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LE 7 JUIN L'OCCIDENT 
    RISQUE DE PERDRE LE LIBAN
Les enjeux des élections au
Liban
Par
Albert Soued, écrivain, http://alres.club.fr pour www.nuitdorient.com 
Paris le 13 avril 
    2009.
Ziad Baroud est le ministre de l'Intérieur du
Liban et l'ami du président Michel Souleiman. En
principe neutre, il espère que les prochaines élections libanaises auront lieu
dans le calme et la dignité et il a mobilisé dans ce but 30 000 officiers de
police. Car le 7 juin les Libanais choisiront les prochains 128 députés de la
Chambre (majlis al nouwab),
en soumettant leur vote dans 5500 urnes réparties dans les 26 districts
électoraux.
Or depuis 2 ans,
des dizaines de citoyens ont été assassinés et en mai dernier le pays a failli
sombrer dans une nouvelle guerre civile après un coup d'état avorté du
Hezbollah et de ses alliés, soutenus par l'Iran, contre la coalition
anti-syrienne appelée "la coalition du 14 mars", comprenant des
sunnites, des chrétiens et des druzes. Donnant plus de poids au Hezbollah,
l'accord de Doha au Qatar a néanmoins permis au pays de sortir d'une impasse
dans l'élection de son président (1).
Le 12 juin 2009 
    se tiendront les présidentielles iraniennes, sans challenger sérieux contre 
    l'actuel président, Mohamed Ahmedinejad, qui est 
    assuré de l'emporter haut la main et de poursuivre sa politique agressive 
    contre l'Occident, pour l'hégémonie de l'Iran au Moyen Orient, directement 
    ou à travers des satellites comme le Hezbollah ou le Hamas.
Hezbollah
& Syrie
Mais le Hezbollah
au Liban est plus qu'un parti, c'est un état dans l'état, puisqu'il a des
"territoires", possède une forte milice armée, avec des armes lourdes
provenant d'Iran, de nombreuses organisations religieuses, caritatives et
culturelles, et surtout il représente une minorité importante, celle des
shiites, les plus déshérités et les plus prolifiques parmi les Libanais. Qu'ils
soient dans l'armée libanaise ou dans la milice parallèle, ceux-ci font allégeance
à sheikh Hassan Nasrallah,
le chef charismatique du Hezbollah ou "parti de Dieu", qui ne cache
pas son objectif de suivre la voie des ayatollahs et d'imposer la Sharia'h ou loi islamique au Liban.
Puis, il y a un
voisin qui considère le Liban comme son fief et qui a occupé le pays pendant vingt
neuf ans, la Syrie. Un homme riche et influent, Rafik
Hariri, qui fut premier ministre du Liban et qui contribua à la reconstruction
de son pays dévasté par la guerre civile 1975-1990, était devenu trop puissant
et trop autonome vis-à-vis du parrain et "occupant" syrien. Cet homme
a été assassiné en 2005 dans un horrible attentat, avec 22 autres Libanais. Un
procès international doit s'ouvrir incessamment à la Haye, impliquant des
responsables Syriens, voire même l'entourage du président syrien lui-même, Bashar al Assad. Or 3 des 4
Syriens directement impliqués viennent de disparaître…(2)
Rappelons aussi
qu'après cet assassinat, devant la pression populaire libanaise et la pression
internationale, l'armée syrienne avait été obligée de quitter le Liban. Mais
elle veille non loin, aux frontières, prête à intervenir à nouveau. Rappelons
aussi que depuis ce meurtre, de nombreuses autres personnalités, députés et
journalistes opposés à la Syrie, ont été assassinés. Je ne citerai que Samir Kassir et Gibran Tueni du journal al Nahar, Pierre
Gemayel, chef de la communauté maronite, George Hawi,
ex-leader du Parti Communiste, le Capitaine Wissam
Eid, officier du renseignement. Un des buts de cette
élimination était de réduire la majorité anti-syrienne au Parlement, en tuant un
certain nombre de députés…, le bloc anti-syrien passant alors de 72 à 68
députés. Dans les mêmes visées de s'emparer du pouvoir avec un masque légal, en
février 2006, le Hezbollah a convaincu le mouvement du général Aoun de rallier
sa coalition, la portant à 56 sièges.
Elections
cruciales
Les
élections du mois de juin sont cruciales car 2 blocs (pro ou anti-syrien) et 2
thèses (non-engagement ou engagement et résistance) dominent l'échiquier
politique, en plus du désir ou non de contenir l'irrésistible montée en
puissance du Hezbollah. 
Le Parlement
actuel comprend en gros 9 partis qui se déterminent en fonction de la religion,
de la secte et d'une allégeance ou non à la Syrie et à l'Iran. Par ailleurs une
thèse nouvelle vient de surgir, celle de la neutralité vis-à-vis des pays
voisins et du non engagement, thèse préconisée par le président et son ministre
de l'Intérieur pour sauvegarder l'intégrité du pays (3).
Le bloc anti-syrien 
    et pro-occidental appelé "bloc du 14 mars" est mené par le fils 
    du défunt Rafiq Hariri, Saad. Ce bloc comprend une majorité de chrétiens et 
    de sunnites, soit 72 sièges sur 128 dans le Parlement actuel. Ce groupe veut 
    faire appliquer les résolutions de l'Onu (surtout 1559) qui demandent le démantèlement 
    de toutes les milices et leur désarmement, le respect de la souveraineté et 
    de l'indépendance du pays eu égard à la Syrie. Il préconise le rapprochement 
    avec l'Occident.
