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UNE CRISE A L’ECHELLE DU MOYEN ORIENT

 

Paru dans Al Hayat journal en arabe paraissant à Londres

Traduit et édité par Courrier International n° 864 - 24 mai 2007

 

Les affrontements provoqués par le Fatah Al-Islam au Liban résument à eux seuls la crise qui agite l’ensemble du Proche-Orient. Elle s’explique par de nombreux facteurs, mais l’un des plus importants est toujours passé sous silence.

Il y a d'abord [l’absence de] réforme religieuse et de réconciliation de l’Islam avec l’Etat-nation. L’action à long terme dans les domaines de l’éducation et de la culture est la seule qui puisse barrer la route à l’état d’esprit du djihad, qui finit toujours par se retourner contre les populations ayant engendré ses combattants en Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie et ailleurs.
Il y a ensuite la collusion du régime syrien avec des groupes islamistes de terreur, ce dont les camps palestiniens de la ville de Tripoli offrent une belle illustration. Cette collusion s’explique par le fait que la dictature croit toujours pouvoir jouer au plus malin et utiliser n’importe quelle carte, n’hésitant devant aucune compromission pour assurer sa survie. Il n’est pas besoin d’insister pour dire que ceux qui se sont essayés à ce jeu ont fini par se brûler les ailes.
Troisièmement, il y a le problème des groupes palestiniens qui, au Liban, ont le droit de porter les armes. Tandis que les Arabes ânonnent de grands discours sur la solidarité avec la résistance palestinienne, ces groupes finissent par intimider tous ceux qui n’en font pas partie. On invoque une unité qui n’est que verbale face à Israël qui s’est retiré au-delà des frontières internationales. Dans le même temps, à l’intérieur de nos frontières, on se divise entre factions ennemies et haineuses.
Quatrièmement, il y a l’incapacité de l’Etat libanais à redresser la situation sécuritaire, mais aussi économique, à résorber les poches de pauvreté et à empêcher l’exclusion et l’analphabétisme de progresser. Ce sont là autant de brèches offertes aux organisations telles qu’Al-Qaida pour investir le terrain et recruter des sympathisants.

Finalement, les Etats arabes sont incapables d’offrir une solution au problème des réfugiés palestiniens qui se trouvent sur leur sol. Alors qu’on affiche une adhésion à leur cause, on les enferme dans des camps. Il faudrait inverser l’équation et commencer par cesser les grands discours et faire de petits pas dans la résolution des petits problèmes quotidiens. Cessons de nous intéresser à "la cause" et intéressons-nous plutôt aux êtres humains. Avant qu’ils ne deviennent des kamikazes.