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Interviews de G.W. Goldnadel à propos d'Hessel

 

Par Judith Waintraub

Paru dans Le Figaro.fr du 19/01/2012

En réponse à Indignez-vous !, Gilles-William Goldnadel a écrit Le vieil homme m'indigne  où il accuse Stéphane Hessel d'imposture. A paraître le 26 janvier (Éd. Jean-Claude Gawsewitch, 54 pages, 4,90 euros).

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Le Figaro.- Pourquoi accusez-vous Stéphane Hessel d'imposture ?

Gilles-William Goldnadel.- Pour de multiples raisons. Il se présente et se laisse présenter comme le rédacteur de la Déclaration des Droits de l'Homme, alors que, poussé dans ses derniers retranchements, il a fini par concéder un jour - mais un peu tard - qu'il ne l'avait jamais été. Autre imposture de taille : ses choix dans le registre de sa prétendue indignation. Je vous mets au défi de trouver dans ce livre la moindre indignation en politique étrangère à l'exclusion notable de la Palestine. Il ne s'indigne pas de la Syrie, du Rwanda, du Tibet, ni du sort des chrétiens d'Orient, les nouveaux esclaves des émirats. Le génocide au Darfour ne lui arrache pas un soupir : la seule chose qui l'intéresse, c'est de fustiger Israël. J'ai tout de même le droit de trouver cela sélectif et disproportionné !

 

Comment expliquez-vous son succès ?

Par l'incroyable complaisance d'une très grande partie du corps médiatique, pour cause de bienveillance idéologique pour son post-gauchisme. Le petit livre qui était sur tous les promontoires des grandes librairies, et dont beaucoup d'intellectuels ont fini par reconnaître l'indigence totale, constitue pour pas cher un signe de reconnaissance entre «rebelles résistants». Posture flatteuse s'il en est et, surtout, sans risque ! La plus grande imposture de toute cette histoire, c'est sans doute l'écart phénoménal entre l'inconsistance d'un livre qui ne contient aucune idée et son succès planétaire. Je ne crois pas être hyperbolique en disant que c'est une première depuis l'invention de l'imprimerie.

 

Pourquoi François Hollande s'affiche-t-il avec Stéphane Hessel ?

Ce serait faire injure au candidat du PS de penser qu'il est mû par autre chose que l'opportunisme. Celui qui donne du «mon cher Stéphane» à un pseudo intellectuel de gauche, résistant, juif anti-israélien (autrement dit, le portrait-robot du candidat à la béatification laïque), a un objectif précis : il sait qu'il va enchanter une partie de son électorat naturel, formaté précisément par les médias qui ont fait le succès de ce livre. Au fond, ce succès est l'une des versions les plus caricaturales de la gauchisation des idées qui s'exprime aujourd'hui, de l'anti-sarkozysme primaire à l'anti-occidentalisme pathologique.

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"Indignez-vous !" : petit livre indigent & conformiste pour bobos

 

Interview de Gilles-William Goldnadel qui publie ce jeudi un pamphlet contre Stéphane Hessel intitulé "Le Vieil homme m'indigne !"

Atlantico.fr - 25 janvier 2012

 

Atlantico : Gilles-William Goldnadel, vous publiez bientôt "Le vieil homme m'indigne !", un livre dans lequel vous accusez l'auteur d' "Indignez-vous !", Stéphane Hessel, d'être un imposteur. Dans un premier temps, comment expliquez-vous le succès phénoménal d'" Indignez-vous ! " ?

Gilles-William Goldnadel : Par la bienveillance extrême d'une très grande partie de la caste médiatique, acquise au conformisme post-gauchiste, pour un personnage qui correspond, trait pour trait, au saint laïc à canoniser de son vivant : un résistant, intellectuel de gauche, juif, internationaliste et anti-occidental. Peu importe que dans la réalité incarnée l'homme ne corresponde pas à son image révérée, puisque tout esprit critique est aboli. Son petit livre a été présenté sur tous les promontoires des grandes surfaces, bien que beaucoup d'intellectuels finissent aujourd'hui par reconnaître son indigence totale, il n'en constitue pas moins un signe de reconnaissance sans risque pour les " rebelles résistants ". En vérité, on se trouve dans un rite quasi-religieux : les bobos se l'offrent pour Noël.

 

Atlantico: Et pourquoi l'accusez-vous d'imposture ?

GWG: Pour plusieurs raisons que je prouve : il se présente et se laisse présenter comme le rédacteur de la Déclaration des Droits des l'Homme de 1948, alors que, poussé dans ses ultimes retranchements, il a fini par concéder, mais un peu tard, qu'il ne l'a jamais été.

Autre immense imposture, son indignation n'est même plus sélective elle est unique : je vous mets au défi de trouver dans le livre la moindre indignation en politique extérieure à l'exclusion obsessionnelle du conflit israélo-palestinien. Il ne s'indigne pas du sort des chrétiens d'Orient, il ne s'indigne pas pour les nouveaux esclaves des Emirats, il ne s'indigne pas de la Syrie ni du Tibet lorsqu'il fait traduire son livre en mandarin pour le vendre aux chinois. Le génocide au Soudan ne lui arrache pas un trémolo : la seule chose qui l'intéresse, c'est de fustiger Israël, seulement Israël.

