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QUI SONT LES COMBATTANTS DE LA LIBERTÉ ?

 

Une compilation de Ruthie Blum, avec l’aide de l’Institut de Recherches sur les Media du Proche-Orient (MEMRI) de Washington.

Parue au Jerusalem Post du  20 novembre 2003

Traduit par Stéphane Teicher

 

SA’AD AL-DIN IBRAHIM - égyptien (titulaire de la citoyenneté Américaine)

 

Eminent professeur de sociologie Egyptien à l’Université Américaine du Caire, et Directeur du Centre de Développement Ibn Khaldun, Sa’ad al-Din Ibrahim a été arrêté par les autorités Egyptiennes en Juillet 2002 et condamné à sept ans de prison pour avoir “noué des contacts avec des états étrangers et leur avoir fourni des informations de nature à compromettre les intérêts économiques, sociaux et politiques de l’Egypte, reçu des fonds illégalement, agi comme Organisation Non Gouvernementale (ONG) sans licence, tenté de provoquer des différends religieux entre les Musulmans et les Chrétiens Coptes en Egypte, agi pour saper le régime et la stabilité de l’Etat, et menacé son harmonie sociale”.

De plus, Ibrahim a été accusé d’avoir “menti aux institutions internationales dans le but de recevoir irrégulièrement des fonds, en portant atteinte, en échange, à la bonne réputation de l’Egypte”.

En fait, le vrai crime d’Ibrahim semble d’avoir dénoncé comme frauduleuses les élections Egyptiennes de 1995 — une accusation qui, soit dit en passant, s’est révélée par la suite exacte.

Contrairement à de nombreux autres dissidents arabes, le cas d’Ibrahim a reçu une large attention internationale, quand l’administration Américaine a annoncé qu’elle n’augmenterait pas son aide à l’Egypte, en raison de l’emprisonnement d’Ibrahim. Ibrahim a été relâché de prison en Février 2002, en même temps que cinq de ses collègues du Centre Ibn Khaldun.

 

ALI SALEM  égyptien

 

Autrefois l’un des auteurs de théâtre et satiristes les plus connus en Egypte, Ali Salem est devenu un paria de la culture pour s’être rendu en Israël à la suite de la signature des accords d’Oslo. Son soutien sans faille au processus de paix a conduit à son expulsion du Syndicat des Ecrivains, en raison de ses “activités de normalisation avec l’entité Sioniste”. Ironie du sort, “Voyage en Israël”, le livre racontant ses voyages qui a provoqué son ostracisme social, est devenu un best seller en Egypte, un signe de la curiosité de beaucoup d’Egyptiens à l’égard d'un pays avec lequel ils vivaient une “paix froide” depuis plus de dix ans.

La notoriété de Salem s‘est encore accrue quand il a coopéré avec le militant des droits politiques Sa’ad al-Din Ibrahim — le professeur emprisonné pour ses prises de positions publiques contre le pouvoir en place — en écrivant un opuscule satirique encourageant les Egyptiens à voter. Ce texte décrit un couple qui arrive à la conclusion que les élections en Egypte sont truquées  parce que l’opinion publique le permet.

Dans la brochure, publiée par le journal Arabe Al-Hayat, basé à Londres, la femme dit: “C’est le peuple de la rue qui décide du gouvernement qui le régira. Participez aux élections et votez pour une personne en qui vous avez confiance, qu’elle soit un Musulman ou un Chrétien, un homme ou une femme…et ensuite, demandez des comptes.”.

Bien que, contrairement à Ibrahim, Salem n’ait jamais été emprisonné, il a été interrogé pendant plusieurs heures par les autorités Egyptiennes, et en fin de compte accusé par le régime de “porter atteinte à la bonne réputation de l’Egypte”.

 

HASHEM AGHAJARI, iranien

 

Professeur d’histoire à l’Université de Hamadan, journaliste, et membre actif de l’Organisation Islamiste réformiste des Mujahideen de la Révolution, Hashem Aghajari s’est attiré les foudres du gouvernement Iranien quand il a prononcé un discours appelant à la réforme de l’establishment religieux Islamique.

"Dans notre culture, nous avons besoin d’un humanisme Islamique” dit-il. Tout être humain a une valeur, aucun ne peut être écrasé. Ce principe est établi dans notre Constitution. Malheureusement, dans la dernière décennie, les esprits du peuple de la République Islamique se sont convaincus du contraire. Cela a été pour eux une justification de la torture. Ils (les religieux dominants) disent: “Nous avons arrêté une personne, elle a des informations, elle fait partie d’un groupe quelconque, elle a participé activement à quelque chose. Soumise à un interrogatoire ordinaire, elle n’a rien avoué, nous devons donc la torturer pour la faire chanter comme un canari”. C’est exactement ce que la Constitution condamne — mais ceux qui nous régissent ne la respectent pas.

De telles déclarations ont eu pour conséquence de l’accuser d’attaquer l’Islam et son Prophète, un crime pour lequel il a été condamné à mort en Novembre 2002.

