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LES SOURCES DE L'ANTISÉMITISME ARABE

 

Par Hazem Saghiyah, chroniqueur libéral au quotidien arabe Al-Hayat, article diffusé à Londres le 12 décembre 2001- il soulève le problème de l'antisémitisme arabe.

Traduction et source Memri No.314 - extraits

 

Après le sujet du terrorisme, c'est à nouveau celui de l'antisémitisme arabe qui fait la une, grâce aux sionistes assidus… et grâce aussi aux religieux musulmans, qui passent leur temps à justifier que l'on tue des Juifs ; les médias arabes s'y mettent aussi, essayant d'orienter l'opinion publique.

Et c'est ainsi qu'une fois de plus, le centre d'intérêt des médias dévie de la souffrance du peuple palestinien à "l'hostilité des Arabes envers les Juifs. "

Cela ne signifie pas qu'il n'existe pas d'antisémitisme arabe : l'encensement de Roger Garaudy (1) et d'autres du même genre, certains livres, discours, certaines chaînes de télévision et déclarations… Tout cela prouve que l'antisémitisme arabe existe et il est puissant et même dangereux. Il doit donc être combattu.

Et pourtant, en nous familiarisant avec sa nature et ses limites, nous nous apercevons qu'il est différent de l'antisémitisme européen d'origine chrétienne, pour plusieurs raisons

L'antisémitisme arabe n'est pas enraciné dans des légendes et des mythes, telle la crucifixion de Jésus, les matsot (pain azyme) de sang, les puits d'eau empoisonnés - mais dans le conflit bien réel qui a cours en Palestine.

 

Contrairement à l'héritage chrétien, l'héritage de la religion de Mahomet ne présente pas d'élément d'amertume et de colère à l'encontre des Juifs. Mahomet a vaincu les trois tribus juives dans la péninsule arabique : Qurayza, Qaynuqa et Al-Nadhir, sans être assassiné par les Juifs (contrairement à Jésus, selon ce que relate l'histoire chrétienne). C'est pourquoi l'Islam éclairé a réussi à surmonter le problème judéo-islamique. Quand on a demandé à Muhammad A'bdo (musulman réformé égyptien, doctrinaire du salafisme) des explications à ce sujet, il a répondu que s'il est vrai qu'il est permis de maudire les adversaires du Prophète, ceux-ci sont morts, et les choses doivent en rester là.

L'antisémitisme européen est né de croyances populaires qui se sont répandues ensuite dans les hautes sphères de la société, alors que dans les pays arabo-musulmans, il naît le plus souvent en haut pour se répandre en bas.

 

Dans un monde en pleine dislocation (les sunnites, les chiites, les chrétiens, les Kurdes, les Berbères, etc.…), l'antisémitisme est souvent mêlé à un sentiment d'appartenance ethnique. Si on le compare au nazisme, la plus barbare de toutes les formes d'antisémitisme, alors les différences sont trop nombreuses pour être toutes énumérées: les antisémites arabes n'ont pas l'efficacité technique moderne des nazis, leur sens de l'ordre, ni leur attachement idéologique à l'antisémitisme européen raciste.

S'il est vrai que souvent, les Arabes se joignent à la populace occidentale qui clame des abominations racistes (traduites de la littérature antisémite d'Europe aussi bien par les fondamentalistes musulmans que par les adeptes syriens du panarabisme), ils ne participent pas au développement et à la consolidation des théories racistes.

Peut-être pourrait-on trouver une ressemblance entre les petits nazis et les petits fondamentalistes (musulmans), en ce qu'ils sont nés, dans les deux cas, de la colère et de l'absence d'intégration sociale.

Mais pour tout ce qui a trait à l'idéologie, aux dirigeants ou au potentiel politique (de l'antisémitisme), il n'y a aucune ressemblance. En bref, notre antisémitisme est inculte et complètement idiot, même dans la bouche de brillants politiciens et journalistes. A la conférence de Durban, nous avons commis l'erreur de qualifier de racistes ceux (qui sont partis) en quête d'un refuge (en référence aux réfugiés de l'holocauste): nous avons fait la confusion entre la politique raciste d'Israël d'un côté et le "racisme" du mouvement sioniste de l'autre. C'est un effet de l'ignorance. De même, nous sommes incapables de faire la différence entre l'écriture journalistique moderne et le danger inhérent à (l'écriture basée) sur la seule observation: nous regardons par la fenêtre, sommes dégoûtés de ce que nous voyons, voulons écrire par solidarité pour le peuple palestinien, nous maudissons les Juifs, … puis nous sombrons dans un sommeil profond.

 

Dans le cas de ces journalistes qui résident dans des pays où la presse a été nationalisée, il faut ajouter à leur ignorance, leur absence de liberté, qui les conduit à faire les choix susceptibles de contenter le souverain. Et surtout, il y a l'ignorance qui vient de ce que les Juifs ont quitté les pays arabes: en dehors du cas de la Palestine, l'antisémitisme vient aussi du manque de contact avec les Juifs.

Le dernier point qui reste à soulever est celui des Israéliens: la plus dangereuse forme d'antisémitisme est celle qui trouve sa source dans la prolongation de l'occupation, la cruauté qui naît de la relation entre les deux peuples.

L'antisémitisme des Palestiniens peut se vanter de "connaître" les Juifs, contrairement à l'antisémitisme des Egyptiens, des Libanais ou d'Arabie Saoudite. Que cette proximité donne lieu à une mauvaise compréhension (des Juifs) ne la rend pas moins dangereuse, et la nécessité d'agir pour s'en débarrasser n'en est pas moindre. Le plus tôt sera le mieux.

 

(1) négationniste français qui s'est converti à l'Islam et est devenu un héros des médias arabes

 

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