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SOYONS OPTIMISTES

 

Par Dr Joel Fishman, membre du Jerusalem Center for Public Affairs

Paru dans Maqor Rishon  le 11/08/06

Traduit par Albert Soued

 

Au moment où cet article est publié, Israël aura été déjà engagé dans une guerre avec le Hezbollah et le Liban pendant près d'un mois. La presse a couvert ces événements d'heure en heure et dans notre démocratie ces informations ont atteint le public à un taux sans précédent. Nous avons reçu des rapports détaillés des discussions ministérielles; un commentateur a annoncé dans les pages de Haaretz que les troupes étaient démoralisées, et Zev Schiff a rapporté que, selon son point de vue, la guerre avait été mal gérée. Plus récemment, le Chef d'état-major a nommé le général Moshe Kaplinsky comme son représentant personnel sur le front Nord, ce qui signifie qu'il avait relevé le Général Udi Adam de son commandement. Ceci signifie non seulement que le Chef d'état-major était mécontent de la conduite de la guerre, mais aussi que le gouvernement d'Israël n'avait pas atteint les buts militaires et politiques qu'il s'était fixés. Le flot de missiles ennemis a tué des civils et a interrompu la vie et l'économie dans le Nord du pays. Ainsi, nous sommes maintenant engagés dans un conflit où nous avons été incapables de désarmer l'ennemi et encore moins de le forcer à faire ce que nous souhaitions. Nos dirigeants ont fort mal évalué l'ennemi et ses capacités militaires. Mais il y a plus dans cette histoire

 

Après une période longue de paix relative, une démocratie qui n'est pas impliquée dans une guerre majeure, doit subir des changements sérieux afin de mener toute guerre efficacement. On sait aussi qu'au début d'une guerre, une démocratie qui a été en paix pendant une longue période a un désavantage temporaire. L'Angleterre et les Etats-Unis se sont trouvés dans cette situation au début de la deuxième Guerre  Mondiale.

 

La personne à l'origine de ces observations n'est autre que le philosophe français Alexis de Tocqueville, l'auteur de De la démocratie en Amérique dont le deuxième volume parut en 1838. Tocqueville écrivait:

Je pense… qu'un peuple démocratique qui entreprend une guerre après une longue période de paix court beaucoup plus qu'un autre le risque de connaître la défaite ; mais il ne doit pas se laisser facilement abattre par ces revers, parce que les possibilités de son armée augmentent avec la durée de la guerre.

Quand elle se prolonge, la guerre arrache progressivement tous les citoyens à leurs occupations pacifiques et met un terme à leurs petites affaires ; et la passion qui leur faisait donner un grand prix à la paix les conduit alors vers les armes. Après avoir détruit toutes les activités (civiles), c'est la guerre elle-même qui devient la grande et l'unique activité. Les désirs ardents et ambitieux auxquels l'égalité a donné naissance et qui se sont déployés dans tous les domaines, se concentrent sur elle seule. C'est pourquoi les nations démocratiques qui ont tant de difficulté à pénétrer sur le champ de bataille, font souvent des choses prodigieuses quand elles réussissent à prendre les armes.

Tocqueville décrit également une autre forme de transition d'une démocratie de l'état de paix à l'état de guerre. Des hommes plus jeunes, plus capables et plus ambitieux peuvent remplacer les anciens officiers privés d'imagination et devenus rigides à l'époque de la paix. Selon l'analyse de Tocqueville, la nomination de Moshe Kaplinsky qui vient d'intervenir représente le début de ce processus salutaire dans l'armée israélienne (Tsahal). Cette reaction salubre peut avoir aussi des effets positifs sur la hiérarchie politique en Israël. Pour comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons, nous devons avoir à l'esprit que la guerre n'est pas seulement une compétition entre des armées. C'est aussi une compétition entre des sociétés. Fondamentalement, Israël a une société plus saine et plus forte que celle de l'ennemi, mais ses réactions lentes ou hésitantes viennent de la nature de son régime démocratique. Israël a beaucoup de points forts, mais sa force principale consiste dans la société démocratique qui est derrière son armée.

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