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LE NOUVEAU CROISSANT HYBRIDE

syrie, dictature, hégémonie en orient, guerre, subversion, terrorisme 

Par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued/conf.htm

Le 20 octobre 2004.

 

Bush ou Kerry à la tête de la plus grande puissance du monde ? Les terroristes islamiques n'en ont cure. Avec Kerry, ils ont l'avantage de dire qu'ils ont semé le trouble dans la détermination du peuple américain, bien que cela ne soit pas vrai. Mais les centaines de millions d'opprimés dans les pays arabo-isamiques le croiront à coup sûr et les al Qaeda-Hezbollah-Hamas Inc en sortiront grandis auprès d'eux. Rappelons qu'un des objectifs de cette nébuleuse de la terreur est de renforcer l'image du "moujahed- conquérant" auprès des masses et de recruter des candidats au jihad et au suicide. L'autre objectif est plus vaste, la prééminence islamique, au Moyen Orient pour commencer. Avec Bush ou Kerry, les objectifs restent les mêmes, et la stratégie ne change pas.

 

Un ambassadeur américain à Damas disait, les pays du Moyen Orient exportent des dattes, des tapis, du pétrole; la Syrie n'exporte que des ennuis.

La Syrie a toujours été guidée par des ambitions hégémoniques malgré ses limites. Elle a toujours rêvé d'un Croissant arabe, allant de l'embouchure de l'Euphrate sur le Golfe Persique, jusqu'au Nil. D'où dans le passé des liens étroits entre les partis Baath de Syrie et d'Irak, et l'union éphémère entre la Syrie et la République Arabe Unie (Egypte). D'où l'intérêt particulier que la Syrie a toujours porté à l'effervescence palestinienne, au milieu de ce beau Croissant (1), en abritant, en armant et en encourageant toutes les tendances de la terreur palestinienne, depuis la marxiste jusqu'à la plus intégriste. Aujourd'hui encore ce rêve se poursuit.

Prudente, l'Egypte est aujourd'hui sur la défensive. L'Irak est sur la route de la démocratie grâce aux Américains.

L'Arabie a un projet wahabite concurrent du Croissant Syrien pour la prééminence en Islam, projet sunnite qui risque de remettre en cause la dynastie alaouite des Assad, minoritaire en Syrie. La secte alaouite est perçue par les sunnites de Riyad comme une hérésie de l'"hérésie" shiite.

Que reste-t-il à l'héritier de Hafez al Assad pour assouvir le rêve alaouite dans un pays exsangue et dans une situation politique très défavorable et surtout, pour ne pas tomber dans l'oubli de l'histoire ? Il reste la subversion, et toujours le même but, le "Croissant fertile" arabe, devenu aujourd'hui le "Croissant hybride", arabo-islamique.

 

Arrivé au pouvoir par hasard, son frère Bassel le prétendant "au trône" des Assad étant mort dans un accident de voiture,  Bashar el Assad a commencé par trouver une affinité particulière (shiite, bien sûr) avec le chef du Hezbollah, Nasrallah, qu'il admire jusqu'à la vénération. Après le départ des Israéliens du Liban Sud qui, selon les textes de l'Onu, devait être sécurisé par l'armée libanaise, le parti Hezbollah s'est empressé de s'y installer, empêchant le Liban d'assumer sa souveraineté sur cette portion sensible du Liban. La Syrie contribue alors à l'armement à outrance de cette zone qui est truffée de dizaines de milliers de missiles dirigés contre Israël.

 

Après la libération de l'Afghanistan des mains des talibans, Assad a vu venir la menace sur l'Irak, et il s'est senti lui-même menacé pour avoir entretenu des relations particulières et pétrolières avec Saddam Hussein. Il s'est empressé d'héberger nombre de responsables baathistes irakiens en fuite, avec une partie de l'arsenal d'armes chimiques et biologiques non détruites. Assad avait besoin d'une "protection". Ces armes constituent pour lui une forme de protection, la subversion et le chantage faisant le reste. De plus, un régime démocratique en Irak va à l'encontre du rêve des Assad dont la culture est mafieuse, faite de dictature, torture, meurtre, terreur, chantage, assassinats massifs, trafic de drogue, contrefaçon de billets de banque…

La Syrie facilite le passage en Irak des armes et des combattants islamiques irakiens ou autres qui vont piéger les américains et les velléités démocrates locales à coup de voitures-suicides et d'engins explosés à distance. La Syrie est un pays de transit des terroristes d'al Qaeda.