Le bloc
pro-syrien, appelé "bloc du 8 mars" est mené par Hassan Nasrallah et compte aujourd'hui 56 députés à l'Assemblée dont
21 appartenant au parti de Michel Aoun, chrétien. Ce bloc clame
la résistance contre Israël, comme moyen de ralliement, trouvant un prétexte
dans l'occupation par Israël des fermes de Shéba, au
pied du Mont Hermon (quelques km2) et qui, d'après l'Onu, appartiennent à la
Syrie…. Il préconise une union nationale pour faire face aux menaces (?) et le
ralliement à l'axe Iran/Syrie. Ses différentes manifestations à Beyrouth ou
dans la Békaa'h montrent un militantisme offensif et
radical (4).
Les pronostics actuels sont
très larges: 41 à 66 sièges pour le mouvement du 14 mars, 53 à 60 sièges pour
celui du 8 mars et 19 à 34 sièges indécis. Les jeux ne sont pas faits et ils
dépendront, de l'attitude des petits partis et du nouveau groupe neutre du
Centre autour du Président Souleiman, d'une part, des
appuis extérieurs, d'autre part.
Or l'attitude occidentale
semble aujourd'hui étrange, voire étonnante vis-à-vis du mouvement du 14 mars:
pourparlers britanniques avec le Hezbollah, organisation considérée par
ailleurs comme terroriste; engagement des démocrates américains avec la Syrie
et l'Iran; retards dans la tenue du tribunal devant juger les assassins de
Rafiq Hariri; non déploiement d'une force de l'Onu à la frontière syrienne pour
empêcher l'introduction d'armes pour le Hezbollah….
Pour perdre le Liban, on ne ferait pas
mieux.
Une petite lueur d'espoir 
    néanmoins: le film qui domine largement le hit-parade du cinéma à Beyrouth 
    est un long métrage d’animation israélien du réalisateur Ari Folman, 
    Valse avec Bashir, César du meilleur film 
    étranger, film interdit dans les salles publiques, mais on copie des dvd qu'on 
    se passe de foyer en foyer.
Notes
(1) L'accord de Taëf de 1989
répartit le nombre de députés entre chaque confession dans les districts ou caza. Et cette répartition ne tient pas compte de la
démographie actuelle, aucun recensement n'étant réalisé depuis fort longtemps. Par
ailleurs selon la Constitution le président est chrétien maronite (aujourd'hui,
Michel Souleiman), le 1er ministre est musulman
sunnite (aujourd'hui, Fouad Siniora) et le président
du Parlement est musulman shiite (aujourd'hui, Nabih Berri).
Il est clair que la part de 
    la population shiite a fortement augmenté depuis la fin du mandat français 
    et l'indépendance du Liban en 1943. Inversement, du fait de la guerre civile 
    et de l'émigration qui a suivi, les populations chrétiennes et sunnites ont 
    diminué sans que l'on puisse mesurer l'ampleur du phénomène.
 (2) Les Assad et l'élite syrienne au pouvoir ont utilisé tous les
moyens pour assujettir le Liban, le déplacement de populations (un million de
Syriens se sont installés au Liban, alors que des centaines de milliers de
Libanais ont émigré en dehors du Moyen Orient), la terreur, l'occupation, la
manipulation, le trafic de narcotiques, la pénétration par le Renseignement et
les assassinats… Une course
est engagée entre le Tribunal international spécial pour le Liban, installé le
1er mars aux Pays-Bas pour juger les commanditaires et les exécutants de l'ex 1er
ministre libanais Rafic Hariri. Ceux-ci sont aussi responsables de plusieurs
crimes terroristes au Liban. Impliqué, le régime syrien cherche à échapper à la
justice et à prolonger son immunité. Ainsi 3 officiers syriens qui ont régné
sur le Liban pendant l’occupation ont d’ores et déjà disparu.
 (3) Du côté
chrétien, on trouve le parti des Forces Libanaises du Dr Geagea,
le parti des Phalanges ou al Kataeb des Gemayel, le
parti CPL (Chrétiens pour le Liban) du général Michel Aoun, le parti Tachnag des Arméniens.
Du côté musulman, on trouve le parti sunnite "Courant du
futur" des Hariri, le parti druze, Parti Socialiste Progressiste ou PSP, de Walid Djoumblatt,
le parti shiite Amal de Nabih Berri et le Parti de la Fidélité et de la Résistance
(Hezbollah) de Hassan Nasrallah.
Le "Parti Syrien National Social" (PSNS) d'Ali Qanso et de Marwan Phares ne se
définit pas en fonction d'une religion, puisque laïc, mais d'une affiliation au
Baath syrien, à sa doctrine nazie et son objectif de Grande Syrie (créé en 1932).
(4) Un journaliste américain de Vanity Fair, Christopher Hitchens, a été sérieusement roué de coups en février, en plein Beyrouth, avenue Hamra, pour avoir barbouillé une affiche du parti PSNS (voir note 3), dont le sigle est une swastika et qui appelait à la formation de la Grande Syrie, sans que les policiers présents n'aient eu le courage ou l'envie d'intervenir…. C'est ce qu'est devenue aujourd'hui la "rue arabe".
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