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Le pays où l'on vit heureux

 

Par Marc Femshon (Guysen)

1er mars 2012

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Israël n'est vraiment pas un pays comme les autres. Il y a ici un véritable culte de la démocratie et de la liberté, en dépit de ce qu'affirment tous nos détracteurs, mus par leur haine obsessionnelle et paranoïaque à l'encontre de l'Etat juif. Je l'ai constaté encore personnellement cette semaine à ma grande joie, renforcé dans la fierté de faire partie de ce peuple, si tant est que ce fut nécessaire.

Mardi s'est tenue à Tel Aviv la première conférence sur "la croissance verte" organisée conjointement par le quotidien économique israélien Calcalist et le ministère de l'Environnement en présence du Premier ministre Binyamin Netanyahou qui y a prononcé un discours sur ce sujet primordial qu'est le développement durable. Le chef du gouvernement était accompagné de nombreux ministres et du Gouverneur de la Banque d'Israël, Stanley Fischer.

Les mesures de contrôle pour pénétrer dans la salle de conférences étaient impressionnantes, mais avec une organisation bien rodée et la compréhension de chacun face à cette impérieuse nécessité sécuritaire depuis un certain 4 novembre 1995 (l'assassinat de l'ancien Premier ministre Yitshak Rabin z"l), tout ce processus se déroule parfaitement bien.

Donc me voilà assis au 3ème rang, les deux premiers étant réservés aux ministres accompagnés de leur flopée d'assistants et secrétaires.

Binyamin Netanyahou fait son entrée sous les applaudissements, souriant comme à son habitude. Il s'assied en attendant que le rédacteur en chef de Calcalist présente le sujet par quelques mots d'introduction. Enfin, Bibi monte sur le podium.

A peine a-t-il prononcé quelques phrases, qu'un jeune homme, assis à côté de moi, vêtu d'une chemise verte, se lève et l'interpelle tout en le traitant de menteur. Les gardes du corps resserrent leur périmètre autour du Premier Ministre, la sécurité se rapproche du trublion. Un responsable du Service de Protection des personnalités intervient alors qu'en même temps, à d'autres endroits de la salle, d'autres perturbateurs qui s'avèrent être des ayatollahs verts n'ayant rien à envier à Eva Joly, interpellent bruyamment Netanyahou qui ne se démonte pas le moins du monde.

Mais en Israël, tout est différent, tout est bien plus "cool" que dans d'autres pays. Le responsable de la sécurité me demande gentiment de me déplacer d'un siège, s'assied à côté du perturbateur et commence à parlementer: "ce que tu fais n'est pas bien, Bibi prononce un discours, ce n'est pas une discussion ou un forum. Il ne faut plus faire cela. Tu me le promets?"

Un proche du Premier ministre, très énervé, demande au responsable d'expulser l'énergumène, cependant le chef de la sécurité lui répond doucement, mais fermement : "laisse-moi m'occuper de cela à ma manière".

Le militant vert promet, le garde s'en va, je reprends ma place et quelques instants plus tard, rebelote, de nouveaux cris auxquels Netanyahou répond par l'humour pour se rallier la salle. Le responsable de la sécurité revient en disant : "tu avais pourtant promis" et l'autre répond : "mais c'est Bibi qui m'a apostrophé !!!". On rediscute calmement, on repromet.
 

A la troisième fois, le chef du Service de Protection des personnalités accompagné de quelques agents demande à l'activiste vert de sortir, celui-ci refuse. Un garde le prend par le poignet et l'agitateur lui dit : "ne me touche pas. Es-tu un policier, je veux voir ta carte". Le garde obtempère, lui montre ses insignes officiels, le militant est traîné en dehors de la salle tout en se rebellant et en criant: "Bibi menteur".

Je me dis que le type va passer un mauvais quart d'heure et sa journée en garde à vue pour rébellion et outrage.

Le calme est rétabli, Netanyahou termine son discours, puis vient celui de Guilad Erdan, le ministre de l'Environnement suivi de celui du Gouverneur de la Banque d'Israël, Stanley Fischer, un petit homme aux yeux pétillants, avec un accent américain à couper au couteau, maniant l'autodérision et qui s'est vu décerner le prix du meilleur gouverneur de banque centrale en 2010.
 

Fischer met l'accent sur le lien entre qualité de vie et environnement. Il nous fournit des chiffres de l'OCDE qui nous apprennent que lorsqu'on pose aux gens la question suivante : "êtes-vous heureux dans votre pays?", les Israéliens sont en 8ème position (le Danemark est 1er, la France est 19ème).

Pour la longévité, l'espérance de vie, Israël est en 5èmeposition (Japon 1er, la France est 8ème). Pour le niveau d'éducation et le nombre de personnes ayant fait des études supérieures, Israël est 2ème, (Canada 1er, la France 22ème). Concernant la sécurité des personnes, Israël est en 5èmeposition des pays où il y a le moins de crimes et délits (Canada 1er, la France 27ème et la Belgique 33ème sur 35). 
 

Fischer nous présente un tableau expliquant que les Israéliens sont très mécontents de la pureté de l'air dans leur pays, alors qu'en fait, d'après les études sur ce sujet, ce serait exactement le contraire, la qualité de l'air serait bien meilleure qu'ailleurs, preuve que nous sommes d'éternels insatisfaits.
 

A l'issue de cette conférence qui m'a appris que l'écologie n'est pas un frein à la croissance, mais, si elle est bien gérée, plutôt un outil de cette croissance, je reprends ma voiture comme tout bon Israélien n'utilisant pas les transports en commun qui, il faut l'avouer, sont quasi inexistants chez nous. D'ailleurs, lorsque nous aurons comblé notre retard dans ce domaine, on aura également fait en grand pas en faveur de l'environnement.
 

Donc, je suis en voiture et, alors que je suis arrêté à un feu rouge dans le nord de Tel Aviv, j'aperçois mon fameux militant vert de la conférence. Je baisse ma vitre et je lui demande comment ça va depuis tout à l'heure. Et il me répond : "cool mon frère, les flics m'ont laissé filé immédiatement, tu sais on est copains, y en a même avec qui j'étais à l'armée…".

 

Je repense à la question : "êtes-vous heureux dans votre pays?"

Et vous, les Juifs de France et de Belgique, vous venez quand dans le pays où on est heureux?