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LES CHRETIENS PALESTINIENS DE BETHLEEM ONT PEUR DE LEURS VOISINS

 

Par Khaled A. Toameh

Jerusalem Post du 25/01/07

Titre original anglais : "Bethlehem Christians fear neighbours".

Traduction française : Menahem Macina, pour le site UPJF et Echo d'Israël

 

Un certain nombre de familles chrétiennes ont finalement décidé de briser le silence et de parler ouvertement de ce qu’ils décrivent comme une persécution musulmane de la minorité [chrétienne], à Bethléem.

Ce développement intervient à la suite d’attaques de plus en plus nombreuses perpétrées par des musulmans contre des chrétiens, au cours des derniers mois. Les familles affirment qu’elles ont écrit au Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, au Vatican, à des responsables européens d’Eglises et de gouvernements, pour se plaindre de ces attaques, mais que leurs appels ont été ignorés.

Selon ces familles, il y a longtemps que beaucoup de chrétiens ont peur de se plaindre publiquement de cette campagne "d’intimidation", par peur des représailles de leurs voisins musulmans et pour ne pas se voir traiter de "collaborateurs" d’Israël.

Mais, suite à un accroissement des attaques contre des biens appartenant à des chrétiens de la ville, durant les mois écoulés, quelques chrétiens n’ont plus peur de s’exprimer à propos de cette situation ultra sensible. Et ils parlent ouvertement de quitter la ville.

« La situation est très dangereuse », dit Samir Qumsieh, propriétaire de la station de télévision privée, Al-Mahd (Nativité), à Beit Sahur. « Je pense que, dans 15 ans d’ici, il ne restera plus de chrétiens à Bethléem. Il faudra bien chercher pour trouver un chrétien ici. C’est une situation extrêmement triste. »

Qumsieh, l’un des rares chrétiens qui acceptent de parler de la dure situation de leur communauté, a été l’objet de nombreuses menaces de mort. Récemment, sa maison a été attaquée à l’aide d’engins explosifs incendiaires, mais personne n’a été atteint.

Qumsieh affirme avoir relevé plus de 160 cas d’attaques contre des chrétiens de la région, ces dernières années.

Il relate qu’un moine a été roué de coups pour avoir tenté d’empêcher un groupe d’hommes musulmans de s’emparer de terres appartenant à des chrétiens, à Beit Sahur.

 

Fouad et Georgette Lama ont découvert en s’éveillant, un jour de septembre dernier [2006], que des musulmans d’un village voisin avaient entièrement clôturé un terrain de 6 km2 leur appartenant, dans le quartier de Karkafa, au sud de Bethléem. « Un avocat et un fonctionnaire de l’Autorité Palestinienne sont tout simplement venus prendre notre terrain », dit Georgette Lama, qui est âgée de 69 ans.

Plus tard, le couple a reçu la visite d’officiers de haut rang de l’Autorité Palestinienne, qui leur ont proposé d’expulser les intrus de leur terrain. « Nous leur avons versé 1000 dollars pour qu’ils nous aident à récupérer notre bien », explique la femme en pleurs. « Au lieu de nous restituer notre terrain, ils ont tout simplement décidé de le garder pour eux. Ils ont même détruit tous les oliviers et divisé le terrain en petites parcelles, pour les mettre en vente séparément, semble-t-il. » Quand Fuad, son mari, qui est âgé de 72 ans, est allé jusqu’au terrain pour demander aux intrus de s’en aller, il a été durement battu et menacé avec des armes.

« Mon mari vient de subir une opération de chirurgie cardiaque et ils le battent quand même », dit Georgette Lama. « Ces gens n’ont pas de cœur. Nous n’osons pas aller sur notre terrain, de peur qu’ils nous tirent dessus. Depuis les coups qu’il a subis, mon mari est en état de choc et il a du mal à parler. »

Depuis, les Lama se sont adressés à de nombreux fonctionnaires de l’Autorité Palestinienne à Bethléem, pour leur demander d’intervenir, mais sans succès. A un certain stade, ils ont adressé une lettre à Abbas, qui a promis d’ouvrir une enquête.

« Nous avons entendu dire que le Président Mahmoud Abbas prend notre affaire très au sérieux », dit Georgette Lama. « Mais jusqu’à maintenant, il n’a rien fait pour nous aider à récupérer notre terrain. Nous sommes très inquiets parce que nous sommes les seuls à souffrir de ce phénomène. La plupart des chrétiens ont peur de parler, mais cela m’est égal parce que nous n’avons plus rien à perdre. »

D’après Edouard Salama, un voisin chrétien du couple, le problème de la ville est l’absence de loi et d’ordre. « Nous vivons dans une situation de chaos et d’anarchie », dit-il. « La police a peur des hors-la-loi qui s’emparent de nos terres. »

Salama fait état de sa profonde inquiétude concernant les conditions de vie des chrétiens à Bethléem, attirant l’attention sur le fait que beaucoup d’entre eux quittent le pays en raison de cette détérioration.

