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PROCESSUS DE PAIX ?

 

Par Guy Millière

© Metula News Agency - info # 012012/8 – 20/12/08

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Processus de paix, disent-ils. C’est le discours qu’on entend concernant le conflit israélo-arabe depuis les accords d’Oslo. Sous Clinton, il a fallu négocier comme s’il n’y avait pas de terrorisme, selon la formule consacrée, mais le terrorisme n’en continuait pas moins de frapper. Et lorsque Bill a quitté la Maison Blanche, il y avait eu plus de mille morts parmi les Israéliens, et un nombre plus important de blessés et de mutilés.

 

Cela n’empêche pas des gens de dire encore que Clinton a été un grand ami d’Israël. Pendant les années de la présidence Bush, l’existence du terrorisme a été prise en compte, ce qui a suscité un dépit certain chez les antisémites européens rebaptisés antisionistes. Les négociations ont été interrompues, Arafat, jusqu’à sa mort, n’a plus pu disposer de sa chambre à coucher habituelle près du Bureau ovale à Washington, et son successeur, Mahmoud Abbas, n’a pas été reçu très fréquemment au 1600 Pennsylvania Avenue.

 

Les dirigeants israéliens ont pu construire la barrière de sécurité, ce qui a dû créer bien des frustrations chez ceux qui s’étaient entraînés pour réaliser des attentats suicides et qui chantaient, depuis l’enfance, les charmantes comptines dont est friande la télévision palestinienne, et où il est question de verser le sang juif.

 

Ariel Sharon a choisi de quitter Gaza, mais cela a été la décision d’Ariel Sharon, et il n’y a vraiment eu aucune injonction américaine pour aller en ce sens. La guerre contre le Hezbollah, en 2006, n’a pas été menée de manière optimale, mais là encore, les responsabilités n’en incombent pas aux Etats-Unis.

 

Un Bush affaibli, poussé par les tenants de la realpolitik, et au premier chef par Condoleezza Rice, a infléchi ses positions et a organisé la rencontre d’Annapolis, avec pour objectif la création de deux Etats « vivant côte à côte et en paix ». Israël étant représenté par Ehud Olmert et Tzipi Livni, il n’y avait personne, du côté israélien, pour lui rappeler que pour faire la paix il faut être deux et qu’un Etat palestinien existe déjà depuis longtemps, puisque la Jordanie a été fondée en 1921 sur les trois quarts du territoire du Mandat palestinien confié à la Grande-Bretagne. Depuis, les discussions se sont intensifiées, mais son restées infructueuses. « Bush a retrouvé la raison, mais trop tard », ont dit les ennemis européens d’Israël.

 

Et on a reparlé, donc, du processus de paix. On en a reparlé récemment à l’ONU, où une résolution a été votée à la quasi unanimité du Conseil de Sécurité. Le texte appelle à une « paix collective au Proche-Orient », à la création - éternel refrain - de « deux Etats vivant en paix dans des frontières sûres et reconnues ». Il a été proposé par les Etats-Unis, dont le représentant, Zalmay Khalilzad, a parlé de « période de transition ». Il a reçu l’approbation, ce qui est plus inquiétant, de la Russie et de la France.

 

On va, sans aucun doute, beaucoup reparler du processus de paix dès que Barack Obama sera installé à la Maison Blanche et Hillary Clinton au Secrétariat d’Etat. J’ai déjà dit dans ces colonnes que la ligne de l’administration Obama concernant le Proche-Orient serait celle d’un apaisement à l’européenne, ce qui impliquera un « dialogue » avec le monde musulman tel qu’il est.

Ce qui supposera, comme impératif, de mettre fin à tous les « malentendus » ; or, doit-on le répéter, Israël est au cœur de tous les « malentendus ». Dans la mafia, il est des baisers dont ceux qui les reçoivent savent que ce sont les baisers de la mort, et que les tueurs attendent derrière la porte. Je serais un dirigeant israélien, je me méfierais considérablement des effusions et des embrassades américaines et européennes au cours des mois à venir. Je serais citoyen israélien, je choisirais des dirigeants particulièrement méfiants et à même de dire les choses clairement et avec courage.

