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LE TROISIÈME ROUND ET LA PALESTINE

 

Par Albert SOUED, écrivain – 3 juin 2003 – www.chez.com/soued

 

Après les événements du 11 Septembre 2001 à New York, les Etats-Unis ont pris la décision d’éradiquer le terrorisme, là où il se trouvait, en s’attaquant à deux cibles : les terroristes eux-mêmes et les pays qui les hébergent ou qui les protègent.

L’Afghanistan a été libéré des Talibans qui hébergeaient Al Qaeda , principal auteur de la destruction des tours de Manhattan. Et du même coup, le pays a été débarrassé d’un régime islamiste moyenâgeux et totalitaire.

Après 12 ans d’atermoiements, l’Irak vient d’être libéré d’un autocrate qui gouvernait par la terreur et qui développait des armes de destruction massive. Il s’agissait là de terminer une opération entreprise en 1991 par le père de l’actuel président américain et non achevée. Du même coup, le pays a été débarrassé d’un  régime fasciste et qui, quoique laïc, flirtait avec l’islamisme d’Al Qaeda, hébergeant dans la montagne kurde les rescapés de cette organisation, au sein de l'entité Ansar al Islam.

 

Le président Bush a déjà désigné un autre état de l’ « axe du mal », l’Iran. Cet état héberge des cadres de l’organisation d’Al Qaeda, en particulier ceux qui ont récemment perpétré les attentats de Ryad en Arabie Saoudite. De plus cet Etat a un programme nucléaire très ambitieux qui peut déboucher à court ou moyen terme sur des armes de destruction massive. Est-ce l'Iran qui sera visé par le troisième round ? Cela dépend de son attitude vis à vis des shiites d’Irak, du niveau de son incitation islamique et de sa volonté de se plier aux contrôles internationaux en matière d’énergie atomique.

Mais deux autres entités terroristes plus ou moins liées à l’Iran devraient être également mises sous étroite surveillance, la Syrie et l’Autorité Palestinienne. Après la guerre d’Irak, l’administration Bush leur a donné une dernière chance de s’amender, en envoyant à l’une et l’autre des messages non équivoques: démanteler les nombreuses organisations terroristes qu’elles hébergent, livrer les hommes recherchés, soit à  Damas (une vingtaine de responsables irakiens), soit à Ramallah dans la Mouqata (une vingtaine de chefs terroristes), livrer les armes non autorisées, cachées sur leur territoire. Ainsi une dernière chance est-elle offerte à Bashar Al Assad de s’aligner. Il a livré quelques « atouts » irakiens, mais le reste tarde à venir… La  dite « feuille de route » (mauvaise traduction de carte routière dont le sens est plus large et moins contraignant) serait la dernière chance offerte à l’Autorité Palestinienne de se transformer en un état indépendant, à condition qu’elle abandonne  « totalement et sérieusement » toute forme de terrorisme et les bombes homicides et qu’elle accepte un « état juif » à ses côtés, c’est à dire qu’elle abandonne l’idée d’un droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël. La nomination d’un premier ministre avec de larges pouvoirs est un premier pas, mais le reste tarde à venir….

Gouvernant par la terreur, ces deux entités sont prisonnières de leur politique et des organisations terroristes qu’elles ont créé ou hébergé et qu’elles croient contrôler ou manipuler ; elles ont donc des difficultés sérieuses à se renier. Par conséquent, elles sont lentes à s’exécuter et elles vont continuer à « louvoyer ». Elles y sont encouragées par l’Europe qui, par ses rencontres et ses déclarations inopportunes, les aident à résister aux pressions américaines.

La solution du problème du terrorisme au Moyen Orient passe par la dissuasion musclée pour aboutir à la démocratisation progressive de la région. Les états voyous doivent être neutralisés par les moyens les plus divers, financiers, politiques ou militaires quand cela s’avère nécessaire. L’apaisement a fait son temps. C’est la doctrine Bush énoncée le 24 juin 2002.

Le contentieux avec la Syrie baathiste devrait être résorbé par les Etats-Unis dans les mois qui viennent et il permettrait alors de résoudre la menace permanente du groupe terroriste Hezbollah, installé au Sud-Liban et véritable maître du jeu syro-libanais. Pour le moment à l'égard de ce pays, le Département d’Etat utilise la méthode douce de la persuasion par l’argent.

