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PARQUEZ-MOI SVP! OU POURQUOI UNE CLÔTURE?

 

Par le journaliste William Safire, article paru dans le New York Times du 31 juillet 2003 – Traduit par Albert Soued, écrivain – www.chez.com/soued

 

À l'origine, le premier ministre Ariel Sharon était circonspect à l'égard de l'idée de son opposition travailliste, vouloir séparer les Israéliens des tueurs Palestiniens par une clôture de sécurité. Quand les colombes soutenaient le projet d'une frontière le long des lignes d'armistice indéfendables de 1967, il me disait "ce n'est pas la solution magique", d'autant plus que cette frontière gelait tous les villages Israéliens et la banlieue orientale de Jérusalem en Cisjordanie.

Depuis, l'idée d'une barrière de sécurité avec des capteurs et des caméras, permettant de contrôler tout passage a été peaufinée pour contenir toutes les implantations Israéliennes proches. Aujourd'hui cette clôture dont le quart est achevé fournit, non seulement une sécurité plus grande aux Israéliens, mais aussi un argument aux Palestiniens pour faire la paix. Après la rencontre de Sharon avec Bush cette semaine, il me dit que "des dizaines de milliers d'Arabes s'infiltraient illégalement en Israël; malgré qu'une minorité seulement soit impliquée dans la terreur, il s'agit d'une dangereuse évolution à laquelle il faut mettre un terme.

Au delà de la barrière physique, il existe une possibilité réelle de changer la dynamique politique: "La stratégie d'Arafat est d'inclure la terreur comme atout dans toute négociation; car, quand on veut tout et qu'on ne peut pas l'obtenir en négociant, on recourt à la terreur et on lance une "intifada"! Quand elle sera terminée, la clôture de sécurité videra cette stratégie de tout contenu; et c'est ce qui explique l'indignation soulevée à Ramallah devant la perte d'un atout morbide"

En apparence, cette barrière préoccupe aussi certains au Département d'Etat, et même le président Bush qui l'aurait appelé "mur", mot qui pourrait rappeler le mur du ghetto, et aux américains du temps de Reagan, celui de Berlin. Mais Mr Bush est revenu à une terminologie moins évocatrice, puisqu'il parle de clôture (fence en anglais), et dans sa tant attendue conférence de presse d'hier, il a évité de la critiquer.

Et pour cause! L'analyste le plus perspicace sur les sujets du Moyen Orient, Robert Satloff écrit "The Baltimore Sun": "Après avoir jeté tout son prestige pour promouvoir la paix entre Israéliens et Palestiniens, il ne faudrait pas que le président Bush se trouve du mauvais côté d'une initiative qui justement pourrait aider à parvenir à cette paix".

 

Sharon ne voit pas la clôture de défense comme une frontière unilatérale. Il m'a dit que "ce n'était ni une frontière politique, ni une vraie barrière de sécurité. Elle n'affectera en aucune manière la décision finale, qu'un village soit d'un côté ou de l'autre". Rassurant ainsi les habitants des implantations et, jusqu'à une certaine mesure, les Palestiniens, le vieux leader ajoute: "Mais il devrait être clair dans l'esprit de tous que nous ne retournerons pas à la ligne d'armistice de 1967!" Il note que "80% des Israéliens sont tombés amoureux de cette clôture, et le même pourcentage ne fait aucune confiance aux Palestiniens"! (je le suspecte d'en faire partie…)

 

Qu'en est-il de Mahmoud Abbas, le nouveau premier ministre Palestinien? Honore-t-il ses engagements? "Abou Mazen (nom de guerre employé par ses amis) a compris qu'on ne pouvait pas détruire Israël par la terreur, et il pense qu'on peut résoudre les problèmes par la négociation; mais il n'est pas encore déterminé à désarmer et à démanteler l'infrastructure terroriste. De plus Arafat cherche à le saper".

Comment renforcer cet homme? "Nous relâchons des prisonniers et donnons 30 000 permis de travail. Vous devriez soutenir les projets économiques pour lesquels il reçoit des fonds"

Et qu'en est-il de Mohamed Dahlan, qui n'a pas encore procédé à des arrestations de terroristes et qui n'a pas essayé d'arrêter la fabrication de centaines de missiles à Gaza?

"En fait, il ne veut pas s'engager pour ne pas être éclaboussé, ce qui signifie qu'il aurait des ambitions politiques, ce qui exclut de sévir contre la terreur"

Quel est le plus grand danger auquel devra faire face Israël, maintenant que Saddam Hussein n'est plus là? "La Libye essaye d'obtenir des matières fissiles, mais le plus grand danger se trouve en Iran, avec ses missiles balistiques de 1300 km. J'en ai parlé à Putin récemment. Il a bien compris que l'Iran se dirige vers la possession d'armes nucléaires, et il a pris des mesures conservatoires".

D'après vous l'élimination de Saddam signifie-t-elle que la carte du Moyen Orient va changer? Devant cette question Sharon est prudent: "Les Américains ne seront pas dans les parages éternellement, contrairement à Israël; et je n'ai pas encore vu une état arabe démocratique"…

Pourtant je ne l'ai jamais vu aussi optimiste: "Il y a eu un changement, et il existe même un potentiel pour plus de changement. Malgré toutes les critiques qu'il subit, le président Bush est un homme déterminé. Il vient de créer des opportunités au Moyen Orient que personne n'a osé faire avant lui. Et c'est cela qui fera la différence!"

 

 

 

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