La Syrie occupe le Liban depuis 1979… La Syrie se moque des récentes injonctions de l'Onu de quitter le Liban; elle a rappelé 3000 soldats sur 20/30 000, et les a remplacés par des civils du Renseignement Syrien. Il ne faut pas perdre de vue que l'économie syrienne dépend de l'exploitation du pavot dans la Beka'aa et du million de syriens implantés au Liban et l'exploitant depuis le début de son occupation, au détriment des Libanais chrétiens et musulmans qui s'expatrient (2).

 

Et surtout la Syrie est devenue l'"homme de main" du régime des ayatollahs en lran, dans leur lutte pour la survie. Contrairement au Syrien, le gouvernement Iranien a les moyens financiers de ses ambitions, maintenir un régime islamique honni dans la Perse d'antan et avoir une influence hégémonique sur l'Islam (la revanche de A'li sur la sunna)

Malgré toutes les injonctions des Etats-Unis, les efforts de persuasion de l'Europe et les contrôles de l'Onu, les intégristes iraniens sont décidés à aller au bout de leur programme d'enrichissement nucléaire, jusqu'à l'arme nucléaire. Le premier but de cette arme est, comme on l'a dit, un chantage pour la survie du régime, à l'instar de la Corée du Nord. Le but avoué et maintes fois clamé est la destruction de l'état d'Israël.

L'ex-Président Iranien Hashemi Rafsanjani n'a-t-il pas dit "une seule bombe éliminerait Israël, mais ne ferait qu'égratigner le monde islamique!"

Ce que les dirigeants intégristes ne disent pas, c'est que leur objectif nucléaire risque de devenir un programme de destruction de l'humanité, selon la doctrine messianique shiite d'apparition du sauveur caché, le Mahdi, qui surgira des cendres d'un monde révolu…

Les dirigeants iraniens n'ont cesse de nier leur programme militaire, mais il est patent qu'ils cachent à l'Onu et à l'Occident un certain nombre de facilités et de réacteurs nucléaires (3). Le "jeu du chat et de la souris" dure depuis de nombreuses années déjà et les spécialistes militaires sont convaincus que l'Iran est très près de l'arme nucléaire et les Etats-Unis ne sont pas loin de l'usage éventuel de la force pour arrêter ce projet dément. Israël ne pourra agir qu'avec le consentement américain.

Téhéran comme Damas héberge des bureaux de toutes les organisations terroristes palestiniennes et leur offre également des camps d'entraînement, de l'argent et des armes. Avec la disparition du pouvoir de l'Autorité Palestinienne, ces organisations reçoivent aujourd'hui les directives de l'Iran via la Syrie et le H'ezbollah.

Selon Dichter, responsable du renseignement israélien, le Hezbollah contrôle actuellement 45 cellules terroristes dans les territoires autonomes. Ces cellules ont commis depuis le début de l’année 2004, 60 attentats, soit un tiers des attaques totales, se soldant par la mort de 21 Israéliens et 33 blessés. Dichter a ajouté que l’Iran voulait exporter la révolution khomeiniste islamiste vers la bande de Gaza et la Cisjordanie, ainsi que vers les Arabes israéliens, après qu'il ait réussi à implanter cette révolution au Liban.

Or les organisations terroristes palestiniennes comme le Hamas sont sunnites. Il n'y a pas de terrorisme druze, seule minorité shiite en Israël.

 

On voit ainsi apparaître la forme d'un Croissant hybride, allant d'Iran en Palestine, via la Syrie-Liban, formé d'un mélange de religion, de passions, de rêves, de peurs et de volontés de pouvoir hégémonique et surtout de revanches. Revanche sur le grand Satan et le petit Satan, mais aussi sur l'ennemi originel, ceux qui ont tué A'li, Hassan et Hussein, les premiers Khalifa de l'Islam, ceux de la sunna. Mais cette revanche, c'est pour plus tard….

 

Notes

(1) Dans les années 60/70, le nassérisme en Egypte, le baathisme en Syrie-Irak et le nationalisme palestinien étaient tous laïcs.

(2) l'Europe vient de signer un vaste accord de coopération économique et politique avec la Syrie, alors que les Etats-Unis envisagent de renforcer leur blocus de la Syrie.

Deux signaux inverses qui renforcent les dictatures du Moyen Orient.

(3) L'Iran a 4-5 réacteurs nucléaires et peut-être d'autres construits en secret, selon Ha'aretz.

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