Mais la plus grande imposture de toute cette histoire, c'est sans doute l'écart vertigineux entre l'inconsistance d'un non livre qui ne contient aucune idée et son succès planétaire. A ma connaissance, c'est une première depuis l'invention de l'imprimerie. Au fond, ce succès représente la preuve la plus caricaturale de la gauchisation des idées, je devrais dire des fantasmes, qui s'expriment aujourd'hui, de l'antisarkozisme primaire à l'anti occidentalisme pathologique.

 

Atlantico: N'est ce pas beaucoup de bruit pour rien? Stéphane Hessel mérite-t'il tant d'attention ?

GWG: Bien sûr ! S'il ne s'agissait que de ce vieux monsieur pas très intéressant, en tout cas au plan intellectuel, vous vous doutez bien que je ne m'exposerai pas ainsi. Mais j'en veux à toute cette caste hesselidolâtre, qui pose habituellement en iconoclaste et qui lui a ciré ses bottines vernies. A tous ces petits marquis denués d'esprit critique qui gonflent les jeunes cerveaux depuis quatre décennies à l'air vicié à la pseudo revolte... En fait, c'est mon éternel combat contre une imposture radicale, autrefois située a l'extrême droite et qui n'a fait que de traverser le trottoir.

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Stéphane Hessel, indigné en toc

 

Dans "Le Vieil homme m'indigne !", Gilles-William Goldnadel s'attaque au best-seller mondial de Stéphane Hessel, "Indignez-vous !"

Pour lui, le prétendu résistant est un imposteur et son travail, partial et creux (Extraits). Fièrement, le petit livre jaune est publié par les éditions "Indigène" dans une collection intitulée : "Ceux qui marchent contre le vent".

 

GWG: Il faut retourner, pour le fun, à cet article déjà cité de Télérama qui constitue un modèle de complaisance, de cire pompes vernies, qui a choisi pour titre cette noble citation de Stéphane Hessel : "J'ai toujours été du côté des dissidents" et qui commence par cette phrase bien envoyée : " C'est un vieux monsieur formidable qui nous reçoit simplement dans son appartement parcheminé du 14e arrondissement à Paris. Affable, séducteur, et toujours révolté contre l'injustice"- Ledit article est joliment orné d'une photo de l'humaniste souriant tendrement à Yasser Arafat. Car il faut bien le reconnaître, de nos jours en France, il faut être dissident, à la manière de Soljenitsyne ou de Aung San Suu Kyi, pour oser prendre le parti des sans-papiers ou des Palestiniens. Au mieux Gorki, au pire le goulag ou l'hôpital psychiatrique. Sans ces samizdats que constituent Le Monde diplo, Libé, Les Inrocks, Télérama, Mediapart, Rue89, Politis, qui sait vers quelle destination inconnue, le dissident serait conduit de par le pouvoir implacable de la pensée dominante et des lobbies ? Car c'est à la nuit tombée que les résistants se passent de main en main tremblante le petit livre ronéotypé. Dehors, hulule une chouette ? Tu n'y es pas camarade. C'est un ami qui monte la garde. S'il tombe, un ami prendra sa place. Et si on était, rien qu'un peu, sérieux ? En France, ce n'est pas le pouvoir politique qui aujourd'hui opprime, c'est celui qui imprime, et qui est censé informer sans déformer.

J'ai appris récemment, sous la plume de l'excellent Michel Gurfinkiel un nouveau mot : ochlocratie, la dictature de l'opinion cornaquée par les potentats médiatiques qui, profitant de la faiblesse des politiques, formatent les esprits. Si Stéphane Hessel avait été toujours du côté de la dissidence, il aurait lutté pour les sans-voix et laissés-pour-compte de la pensée conforme.

Pour le représentant de l'Armée de Libération du Soudan que je défends contre les menaces récurrentes d'expulsion du Quai d'Orsay pour cause d'intransigeance à l'égard du criminel de guerre qui préside à Khartoum. Pour les chrétiens d'Algérie poursuivis pour blasphème par les tribunaux de leur pays. Pour les opposants iraniens réfugiés en France contre le régime des mollahs. Pour le gouvernement provisoire de Kabylie basé à Paris. Pour les Tamouls massacrés au Sri Lanka. Pour les Tibétains expulsés, quitte à ne pas vendre son livre aux Chinois. Pour les modernes esclaves indiens ou bengalis de Dubaï ou d'Abou Dhabi…

La blasphématoire vérité, c'est que " saint Stéphane " est du côté du sceptre, du manche et de la cognée. Du côté des faux rebelles et des authentiques fayots. Du côté des ochlocrates. Du côté des theâtrocrates démagogues raillés par Platon, du côté, précisément, de ceux qui ont monté en omelette baveuse de platitudes, de boursouflures, de vantardises, de mensonges, de demi-mensonges, en poussant des oh !, des ah !, des bravos !, et des encore !

Hier, Elena Bonner, veuve Sakharov est morte en exil. En silence. Dissidente. Tout le contraire d'un conformisme nauséabond en odeur de sainteté. Et dans le sens du vent.