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Traquer les terroristes, éradiquer l’islamisme

Droit international, al qaeda, ben Laden, liberté, démocratie, intégrisme, Islam, sécurité

Pour Daniel Pipes, pour ce  spécialiste de l’Islam proche de l’équipe Bush, l’arrestation de Ben Laden ne serait qu’une étape.

Paru dans "Pakistan Today", Alta Loma (Californie)-
Traduit par Courrier International du 18/03/2004, Numéro 698

 

L’arrestation ou la mort d’Oussama Ben Laden, dont l’armée américaine a fait de nouveau sa priorité, contribuerait grandement à la lutte contre le terrorisme, mais pas de la façon que l’on croit. En effet, elle ne permettrait pas vraiment de prévenir la violence des partisans du djihad. Certes, dans certains cas, la capture d’un chef terroriste entraîne automatiquement une atténuation de la menace, voire la disparition de son organisation. Mais le Saoudien n’est que l’une des figures clés d’Al Qaida, qui ne s’effondrera donc pas à sa disparition. La nébuleuse terroriste est davantage “une idéologie, un programme et une certaine façon de voir le monde” qu’une force terroriste opérationnelle (pour citer Jason Burke, auteur de Al-Qaeda: Casting a Shadow of Terror - Al Qaida : l’ombre de la terreur). Et ce n’est que l’une des nombreuses organisations à travers le monde à prôner le djihad. Aussi, son déclin n’entamerait pas la vague de violence islamiste dans des pays comme l’Algérie, l’Egypte, les Territoires palestiniens, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Afghanistan, le Cachemire, le Bangladesh et les Philippines.

Bien sûr, Ben Laden symbolise l’Islam militant, et sa capacité à échapper en permanence aux forces de la coalition est une source d’inspiration pour les islamistes ; mais son arrestation ou son exécution aurait essentiellement un effet psychologique et ne ferait que démoraliser ses adeptes. En fait, l’éradication du terrorisme ne se limite pas à la traque des auteurs d’attentats, de leurs chefs ou de leurs organisations. Il faut reconnaître et vaincre l’ensemble des idées que l’on appelle l’islam militant ou l’islamisme. Il faut que les dirigeants s’attaquent à cette idéologie, et pas simplement au terrorisme, qui n’en est que la manifestation, si on veut un jour remporter la “guerre contre la terreur”.

Cela dit, l’arrestation ou la mort de Ben Laden aurait effectivement une conséquence tangible pour cette guerre en favorisant la réélection du président Bush face à son adversaire démocrate. En effet, l’issue de la prochaine élection sera déterminante pour la conduite future de la lutte mondiale antiterroriste. Comme le dit Fred Barnes dans The Weekly Standard (hebdomadaire américain très à droite), “George W. Bush est l’homme du 12 septembre, John Kerry celui du 10 septembre”.

 

 

Le droit ne peut rien contre Al Qaida

 

Pour le très conservateur Sunday Telegraph , Al Qaida ne veut qu'une chose, détruire l'Occident. La seule réponse est donc la force.
Article paru dans The Sunday Telegraph, Londres, traduit par Courrier International n°698 du 18/3/2004


Face au meurtre de masse et à des fanatiques décidés à en user, l'Europe est démunie. Le carnage de Madrid ne fait que mettre en lumière cette terrifiante vulnérabilité. Les attentats du 11 septembre 2001, ceux de Bali, du Kenya et d'Irak montrent, par ailleurs, que le monde entier, et donc le Vieux Continent, est exposé à ce type de terrorisme. Enfin, il convient de remarquer que les responsables du massacre de Madrid, quels qu'ils soient, n'ont pas formulé d'exigence. Une attitude caractéristique d'Al Qaida, qui sème la mort et la destruction à travers le monde sans qu'aucune exigence politique vienne étayer ses actes. Et si Al Qaida n'exige rien, c'est tout simplement parce qu'elle n'a rien à exiger. Comme l'expliquait l'un des fanatiques islamistes qui inspirent l'organisation terroriste : "Nous n'essayons pas de négocier avec vous. Nous tentons de vous détruire." Les terroristes du 11 septembre, comme ceux du 11 mars dernier, ne poursuivent pas de fins politiques, à l'inverse, par exemple, de l'IRA ou d'ETA. Ils veulent purement et simplement détruire les fondements de la société occidentale - la démocratie laïque, la liberté individuelle, l'égalité devant la loi, la tolérance et le pluralisme - et les remplacer par une théocratie fondée sur une interprétation pervertie et dogmatique du Coran.

Voilà pourquoi négocier avec ce genre d'individu est si stupide : avec eux, il n'y a rien à négocier. On a récemment pu lire que les bombes du 11 mars n'auraient pas explosé si l'Espagne n'avait pas soutenu les Etats-Unis et la guerre en Irak. Certains ont aussi affirmé que Tony Blair pouvait épargner la Grande-Bretagne en retirant ses troupes d'Irak et en condamnant la présence américaine dans ce pays. A ceux-là, il faut répéter qu'Al Qaida n'a pas tué près de 3 000 personnes à New York pour convaincre le président Bush de modifier la politique extérieure des Etats-Unis. Aussi est-il stupide d'imaginer qu'en changeant de politique on pourra empêcher Al Qaida de frapper. Tenter d'apaiser les terroristes ne nous sauvera pas : rien n'excite plus ces derniers que de constater que leur cible est faible et que la peur a prise sur elle.

Les attentats de Madrid démontrent plutôt la nécessité de modifier l'équilibre, dans notre législation actuelle, entre liberté et sécurité. "Que justice soit faite, le monde dût-il en périr." Ce slogan est peu susceptible de séduire un peuple qui sait qu'il risque d'être celui qui périra si justice continue d'être faite dans sa forme actuelle. On reproche aux Américains de détenir sans procès des centaines de personnes à Guantanamo. Mais il est évident que le droit pénal ordinaire ne peut s'appliquer à des individus qui se considèrent en guerre avec votre pays et qui souhaitent tuer le plus de personnes possible. Peut-être les Américains ont-ils tort de croire qu'à Guantanamo ils ne détiennent que des terroristes. Mais ils ont assurément raison de penser que, face au risque encouru, les garanties offertes par leur droit pénal ne peuvent pas s'appliquer. Aucun pays en guerre n'a jamais traité les saboteurs comme des criminels ordinaires.