« En voyant ce qui arrive aux chrétiens ici, je m’inquiète beaucoup pour notre avenir », dit-il. « Ils s’en prennent aux chrétiens parce que nous sommes considérés comme faibles. »

Les Lama disent qu’ils ont décidé de rendre l’affaire publique, dans l’espoir que la communauté internationale interviendra auprès de l’AP pour qu’il soit mis un terme aux saisies arbitraires de terres. « Nous ne cesserons pas de nous battre jusqu’à ce que nous récupérions notre terre », dit Fuad Lama. « Nous ferons appel aux tribunaux et à l’opinion publique pour qu’ils nous aident. »

« Malheureusement, les dirigeants et porte-parole chrétiens ont peur de parler des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Nous connaissons trois autres familles chrétiennes - les Salameh, Kawwas et Asfour -, dont les terres ont aussi été saisies illégalement par des musulmans. »

Un homme d’affaires chrétien, qui a requis l’anonymat, déclare que la situation des chrétiens, à Bethléem et dans ses environs, s’est détériorée depuis que la région a été transférée à l’AP en 1995.

« Chaque jour nous apprenons qu’une famille chrétienne a émigré aux Etats-Unis, au Canada ou en Amérique latine », dit-il. « Aujourd’hui, les chrétiens représentent moins de 15% de la population. Les gens s’enfuient parce que le gouvernement palestinien ne fait rien pour les protéger, eux et leurs biens, contre les hors-la-loi palestiniens. Bien entendu, tous les Palestiniens ne sont pas responsables [de cet état de choses], mais le sentiment général est que les chrétiens sont devenus des proies faciles. »

 

 

 

 

Bethlehem Christians fear neighbors

Khaled Abu Toameh, THE JERUSALEM POST
Jan. 25, 2007

A number of Christian families have finally decided to break their silence and talk openly about what they describe as Muslim persecution of the Christian minority in this city.
The move comes as a result of increased attacks on Christians by Muslims over the past few months. The families said they wrote letters to Palestinian Authority Chairman Mahmoud Abbas, the Vatican, Church leaders and European governments complaining about the attacks, but their appeals have fallen on deaf ears.
According to the families, many Christians have long been afraid to complain in public about the campaign of "intimidation" for fear of retaliation by their Muslim neighbors and being branded "collaborators" with Israel.
But following an increase in attacks on Christian-owned property in the city over the past few months, some Christians are no longer afraid to talk about the ultra-sensitive issue. And they are talking openly about leaving the city.

"The situation is very dangerous," said Samir Qumsiyeh, owner of the Beit Sahur-based private Al-Mahd (Nativity) TV station. "I believe that 15 years from now there will be no Christians left in Bethlehem. Then you will need a torch to find a Christian here. This is a very sad situation."
Qumsiyeh, one of the few Christians willing to speak about the harsh conditions of their community, has been the subject of numerous death threats. His house was recently attacked with fire-bombs, but no one was hurt. Qumsiyeh said he has documented more than 160 incidents of attacks on Christians in the area in recent years.
He said a monk was recently roughed up for trying to prevent a group of Muslim men from seizing lands owned by Christians in Beit Sahur. Thieves have targeted the homes of many Christian families and a "land mafia" has succeeded in laying its hands on vast areas of land belonging to Christians, he added.
Fuad and Georgette Lama woke up one morning last September to discover that Muslims from a nearby village had fenced off their family's six-dunam plot in the Karkafa suburb south of Bethlehem. "A lawyer and an official with the Palestinian Authority just came and took our land," said 69-year-old Georgette Lama.
The couple was later approached by senior PA security officers who offered to help them kick out the intruders from the land. "We paid them $1,000 so they could help us regain our land," she said, almost in tears. "Instead of giving us back our land, they simply decided to keep it for themselves. They even destroyed all the olive trees and divided the land into small plots, apparently so that they could offer each for sale." When her 72-year-old husband, Fouad, went to the land to ask the intruders to leave, he was severely beaten and threatened with guns.
"My husband is after heart surgery and they still beat him," Georgette Lama said. "These people have no heart. We're afraid to go to our land because they will shoot at us. Ever since the beating, my husband is in a state of trauma and has difficulties talking."
The Lamas have since knocked on the doors of scores of PA officials in Bethlehem seeking their intervention, but to no avail. At one stage, they sent a letter to Abbas, who promised to launch an investigation.
"We heard that President Mahmoud Abbas is taking our case very seriously," said Georgette Lama. "But until now he hasn't done anything to help us get our land back. We are very concerned because we're not the only ones suffering from this phenomenon. Most Christians are afraid to speak, but I don't care because we have nothing more to lose."
The couple's Christian neighbor, Edward Salama, said the problem in the city was the absence of law and order. "We are living in a state of chaos and lawlessness," he said. "The police are afraid of the thugs who are taking our lands."
Salama expressed deep concern over the conditions of Christians in Bethlehem, noting that many were leaving the country as a result of the deterioration.
"When I see what's happening to Christians here, I worry a lot for our future," he said. "They are targeting Christians, because we are seen as weak."
The Lamas said they decided to go public with the hope that the international community would intervene with the PA to halt the land-grab. "We will fight and fight until we recover our land," Fuad Lama said. "We will resort to the courts and to the public opinion for help."Unfortunately, Christian leaders and spokesmen are afraid to talk about the problems we are facing. We know of three other Christian families -
Salameh, Kawwas and Asfour - whose lands were also illegally seized by Muslims."
A Christian businessman who asked not to be identified said the conditions of Christians in Bethlehem and its surroundings had deteriorated ever since the area was handed over to the PA in 1995.
"Every day we hear of another Christian family that has immigrated to the US, Canada or Latin America," he said. "The Christians today make up less than 15 percent of the population.
People are running away because the Palestinian government isn't doing anything to protect them and their property against Muslim thugs. Of course not all the Muslims are responsible, but there is a general feeling that Christians have become easy prey."