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Le Calme avant la Tempête Jihadiste

 

Par Raymond Ibrahim 

Frontpagemagazine 18 juin 2013 

Traduction Nancy Verdier - Europe Israël 

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Les mêmes politiques américaines qui ont permis la création d’al-Qaeda en Afghanistan dans les années 1980, sont aujourd’hui  à l’oeuvre pour créer une multitude d’al-Qaedas  dans plusieurs pays musulmans et vont très certainement produire dans le futur, des explosions terroristes qui feront passer le 9/11 pour un jeu d’enfants. 

Pour comprendre cette terrible prédiction, nous devons d’abord examiner  comment  historiquement les Etats-Unis ont permis la montée en puissance des jihadistes islamiques – pour finir par être attaqués par ces mêmes jihadistes quelques années plus tard – et la vision à courte vue des politiciens américains dont les politiques sont basées sur leur bref passage aux affaires, et non sur la pérennité de la bonne santé des Etats-Unis.

 

Dans les années 1980, les Etats-Unis ont appuyé les rebelles afghans – et parmi eux des jihadistes – pour repousser les soviétiques. Ousama bin Laden, Ayman Zawahiri, et un nombre important de jihadistes étrangers ont séjourné en Afghanistan pour former une base d’entrainement et d’organisation —le pré-requis au jihad, comme cela est défini par Sayyid Qotb dans Milestones.

 

Al-Qaeda qui signifie "la base" était née.

Les Américains ont aidé al-Qaeda, ont évincé les Soviétiques, ont remercié Reagan, l’Afghanistan est tombé sous la coupe des Talibans, et durant de nombreuses années, tout semblait aller pour le mieux.

Mais rien n’allait. Pendant plus d’une décennie, al-Qaeda, sans entrave en Afghanistan, s’est entraîné et a comploté librement. Survint alors la déflagration du 9/11, qui fut décrite par les commentateurs spécialisés comme une énorme surprise à laquelle on ne s’attendait pas: "Que se passait-il? Qui savait?  Pourquoi nous détestent-ils"

Si al-Qaeda n’avait pas mis en place des bases opérationnelles, le 9/11 n’aurait pas eu lieu.

Mais si Reagan involontairement a aidé à la création de la première cellule d’al-Qaeda au cœur d’un Afghanistan relativement peu important, Obama est en train de favoriser l’éclosion d’une multitude de cellules d’al-Qaeda dans certaines nations islamiques importantes. Il le fait en aidant à l’élimination de ces autocrates arabes – qui eux savaient efficacement liquider des jihadistes (au besoin pour des raisons égoïstes).

Mais Obama renforçe les jihadistes les plus radicaux qui étaient auparavant emprisonnés ou qui se cachaient. Et tout cela au nom du Printemps arabe et de la démocratie.

 

En Egypte, Obama a renversé Moubarak, le chef d’état du Proche-Orient allié à l’Amérique depuis des décennies et a chouchouté les Frères Musulmans.  Le gouvernement égyptien est aujourd’hui aux mains des islamistes qui pour beaucoup partagent le point de vue radical d’al Qaeda sur le monde. Plusieurs de ces dirigeants politiques – dont le Président Morsi lui-même – étaient emprisonnés sous Moubarak, non pas comme les média occidentaux le racontent, parce qu’ils étaient des rebelles assoiffés de liberté -  mais parce qu’ils étaient et sont toujours des radicaux épris de la Charia et voulant transformer l’Egypte en un état islamique. Rien que le Sinaï est à présent infesté de  jihadistes, dont probablement le leader d’al-Qaeda Ayman Zawahiri.

 

En Libye, Obama a soutenu l’opposition contre Kadhafi – en sachant pertinemment qu’al Qaeda était dans ses rangs— permettant l’attaque meurtrière de Benghazi  contre des américains, le jour anniversaire du 9/11. La persécution sans précédent des chrétiens de Libye – l’attaque contre des églises et des religieuses – indique encore mieux la direction que la Libye “libérée” est en train de prendre.

 

Et maintenant en Syrie, Obama a décidé d’armer les jihadistes étrangers. Un reportage indique que les étrangers constituent 95% de ce que l’on appelle l’opposition syrienne. Comme en  Libye et comme en Afghanistan dans les années 80, les jihadistes étrangers investissent la Syrie, terrorisant les non musulmans et nettoyant la nation des chrétiens, dans une tentative de créer une nouvelle base, un autre Qaeda.

L’un d’eux a récemment déclaré, "Quand nous en aurons fini avec Assad, nous nous retournerons contre les Etats-Unis"— c’était précisément la stratégie d’al-Qaeda dans les années 80, 90, quand elle était soutenue par les Etats-Unis contre l’Union Soviétique.

Ainsi, toutes les forces et les circonstances qui ont conduit à la déflagration du 9/11 —l’infiltration de jihadistes étrangers et la consolidation du pouvoir musulman dans des pays dirigés auparavant par des dictateurs laïques —sont une fois de plus en jeu mais d’une façon plus intense.  Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un pays sans grande importance comme l’Afghanistan, qui est miné par les jihadistes mais plusieurs nations d’importance stratégique.

 

Si le 9/11 était le prix que les Etats-Unis ont eu à payer pour l’aide apportée à la transformation de l’Afghanistan en une base jihadiste dans les années 80-90, quel prix l’Amérique va-t-elle devoir payer plus tard, maintenant qu’elle trahit plusieurs nations importantes au profit des jihadistes qui les transforment en bases, en Qaedas?  

Alors qu’attendent les politiciens américains pour siffler la fin de partie de la politique suicidaire d’Obama?

Parce que leur myopie et leur incapacité à voir au-delà du lendemain – au-delà de leur mandat – n’a pas changé depuis le 11 septembre 2001.  Exactement de la même manière qu’il a fallu attendre une décennie après la création d’al-Qaeda pour que soient lancées les attaques du 9/11 – une période de paix et de calme ostensibles  pour les Etats-Unis, le temps nécessaire pour les jihadistes de planifier et de s’entraîner – il faudra quelque temps avant que la tempête ne s’abatte sur les Etats-Unis.

Et c’est cette période que nous traversons actuellement : le calme avant la tempête. Exactement comme à la veille du 9/11, les dirigeants américains d’aujourd’hui, se concentrent uniquement sur le présent – un présent où les Etats-Unis semblent en relative sécurité – sans jamais prendre en considération l’avenir, ni les inévitables conséquences d’une politique étrangère américaine lamentablement contre-productive.

 

A propos de politique étrangère, si Reagan a appuyé les jihadistes pour combattre l’Union Soviétique – une super puissance hostile – pourquoi Obama aide-t-il les jihadistes?  Qu’est-ce que l’Amérique a exactement à gagner en soutenant des jihadistes contre des nations arabes d’importance stratégique?   

En bref, exactement comme ce fut le cas avant le 9/11, où la tempête jihadiste s’est finalement déclenchée – et ce sera le cas, c’est une question de temps – les politiciens américains qui ont aidé à sa gestation et en premier lieu Obama, seront partis depuis longtemps et les commentateurs spécialisés demanderont à nouveau stupidement  "Que s’est-il passé? - Qui savait? - Pourquoi nous détestent-ils?"

Sauf qu’alors, il sera trop tard.