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PROPAGANDE DE HAINE

Par Michel Gurfinkiel – mai 1999

Dans une semaine donc, une semaine et un jour, les Israéliens vont voter. Ces élections départageront entre des hommes, entre des partis, entre des philosophies différentes de ce que doit être un Etat juif en 1999 et autournant du XXIe siècle.

Mais il y a une chose au moins sur lesquelles ces élections n'auront aucun effet et ne peuvent en avoir : l'environnement géopolitique dans lequel Israël s'inscrit. Et plus précisément, la persistance du rejet dont il fait l'objet de la part de la plus grande partie du monde arabe et islamique, y
compris dans des pays ou des milieux qui ont conclu avec lui des accords de paix formels.

Vingt-deux ans après le voyage d'Anouar el-Sadate à Jérusalem, vingt ans après la signature du traité de paix de Washington et l'échange d'ambassades, l'Egypte continue en particulier à se comporter comme siIsraël était un ennemi, à calibrer son effort de défense en fonction d'une
confrontation avec Tsahal, à décourager les contacts personnels entre Egyptiens et Israéliens et à tolérer des propos ouvertement anti-israéliens ou antisémites dans ses médias écrits ou électroniques. Pour ne citer qu'un exemple, le Middle East Times /Egypt, un journal égyptien en langue anglaise destiné en principe à un lectorat étranger et où un ton relativement modéré est de rigueur, publiait récemment un éditorial, signé Soha Abdel Kader, où l'on pouvait lire les mots suivants : " Il n'y aura pas de paix au Moyen-Orient tant qu'Israël ne sera pas complètement
démoli, tant que les juifs, les sionistes et les Israéliens seront une fois de plus, dispersés à travers le monde ". Détail qui a son prix, Soha Abdel Kader est une proche parente du haut fonctionnaire chargé, auprès du président Moubarak, de la censure de la presse...

Près de six ans après la signature des accords d'Oslo, cinq ans après la mise en place du régime d'autonomie à Jéricho puis à Gaza, trois ans et demi après l'extension de cette autonomie à la quasi-totalité des agglomérations arabes palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza et l'élection d'un parlement palestinien, l'OLP de Yasser Arafat continue a prêcher le djihad, la guerre sainte en vue de la destruction d'Israël et "la libération de toute la Palestine ". Ces thèmes figurent explicitement
dans maint discours en arabe du président de l'Autorité autonome palestinienne. Ils figurent dans les prônes prononcés dans toutes les moquées relevant de son autorité, y compris El Aqsa, la mosquée située au coeur de Jérusalem, sur le Mont du Temple, trente mètres au dessus du Mur
des Lamentations. Ils figurent encore, et avec quelle virulence, dans les manuels scolaires utilisés dans tous les établissements des Territoires autonomes.

Soyons clairs. Je veux bien admettre qu'Arafat n'ait jamais fait mystère, lors de la signature des accords d'Oslo, de sa volonté d'établir un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et à Gaza, et qu'il veuille faire pression de mille et une façons contre Israël en vue de parvenir à ce but.
Mais il y a une différence essentielle entre critiquer la politique d'un pays avec lequel on s'est engagé à coexister pacifiquement, et organiser une propagande de haine et de délégitimation contre ce pays lui-même. Or c'est bien cette deuxième attitude qui est aujourd'hui celle d'Arafat et
des institutions palestiniennes dont il est le maître unique et absolu. On juge des fins par les moyens employés. Si Arafat voulait la paix, il enseignerait la paix à son peuple. S'il enseigne la guerre, c'est qu'il veut la guerre.

Il faut noter, à cet égard, que l'un des objectifs stratégiques les plus importants de la propagande palestinienne est de couper Israël des deux régions les plus puissantes du monde, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Aux Etats-Unis, l'opinion restait jusqu'à ces derniers temps assez largement pro-israélienne. En 1998, 69 % des Américains et 86 % des décideurs américains considéraient la sécurité de l'Etat d'Israël comme un intérêt national de leur propre pays. Mais l'administration Clinton a changé de cap de façon abrupte à l'automne 1998.

Le faux couple le plus célèbre du monde, Bill et Hillary, a effectué une visite officielle à Gaza. Le président a pris officiellement parti pour la création d'un Etat palestinien indépendant, court cicuitant ainsi le processus négocié prévu par les accords d'Oslo. Et ce qui est plus préoccupant encore, un certain James Zogby, citoyen américain d'origine palestinienne, qui a été pendant de nombreuses années, en tant que directeur d'une organisation pro-arabe et pro-OLP, l'un des principaux diffuseurs de la propagande anti-israélienne aux Etats-Unis, vient d'être chargé des problèmes du Moyen-Orient au Département d'Etat.

En Europe, l'anti-israélisme est maintenant ancien et bien implanté. Toutefois, certains thèmes restaient tabous, comme celui de la légitimité d'Israël en tant qu'Etat. C'est à ces thèmes que s'attaque aujourd'hui, dans tous les pays de l'Union et notamment en France, la propagande
d'Arafat. Avec, il faut bien le dire, beaucoup de succès.

Je ne citerai qu'un exemple : une enquête sur la Palestine que vient de publier un grand magazine spécialisé dans les reportages géographiques. Visiblement, ce dossier avait été préparé en vue du 4 mai, date à laquelle Arafat avait promis, on le sait, de proclamer unilatéralement l'indépendance totale de la Palestine.

Le ton est soft, documentaire, mais le message subliminal n'en est que plusabrasif. Images et textes, tout y tourne autour de l'idée que les Palestiniens arabes ont toujours habité la Palestine, que la Palestine a toujours été essentiellement arabe, que les Palestiniens sont les véritables et seuls héritiers de la Bible, et que le sionisme a été et reste une sorte de crime contre l'humanité. Aucune distance critique, aucun souci de contrebalancer l'idéologie palestinienne officielle, et rien, bien
entendu, sur les abus et les malversations, pourtant largement abordés dans le reste de la presse, d'Arafat et de ses sbires à l'égard des populations palestiniennes qu'ils administrent. La personne de bonne volonté et peu informée qui feuillette ce dossier ne peut qu'en arriver à la conclusion
logique. Il faut, se dira ce lecteur naïf et généreux, que la Palestine soit indépendante. Il faut, le cas échéant, imposer des sanctions à Israël dans ce but. Il faut, à terme, pourquoi pas, que la Palestine remplace Israël.

Les amis juifs et non-juifs d'Israël déploreront que le magazine géographique en question se soit laisser abuser de la sorte. Mais le fond de l'affaire, c'est que la propagande palestinienne n'ait nullement désarmé et continue à inspirer de telles opérations.

Voilà le vrai contexte d'Israël en mai 1999. Voilà le cadre dans lequel les gouvernants élus le 17 mai, quels qu'ils soient, sont condamnés à évoluer.

 

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