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Sarit Hadad à Bagdad : Jeter une Base Civile pour la Coopération avec l’Irak

 

 

Par Dr. Ronen Zeidel, chercheur prédominant sur l’Irak, au Centre Dayan de l’Université de Tel Aviv et chercheur à l’Institut Mitvim. Cet article est basé sur une étude portant sur les relations israélo-irakiennes qui fait partie du projet «Relations israélo-arabes : le potentiel non réalisé».

1ère public le 9/6/18  - ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski

20/07/18

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Un nombre croissant de jeunes irakiens s’intéressent à Israël, à sa démocratie et à sa culture. Dans ses tentatives d’établir des relations avec les États arabes, Israël a l’habitude de converser avec les dirigeants, mais dans le cas de l’Irak, il pourrait être juste de se tourner vers le peuple.

La cérémonie de remise des diplômes du département de langue hébraïque de l’université de Bagdad est considérée comme l’une des meilleures du campus. En 2010, au plus fort de la soirée, une diplômée a interprété les chansons de Sarit Hadad

, ravissant le public qui comprenait des étudiants de toute l’université. Cet acte courageux et la façon dont il a été reçu témoignent d’un changement fascinant dans la façon dont Israël est perçu en Irak.

 

Depuis lors, le nombre d’Irakiens en contact avec les Israéliens a considérablement augmenté, principalement à travers les réseaux sociaux. Entre autres choses, les surfeurs irakiens ont récemment créé une page Facebook intitulée «L’ambassade virtuelle de l’Irak en Israël». Le ministère israélien des Affaires étrangères rapporte qu’environ un tiers des adeptes du site en arabe du ministère (environ un demi-million) sont des Irakiens et leur attitude envers Israël sont généralement positive et amicale.

Les connaissances des jeunes Irakiens sur Israël sont parfois surprenantes, comme en témoigne la popularité de Sarit Hadad.

En leur honneur, le ministère des Affaires étrangères a récemment inauguré une page Facebook unique intitulée «Israël dans le discours irakien», qui a reçu des commentaires très positifs et a suscité beaucoup d’intérêt en Irak, ainsi que d’autres Israéliens intéressés (pour être tout-à-fait complet, l’auteur de cet article en fait partie) à maintenir des contacts quotidiens avec de nombreux amis à travers l’Irak.

 

Une segmentation des participants irakiens aux discussions menées sur la page en langue arabe du ministère des Affaires étrangères montre que la plupart des participants sont des jeunes gens instruits âgés de 18 à 35 ans, un groupe d’âge qui représente environ 70% de la population irakienne. Un tiers d’entre eux vit à Bagdad. Ils n’ont pas peur de divulguer leurs vrais noms et photographies, et ils représentent des groupes de population irakienne diversifiés : chiites, sunnites, kurdes, chrétiens et autres.

Ces jeunes sont généralement actifs politiquement et socialement et constituent l’épine dorsale de la classe cultivée de l’Irak. Ils sont venus traiter avec Israël et les Israéliens par intérêt pour le passé juif en Irak ou par attirance pour le modèle démocratique et libéral présenté par Israël. Récemment, leur soutien à Israël a augmenté en proportion à leur hostilité envers l’Iran. Leurs positions sur la question israélienne sont nettement différentes de celles qui prévalent dans le monde arabe.

 

Contrairement à d’autres pays arabes, l’intérêt pour Israël chez les Irakiens ne se limite pas à la politique ; elle s’étend aux sphères culturelles et religieuses et aux aspects quotidiens de la vie en Israël. Beaucoup d’Irakiens expriment ouvertement leur désir de visiter Israël, mais quand ils essaient de le faire, ils se heurtent à l’arbitraire de l’establishment israélien et sont généralement refusés.

Les deux pages du ministère des Affaires étrangères en arabe publient fréquemment des articles non politiques qui mettent en lumière différents aspects de la manière d’être israélienne qui suscitent un grand intérêt chez les utilisateurs irakiens. Les connaissances des jeunes Irakiens sur Israël sont parfois surprenantes, comme en témoigne la popularité de Sarit Hadad.

 

Il est difficile de déterminer si le phénomène se limite aux réseaux sociaux ou s’il aura également des conséquences politiques à l’avenir. Les jeunes irakiens cultivés en question influencent l’agenda politique et culturel et façonnent l’opinion publique. Pourtant, lors des récentes élections en Irak, beaucoup d’entre eux ont soutenu le mouvement de boycott (des élections), et d’autres ont voté principalement pour les partis de Sadr et al-Abadi, ou pour de petits partis en marge du camp irakien national et anti-iranien.

Pour une raison quelconque, Israël officiel n’a pas encore découvert l’Irak, le plus grand Etat arabe à l’Est. L’Irak est le deuxième plus grand exportateur de pétrole au monde, après l’Arabie Saoudite, et est un partenaire commercial potentiel important. L’Irak, en cours de reconstruction, a désespérément besoin d’aide pour la construction d’infrastructures, la banque, l’irrigation, l’agriculture, les communications, etc. Il a également besoin d’une aide indirecte pour améliorer sa cote de crédit et encourager les investissements étrangers. L’Iraq se féliciterait également de l’assistance des services de renseignement dans sa lutte contre le terrorisme, dans laquelle l’Iraq a acquis une grande compétence ces dernières années.

 

Contrairement aux idées reçues, le conflit israélo-palestinien est d’une importance secondaire pour façonner la position officielle de l’Irak vis-à-vis d’Israël. Le public irakien est assez indifférent aux souffrances des Palestiniens et l’Irak soutient l’initiative de paix arabe, qui appelle à la reconnaissance par Israël d’un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dont la capitale est Jérusalem-Est. Il ne reconnaît pas la loi imposée par le Hamas à Gaza.

Alors que l’Irak entre dans la période de mise en place d’une coalition qui paralysera le système politique pendant un certain temps, il convient de réfléchir à la manière dont Israël devrait aborder ce pays important. Alors que l’échelon politique irakien est préoccupé par ses propres affaires, les personnes éduquées et les jeunes discutent de la question ouvertement et avec audace.

Dans ses tentatives d’établir des relations avec les États arabes, Israël tend à se concentrer sur l’établissement de contacts avec l’élite politique, et parfois seulement avec un dirigeant spécifique. C’est ainsi que des accords de paix ont été conclus avec l’Egypte et la Jordanie, et dans une large mesure, c’est aussi l’histoire du processus d’Oslo avec les Palestiniens.

 

La classe moyenne cultivée dans les pays arabes a été négligée et, par conséquent, est restée aliénée, à l’écart du processus et hostile à Israël. L’Irak offre la possibilité d’un processus différent qui peut commencer par la classe cultivée, ce qui préparera le terrain au sein de cercles larges et influents, avant le début du rapprochement diplomatique formel entre les deux pays. Ce processus différent établira une base solide pour les relations futures.