Ceux qui parlent de « processus de paix » aujourd’hui dans les chancelleries occidentales, et ce sera encore bien davantage le cas à partir du 21 janvier prochain, tiennent, en fait, un discours qu’il faut décrypter : ils veulent non pas la paix pour Israël (ils seraient prêts à accepter qu’il s’agisse d’une « parenthèse de l’histoire », comme on dit encore parfois au Quai d’Orsay), mais la paix pour eux-mêmes.

 

Ils ne veulent pas la liberté pour un peuple arabe quel qu’il soit, et ils ne veulent pas spécialement voir naître le second Etat arabe palestinien. Ils se moquent du sort des Arabes comme de leur dernière chemise, tout comme, d’ailleurs, ils se moquent du sort du peuple israélien. Ils veulent, si possible, que les islamistes soient moins en colère et, surtout, qu’ils ne dirigent pas leur colère en direction de l’Europe ou de l’Amérique. Ils seraient prêts, pour avoir « la paix », à vendre la peau du dernier Israélien et du dernier Arabe, si cela pouvait épargner leur propre quiétude.

 

Il est une formule de Winston Churchill que j’ai souvent citée, mais qui me paraît plus que jamais adaptée aux circonstances, puisqu’elle a été prononcée au moment des accords de Munich : «Vous avez choisi le déshonneur pour ne pas avoir la guerre, vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ».

On ne sait plus vraiment, en Europe, et on sait de moins en moins aux Etats-Unis, ce que c’est que l’honneur. On y est toujours davantage prêt à tout pour ne pas avoir la guerre. On y est, selon toute apparence, prêt à survivre à genoux en situation de dhimmi conquis par le djihad, pour peu qu’on survive.

 

Le peuple israélien est divers, comme tous les peuples de la terre, mais, j’en atteste, puisque j’étais en Israël voici quelques jours à peine, on y sait encore ce que c’est que l’honneur. On y sait ce que c’est que la dignité. On y sait, de toutes façons, qu’on n’a pas le choix, en Israël, de survivre à genoux, car les ennemis d’Israël, du Hamas au Sud au Hezbollah au Nord, en passant par les adeptes du double langage qui siègent à Ramallah et par les nazislamistes de Téhéran, rêvent de meurtre de masse et de génocide.

Israël ne choisira pas le déshonneur, même si Olmert, Livni et Barak se sont montrés fortement tentés. Israël aura peut-être la guerre. J’aimerais, si c’est le cas, me dire que ce sera la dernière.

 

Ce qui manque aux ennemis d’Israël, c’est une défaite irrémédiable. Leur infliger une telle défaite serait, je ne cesse de le répéter, leur faire un cadeau. Cela pourrait être aussi le signal d’un sursaut de dignité dont le reste du monde a, en ces temps difficiles, bien besoin.

On cesserait, dans ces conditions, d’entendre parler d’un « processus de paix » qui n’en a jamais été un, et on entrerait dans les conditions qui permettent une paix véritable, puisque, comme chacun le sait ou devrait le savoir, pour qu’il y ait paix, il faut préalablement qu’il y ait un vainqueur et un vaincu. Rien de tel qu’une défaite irrémédiable pour faire comprendre au vaincu qu’il est effectivement vaincu, et qu’il est temps pour lui de passer à autre chose.

Dois-je le dire en concluant ? Je n’aime pas la guerre, mais la réalité est que nous sommes d’ores et déjà en guerre, et que la guerre se mène au moment où j’écris ces lignes. Ce dont il s’agit est de mettre fin à la guerre, et si ce n’est une fois pour toutes, tout au moins pour un temps certain.

 

Israël a le droit absolu de vivre en paix. Les populations arabes ont besoin, elles, d’être délivrées de la pathologie mentale qui les ronge en leur immense majorité : elles n’ont pas besoin qu’on leur parle de « processus de paix » et, qu’avec une hypocrisie pusillanime, on entretienne ainsi ladite pathologie mentale.