La pression terroriste de l’Autorité Palestinienne est supposée diminuer grâce à l’acceptation par Israël de la « feuille de route » et la construction d’une séparation matérielle unilatérale. Il s’agit de deux éléments d’une fragile trêve qui nourrissent des illusions de paix. En effet, depuis dix ans l’Autorité Palestinienne a montré ses limites et son incapacité à gouverner et à créer un état. Et ceci malgré les différentes aides internationales fort généreuses. La corruption, le népotisme, la lutte de clans, la terreur intérieure et la culture du terrorisme ont eu raison de toute velléité sérieuse de jeter les fondements d’un groupe national organisé. Il est probable aussi que ce qu’on clame « Palestine » depuis quelques décennies, en se remplissant la bouche du nom, ne soit qu’une addition de citoyens venus des pays arabes voisins, tout au long du 20ème siècle, attirés par le dynamisme des Juifs, et qui n’ont pas une conscience nationale palestinienne très évoluée. Il suffit pour s’en convaincre de jeter le regard du côté exemplaire du chef Yasser Arafat qui est un égyptien qui a accumulé en dix ans des richesses estimées à plusieurs milliards d’euros, au détriment de son soit disant peuple, et qu’il place à l’étranger, comme sa femme et sa fille, vu son niveau de confiance dans la nation Palestine…tout en se gargarisant de slogans et de mots qui semblent séduire maint visiteur européen. Et contrairement aux espoirs de ce chef terroriste, plusieurs "intifadas" meurtrières et haineuses n’ont pas réussi à créer le ciment national recherché.

Il y a néanmoins dans cette Palestine un noyau de gens ancrés dans le pays depuis longtemps et qui souhaitent vivre en paix, quelle que soit l’entité qui les gouverne, à condition qu’elle soit normale et libérale. Les territoires palestiniens devraient donc êtres mis sous tutelle extérieure,  de préférence américaine ou plutôt jordanienne, et cela pendant plusieurs années avant de déterminer leur sort définitif. Une Palestine indépendante comme prévue dans la feuille de route du Quartet, élevée dans la haine et de culture terroriste, serait une menace permanente pour l’état d’Israël et une source de déstabilisation de la région. Ce microétat ne serait pas viable et devrait être rattaché à une entité plus conséquente.

Combien de morts faudra-t-il encore dans cette région pour que les dirigeants de la plus grande puissance du monde finissent de tergiverser et se mettent d’accord entre eux sur la vraie politique à mener au Moyen Orient ? Entre la vision du Président Bush du  24 juin 2002 et la fin de la guerre d’Irak, quelques innocents ont cru qu’enfin les Etats-Unis étaient en train d’appliquer la politique adaptée à la région et au moment. Mais après des menaces contre la Syrie non suivies d’exécution,  et les remerciements chaleureux à Israël pour les avoir sérieusement aidés dans leur guerre contre Saddam Hussein, accompagnés de pressions pour l’adoption de la feuille de route, les Américains seraient-ils revenus aux fantasmes des grandes puissances d’il y a un siècle ? Diviser pour régner et garder un foyer contrôlable de tension pour canaliser la haine des peuples arabes frustrés, thèmes que nous avons abondamment développés dans un article intitulé « Qui veut de la Palestine ?» . Ladite feuille de route ne serait-elle alors que l’apaisement de l’incendie de l’intifada qui serait allé trop loin ? Apaisement provisoire qui porte en lui les braises du prochain feu.

Même si le Président Bush se hasarde au bord de la mer Rouge, même s’il distribue quelques dollars ici ou là, il faudrait qu’il se détermine vite : vision neuve d’un Moyen Orient démocratique à terme ou petit jeu désuet du Département d’Etat qui ne peut déboucher que sur des tensions, qui un jour ne seront plus contrôlables. Pour être crédible, le Président Bush  ne peut appliquer une politique élaborée par l’équipe de Donald Rumsfeld dans une partie du Moyen Orient et une autre politique, celle de Colin Powell, dans le conflit israélo-palestinien. A moins que le président des Etats-Unis ne poursuive seulement que des intérêts cyniquement et étroitement pétroliers !

Ceci étant, on ne peut que se réjouir des tentatives de paix quels qu'en soient les raisons ou les promoteurs. De plus, la trêve annoncée est souhaitée par toutes les parties. Les Etats-Unis veulent le calme dans la région pour pouvoir mener leur lutte contre le terrorisme, en se faisant entendre et comprendre par les nations de la région. L'Autorité Palestinienne mettra à profit la prochaine "houdna" (en Islam on accepte la trêve dans le jihad quand on se trouve en difficulté) pour renflouer son organisation rendue exsangue après presque 3 ans de guerre d'usure et surtout grâce à la contre offensive menée par le général Mofaz. D'ores et déjà, les militants du Hamas et des autres organes terroristes sont recyclés et formés dans la lutte anti-terreur et rémunérés pour cela (!). Israël a besoin d'une très longue accalmie pour mener à bien les réformes de structure nécessaires à la société et pour attirer à nouveau investisseurs et touristes.

Comme les positions politiques des parties au conflit semblent de plus en plus inconciliables, on peut se demander combien de temps durera cette trêve qu'on annonce à grand bruit: jusqu'au prochain cycle de violence, ou jusque après le 3ème round américain ?

 

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