Ce verdict a entraîné des protestations internationales sur le sort du prisonnier Aghajani, ce qui explique peut-être pourquoi la sentence de mort n’a pas encore été exécutée.

 

JAMAL KHASHOGGI, saoudien

 

Quelques semaines seulement après être devenu le troisième rédacteur en chef du quotidien libéral Saoudien Al-Watan, Jamal Khashoggi a été renvoyé par le Ministère Saoudien de l’Information le 27 Mai de cette année.

Les pages d’opinion pluralistes du journal — avec des articles critiquant la “police religieuse” du gouvernement Saoudien, ou défendant les droits des femmes (comme le droit de conduire des automobiles) — ont à plusieurs reprises irrité les Islamistes du pays, entraînant une grande “valse” des rédacteurs depuis la création du journal il y a trois ans.

Le cercueil de Khashoggi’s a été définitivement scellé après un éditorial de Khaled Al-Ghanami publié une semaine après les attentats suicide de Ryadh du 12 Mai, et qui s’en prenait à la nature sanguinaire du Wahabisme — le courant Islamiste officiel en Arabie Saoudite. Il est maintenant conseiller à l’information de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Londres, le Prince Turki Al-Faisal.

 

LAFIF LAKHDAR, tunisien

 

Figure emblématique du mouvement pour la modernisation et la sécularisation dans le monde Arabe, le journaliste Tunisien Lafif Lakhdhar a été renvoyé du quotidien Arabe basé à Londres Al-Hayat, par son propriétaire Saoudien, le Prince Khaled bin Sultan, à la suite de son intervention sur la chaîne de télévision al-Jazeera en Octobre 2002. Cela faisait suite à sa suspension l’année dernière, en raison des idées libérales qu’il exprimait régulièrement dans son éditorial hebdomadaire.

Ses déclarations au cours de l’émission qui a conduit à son éviction comportaient de vives critiques du monde Arabe en général, et des appels à mettre fin aux pratiques “barbares” incluant en particulier l’oppression des femmes et le recours à la torture pour des délits mineurs.

Lakhdar vit actuellement à Paris, où il continue à exprimer une violente opposition à ce qu’il considère comme des pratiques Arabes rétrogrades, et à affirmer son soutien aux idéaux de l’Occident.

"…Tous les peuples du monde suivent le cours de l’histoire vers la globalisation, vers une société du savoir et une modernisation de la politique — tous sauf vous, qui courrez dans le sens opposé”, écrivait-il en Mai sur le site web libéral Elaph.

 

OMAR IBRAHIM KARSOU, palestinien

 

Banquier à Naplouse, et vivant à Ramallah jusqu’à son déménagement à New York, il y a quelques années, Omar Karsou a fondé une organisation nommée Démocratie en Palestine, dans le but de déclencher un défi en profondeur à Yasser Arafat et d’introduire une réforme de l’Autorité Palestinienne. A cette fin, Karsou — qui a épousé le discours du Président Américain George W. Bush sur  "l’axe du mal", — a rencontré de hautes personnalités à Washington, pour discuter d’un nouveau leadership.

Voici un extrait d’un éditorial que Karsou a publié dans le The Daily Telegraph en Juillet 2002:

"…Les gens du Moyen Orient adorent vivre sur le passé — cela fait partie de notre “jeu de la victimisation”: c’est toujours la faute d’un autre. Mais pour forger l’avenir, nous devons aller au-delà du passé. Si nous voulons espérer un futur meilleur pour la prochaine génération, il nous faut être responsables et bâtir de nouvelles stratégies. Nous devons mettre le pouvoir dans les mains de vrais représentants de la majorité, tout en donnant à la minorité la même possibilité d’expression.

"C’est seulement par un système démocratique que nous pourrons assurer une paix durable et une prospérité prolongée. C’est le seul moyen d’être sûr qu’une méritocratie distinguera un Palestinien d’un autre. Alors seulement, nous pourrons être sûrs que les leaders que nous élirons ont à cœur les intérêts du peuple, car sinon ils sauront qu’il ne seront plus élus.

"Voilà qu’il y a brusquement une bonne occasion de discuter de réformes et d’élections en Palestine. C’est parfait. Mais la démocratie n’est pas simplement la pratique de l’élection d’un leader. Après tout, l’Union Soviétique tenait régulièrement des élections, et les Cubains sont appelés aux urnes tous les cinq ans. Avant que des élections n’aient lieu en Palestine, nous devons nous assurer que tous les autres éléments d’une société libre soient en place: liberté de la presse, liberté de tenir des réunions politiques, temps de parole égaux sur les media d’Etat.

"Mais surtout, nous devons changer notre système électoral. Le système actuel a été adopté pour mettre au pouvoir un homme fort — le résultat inévitable a été un gouvernement dictatorial. Tomber dans le même piège serait une catastrophe nationale".

 

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