des Nations sur une Syrie découpée dans les dépouilles de l'empire ottoman a permis à ces pauvres mécréants de se relever, devenant des humains à part entière. Embauchés dans la police et la nouvelle armée syrienne, les alaouites sont émancipés progressivement par la France. Sous l'instigation de nombreux chrétiens d'Orient, ils forment un nouveau parti laïc, inspiré du parti national socialiste allemand, le Baath. Après la 2 ème guerre mondiale, ce parti prend le pouvoir suite à un coup d'état militaire, puis l'oligarchie alaouite des Assad s'installe pour près d'un demi-siècle, gérant le pays d'une main de fer, jusqu'à former un état considéré comme "voyou", jusqu'à la récente révolte du peuple.

L'opposition pro-occidentale n'étant ni organisée, ni prise au sérieux, la rébellion est petit à petit monopolisée par toutes les milices radicales islamistes, venant de tous les pays musulmans sunnites en ébullition. La clique des Assad est appuyée par la Russie, les Gardiens de la Révolution et les Bassijis d'Iran et les milices du Hezbollah libanais. Cette confrontation sans merci peut durer longtemps encore avant l'épuisement des ressources ou la lassitude des soutiens.

Récemment l'ex-ministre des Affaires Etrangères israélien a été approché pour influer sur la conclusion de la lutte en vue de faciliter la création d'un état alaouite, ethniquement nettoyé, dans la partie montagneuse de la côte occidentale syrienne, du Liban jusqu'à la Turquie.

Par ailleurs les kurdes s'ingénient avec succès à constituer une zone autonome à l"Est, aux frontières avec la Turquie et l'Irak. Au Sud, les Druzes pourraient en faire autant, dans les zones frontalières du Golan et du lac Kinneret, là où se situe leur centre religieux, à Soueida. Encore faut-il qu'ils en aient les moyens. Le reste du pays sera sunnite, géré un certain temps, au mieux par la Confrérie des Frères Musulmans, sinon un nouvel Afghanistan avec al Qaeda, serait le prélude à un califat islamique tant rêvé. Et les autres minorités continueront à s'exiler là où elles peuvent trouver refuge.

 

L'Irak shiite est sur la même voie. A l'issue des massacres quotidiens actuels, une zone autonome kurde existant déjà pourrait se constituer en Etat indépendant prospère. Le reste du pays pourrait se partager pacifiquement ou non entre un état tribal sunnite et un état shiite.

Le Liban et la Jordanie pourraient suivre, et pourquoi pas, l'Arabie aussi, un état tribal, ayant une bonne minorité shiite de 15/20%, assise sur les champs pétrolifères de la côte orientale.

 

Cet exposé n'est pas une vue de l'esprit. Des antagonismes sérieux existent au Moyen Orient créés par l'éclatement d'un Centre en 1923, l'empire ottoman -- une espèce de califat musulman --, auquel se sont ajoutées les ingérences exagérées et malvenues de l'Occident, suite à l'exploitation du pétrole. Aujourd'hui, ce pétrole a relativement moins d'importance. L'Occident s'affaiblit et a des préoccupations ailleurs. Les pays créés artificiellement à l'issue des 2 dernières guerres mondiales vont se recomposer selon des clivages tribaux et ethnico-religieux, sans qu'on connaisse aujourd'hui l'issue avec précision

 

Pourquoi l'Union européenne se précipite-t-elle pour définir unilatéralement les frontières de l'état d'Israël, via une résolution discriminatoire, excluant de tout accord avec Israël, des territoires non reconnus par elle comme israéliens ? Sans aucun avantage particulier à retirer de cette action, et plutôt des inconvénients sur le plan commercial et relationnel, qui s'ajoutent aux désordres dans la région et aux remodelages prévisibles des frontières. Il s'agirait donc simplement de méchanceté ou même de haine gratuite, alliée à de l'incompétence diplomatique.

 

Par ailleurs, dans ce contexte, Israël ne devrait pas se précipiter dans de futiles négociations, à moins de contribuer à travers elles, à dessiner de nouvelles frontières stables et sûres pour le Moyen Orient. Dans l'attente, il faut gérer le statu quo le mieux possible.

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