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La Turquie est une Menace pour le Moyen-Orient

 

par Amine Ayoub, analyste politique de « Middle East Forum »

15/4/25

Texte en anglais ci-dessous

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Sous la direction de Recep Tayyip Erdoğan, la Turquie s'est débarrassée de ses fondements laïcs, a embrassé la politique islamiste et a adopté la façon de gouverner  autoritaire des hommes forts du Moyen-Orient. Pourtant, malgré sa politique étrangère agressive, ses liens islamistes et son aventurisme militaire, les gouvernements occidentaux continuent de traiter la Turquie comme un partenaire européen et s'accrochent à une vision dépassée d'un allié de l'OTAN et d'un pont démocratique vers le Moyen-Orient.

 

Pendant près d'un siècle, la Turquie a été un rare État laïc dans le monde musulman. Fondée par Mustafa Kemal Atatürk, la République turque a tenu la religion à l'écart, adoptant une gouvernance, une éducation et un droit de type occidental. Cette époque est révolue.

L'alignement de la Turquie sur l'islam politique est également évident dans sa politique étrangère. Elle a activement soutenu les mouvements islamistes au Moyen-Orient, en apportant un soutien politique et financier à des groupes tels que les Frères musulmans et le Hamas.

Alors que les diplomates occidentaux espèrent toujours que la Turquie sera une force stabilisatrice, ses actions racontent une autre histoire.

En Syrie, la Turquie a soutenu les milices islamistes, facilité le mouvement des combattants jihadistes et lancé des incursions militaires qui ont déplacé des milliers de personnes. Elle prétend lutter contre le terrorisme, mais elle a attaqué les forces kurdes qui ont aidé l'Occident à vaincre ISIS.

En Libye, la Turquie a alimenté le conflit en envoyant des mercenaires syriens combattre avec des factions islamistes, alors que les nations occidentales poussaient à des solutions diplomatiques.

Dans le Caucase, la Turquie a cherché à exercer une influence par le biais d'une intervention militaire. Lors du conflit du Haut-Karabakh en 2020, elle a apporté un soutien direct à l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, en envoyant des armes, des renseignements et des combattants étrangers.

Ses relations avec l'Iran se sont renforcées ces dernières années, les deux pays coopérant dans les domaines militaire et du renseignement. Alors que l'Occident impose des sanctions à l'Iran, la Turquie l'aide à les contourner, en facilitant le commerce illicite du pétrole et de l'or.

Les liens étroits de la Turquie avec le Qatar mettent en évidence son identité régionale. Les deux pays partagent un lien idéologique islamiste, chacun finançant et soutenant des groupes affiliés aux Frères musulmans.

Les relations de la Turquie avec la Russie ont soulevé de sérieuses questions. En tant que membre de l'OTAN, la Turquie devrait s'opposer à l'expansion militaire russe, mais elle a acheté des systèmes de défense antimissile russes S-400 au mépris des sanctions occidentales. La Turquie ne se considère plus comme liée aux structures de sécurité occidentales.

Les gouvernements occidentaux doivent élaborer des politiques qui reconnaissent la réalité des ambitions de la Turquie, plutôt que de s'accrocher à des cadres diplomatiques dépassés.

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Turkey is a Middle Eastern Threat

by Amine Ayoub

15/4/25

 

Under Recep Tayyip Erdoğan, Turkey has shed its secular foundations, embraced Islamist politics, and adopted the authoritarian playbook of Middle Eastern strongmen. Yet, despite its aggressive foreign policy, Islamist ties, and military adventurism, Western governments continue treating Turkey as a European partner, and clinging to an outdated vision of a NATO ally and a democratic bridge to the Middle East.

 

For nearly a century, Turkey was a rare secular state in the Muslim world. Founded by Mustafa Kemal Atatürk, the Turkish Republic kept religion at arm’s length, embracing Western-style governance, education, and law. That era is over. 

Turkey’s alignment with political Islam is also evident in its foreign policy. It has actively supported Islamist movements across the Middle East, providing political and financial backing to groups like the Muslim Brotherhood and Hamas. 

While Western diplomats still hope for Turkey to be a stabilizing force, its actions tell a different story.

 

In Syria, Turkey has backed Islamist militias, facilitated the movement of jihadist fighters, and launched military incursions that have displaced thousands. It claims to fight terrorism, yet it has attacked the very Kurdish forces that helped the West defeat ISIS.

In Libya, Turkey has fuelled conflict by sending Syrian mercenaries to fight for Islamist factions, while Western nations pushed for diplomatic solutions.

In the Caucasus, Turkey has sought to exert influence through military intervention. During the 2020 Nagorno-Karabakh conflict, it provided direct support to Azerbaijan against Armenia, sending weapons, intelligence, and foreign fighters.

Its relationship with Iran has grown stronger in recent years, with the two countries cooperating on military and intelligence matters. While the West imposes sanctions on Iran, Turkey helps it evade them, facilitating illicit oil and gold trade.

Turkey’s close ties with Qatar further expose its regional identity. The two nations share an Islamist ideological bond, with both funding and supporting Muslim Brotherhood-affiliated groups.

Turkey’s dealings with Russia have raised serious questions. As a NATO member, Turkey should be opposing Russian military expansion, yet it purchased Russian S-400 missile defense systems in direct defiance of Western sanctions. Turkey no longer sees itself as bound to Western security structures.

 

Western governments need to craft policies that acknowledge the reality of Turkey’s ambitions, rather than clinging to outdated diplomatic frameworks.