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POINTS DE VUE DE FIN D'ANNÉE

 

Par Artus, le 27 décembre 2004, www.nuitdorient.com

 

Deux éminents journalistes américains contribuant au New York Times, l'un de tendance républicaine et "néoconservatrice" (William Safire), l'autre franchement démocrate (Thomas L Friedman), partant d'analyses opposées de la situation en Irak, parviennent à la même conclusion que les Etats-Unis doivent gagner cette guerre, malgré les embûches et malgré que certains "alliés" soient une fois encore séduits par "le fascisme".

 

Dans son article d'opinion du 23/12/04, intitulé "cela vaut 1000 mots", Thomas Friedman décrit la situation en Irak avant les élections prévues fin janvier 2005. Une photo l'a particulièrement troublé, celle de tueurs masqués assassinant en plein jour, dans une rue passante, deux ouvriers Irakiens travaillant pour préparer ces élections, après les avoir obligés à s'agenouiller. Il semble avoir vu "le mal" à l'œuvre, cette force obscure qui s'oppose violemment à la population arabo-musulmane qui, elle, désire pour la 1ère fois organiser des élections libres pour choisir ses leaders et écrire sa propre constitution.

Pour lui, Dick Cheney, G Bush et surtout Donald Rumsfeld se sont lourdement trompés dans cette guerre, en sous-estimant ce que Saddam Hussein avait "concocté pour eux après la guerre" et il demande la démission de Rumsfeld, car avec lui, les Etats-Unis pourraient bien perdre cette guerre d'un nouveau genre. Mais Thomas Friedman accuse ces pays arabes, soit disant alliés, qui n'ont pas levé le petit doigt pour aider l'Amérique à juguler cette bande de voyous qui veut saboter les élections, de peur que ces élections ne créent un précédent chez eux. Il accuse aussi ces Européens, devenus "stupides à cause de leurs incapacités et de leurs faiblesses", qui préfèrent voir échouer la politique américaine au Moyen Orient, en favorisant cette bande de terroristes baathistes-fascistes, "nouveaux impérialistes", qui n'ont rien de résistants ni d'insurgés, plutôt que de venir en aide à la majorité des Irakiens pour que des élections libres soient un succès. Seul Tony Blair dénote dans ce concert de lâchetés: "quoiqu'on puisse penser de cette guerre et du renversement de Saddam Hussein, on ne peut se ranger que d'un seul côté; car il apparaît clairement aujourd'hui que la bataille est entre la démocratie et la terreur. D'un côté vous avez des gens qui cherchent désespérément à faire fonctionner le processus démocratique souvent au prix de leur vie; de l'autre côté, vous avez des gens qui intimident, assassinent, kidnappent, décapitent et qui ne cherchent qu'à empêcher un avenir meilleur en Irak".

 

Dans son article du 22 décembre intitulé "la vague du futur", William Safire admet qu'il a été optimiste quant au déroulement de la guerre entreprise en Irak et qu'il a été surpris par ce que Saddam Hussein avait préparé contre l'armée américaine, après que ses troupes se soient dispersées sans combat. William Safire est persuadé que la Syrie cache ce que les Américains ont longtemps cherché en Irak, les armes de destruction massive. Il reste persuadé que G Bush a entrepris une guerre juste et qu'il y a de fortes chances que le peuple irakien restera libre à l'avenir et que le pays ne sera pas morcelé (1). Avec le programme d'élections libres, il est persuadé que cette intervention, permettra d'étendre progressivement la démocratie au Moyen Orient et même au delà. Cette guerre a aussi renforcé le camp de la paix dans le conflit israélo-arabe. Les soldats américains ne se sont pas sacrifiés pour rien, car comme l'a dit le président Franklin Roosevelt en 1940, en réponse à l'apologiste du fascisme de l'époque Anne Lindbergh parlant de "la vague du futur", "pour des raisons inexpliquées, l'esclavage et la tyrannie seraient devenus selon elle "la vague déferlante du futur", et la liberté est en régression; mais nous Américains nous savons que cela est un mensonge".

 

Dans un article intitulé "Bonnes nouvelles du monde arabe", dans le numéro du 27/12/04-03/01/05 de Newsweek (tendance démocrate), Fareed Zakaria est franchement optimiste quant aux conséquences des événements provoqués par la guerre d'Irak, la capture de Saddam Hussein et la nouvelle politique américaine de propagation de la démocratie. En dehors du fait que la doctrine d'al Qaeda se révèle un fiasco auprès des masses arabo-musulmanes, puisqu'elle n'a pas induit les soulèvements annoncés par Ben Laden et consorts, les gouvernements arabo-musulmans ont tendance à s'aligner progressivement sur la dynamique américaine, même si certains d'entre eux n'ont pas de sympathie particulière vis à vis des Etats-Unis. Dans les élections en Malaisie et en Indonésie, les partis laïcs ont eu la prééminence sur les partis islamiques. Dans les pays arabes on parle de plus en plus de réformes, et même en Egypte, une nouvelle équipe s'est mise en place pour procéder à des réformes et les valeurs boursières ont doublé en 2004! Craignant pour leurs privilèges et freinant des quatre fers, les élites arabes sont mises sur la défensive. Il y a un contraste entre 2 forums tenus à 10 jours d'intervalle. À l'issue du "Forum pour le Futur" tenu au Maroc, les ministres des affaires étrangères arabes ont adopté l'idée de réformes, …mais après la création d'un état palestinien (!)…et après que les troupes étrangères aient quitté l'Irak.  À l'issue du "Forum de la stratégie arabe" de Doubai, le sheikh Mohamed ibn Rashid al Maqtoum a clairement dit "ça suffit! Je ne vois pas le rapport entre la nécessité de lutter contre l'analphabétisme et la corruption et les affaires étrangères, ni celui qui existe entre le besoin de réformes intérieures et les crises à l'étranger". Les émirats du Golfe, la Jordanie sont sur le même registre. Il reste des dinosaures, comme la Syrie qui reste à l'âge de pierre…(2)

 

Notes

(1)les Kurdes d'Irak ont présenté le 22/12/04 une pétition à Carina Perelli, directrice de la division d'assistance électorale de l'Onu, signée par 1,7 millions de Kurdes (sur 4 ou 5 millions) et appelant à l'indépendance du Kurdistan Irakien. Autonomes depuis 1990, les Kurdes prennent ainsi des précautions, en cas de troubles aggravés dans le pays.

 

(2) Fareed Zakaria ne cite pas les 2 théocraties riches et influentes de la région qui filent du très mauvais coton, l'Arabie saoudite et l'Iran. La première joue aux funambules flirtant à la fois avec un capitalisme féodal et un intégrisme suicidaire, sans l'ombre d'une réforme en vue. La seconde est gouvernée par une clique de mollah-ayatollah qui s'est appropriée le pays, imposant sa volonté dans tous les actes de la vie du citoyen et n'est pas loin de posséder l'arme nucléaire qui lui permettra de perdurer tout en faisant chanter l'Occident. Les deux régimes autoritaires ont des velléités hégémoniques en Islam, le premier dans la voie de la sunna des premiers califes, le second dans la voie conflictuelle de la shia'h de Ali, cousin et gendre de Mahomet. Les deux régimes sont assis sur de confortables réserves pétrolières et tirent les ficelles de vastes réseaux de déstabilisation du monde occidental.

 

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