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IMPOSSIBLE DE FAIRE LA PAIX AVEC LES ARABES

 

Interview de Rafoul (Raphael Eytan), ex chef d'état-major de Tsahal, ex-ministre

Ynet - 7 Décembre 2004

 

Raphaël Eytan, z.l., évitait les interviews depuis quelques années. Après s’être retiré du monde politique, il s’était en quelques sortes imposé le silence. Toutefois, il faisait de temps en temps irruption sur les médias, et exprimait ses idées.
En janvier dernier, il accorda exceptionnellement une interview qui nous donne une idée du point de vue de Rafoul à propos de plusieurs questions actuelles. A la fin de l’interview, il parle du brise-lames d’Ashdod, où il a trouvé la mort, un matin de décembre alors que la tempête rageait et qu'il contrôlait l'étendue des dégâts qu'elle a provoquée sur le matériel. Il a surévalué ses forces: emporté par une vague, il n'a pu rejoindre la digue en construction.

La situation de l’état vous inquiète-t-elle ?

Rafoul : Je suis certes inquiet, mais je n’alimente pas les médias avec ça. Vous, c’est votre gagne-pain. Ce n’est pas le mien. Si vous ramenez à votre boss un mauvais article, vous recevez un coup de pied. Alors, vous n’avez pas le choix, vous devez cuisiner quelque chose, pour que votre rédacteur en chef vous complimente et vous donne deux shekels de plus. Mais si vous ne donnez pas satisfaction, il vous dira : «Allez-vous en, nous n’avons pas besoin de vous !»

Alors, aidez-moi à gagner deux shekels de plus. Le Premier ministre parle de concessions douloureuses, d’évacuation de localités Juives, Olmerth et Livnat s’alignent et tout le monde vire à gauche. Où vous situez-vous ?

Rafoul : Selon moi, tous ces efforts sont inutiles. Il est impossible de faire la paix avec les Arabes. C’est une guerre de civilisations. Nous représentons une culture étrangère et je pense que l’Islam n’admettra jamais une présence étrangère, qui s’offre le luxe d’être indépendante et qui les gagne dans toutes les guerres. Ils n’accepteront jamais cela.

Et les Egyptiens ? Eux non plus, ils ne vous inspirent pas confiance ?

Rafoul : Idem. Il n’y a pas d’élections en Egypte. Si un Président obtient 98% des voix aux élections, il y a quelque chose qui cloche.

Vous n’avez pas le sentiment que vous vous retrouvez seul, avec ces idées ? Malgré les difficultés, la paix avec l’Egypte reste équilibrée.

Rafoul: J’ai le droit de penser, et je me permets de penser ce que j’ai toujours pensé. Je ne suis pas au pouvoir. Je peux rester attaché à mes conceptions et dire que c’est mon avis. Que l’on me prouve que je me trompe ! Je peux prouver que celui qui pense que des concessions, des abandons, des sacrifices, des «plan de Genève» ou des «Ami Ayalon» changeront la situation au Moyen-Orient, est dans l’erreur. Les Arabes sont malins et ils parviennent à convaincre les nôtres qu’ils ont changé d’avis. Si Nousseybeh choisit Ami Ayalon pour co-équipier au lieu de marcher avec Arafat, le lendemain, il est mort.

Pour l’instant, il est en vie.

Rafoul : Pour l’instant, parce qu’il fait ce qu’on lui demande là-bas. Il ne cède pas. Il ne vient pas en disant : je fais la paix. Et puis, qui est-il en tout et pour tout ? Qui représente-t-il ? Tout n’est que tromperie, une énorme supercherie à laquelle nous nous laissons prendre. La base de tout ce système, je le répète, c’est une guerre de civilisations. C’est l’Islam contre l’Occident, contre les mécréants, contre l’autre en général.

Vous parlez tout comme il y a vingt ans. Comment se fait-il que pendant si longtemps, rien n’ait changé dans vos idées ?

Rafoul : Je n’ai pas honte de cela. Je pense que ce que je disais, il y a vingt ans, est toujours vrai. Qu’est-ce qui a changé ? Les Arabes négocient avec nous de trois manières : en jouant la comédie, en mentant et par le terrorisme. Ce sont leurs moyens de négocier. Tenez, de nos jours, échanges ou pas, hop : un attentat !

Que faudrait-il pour que vous changiez d’avis ou que vous disiez, je me suis trompé ?

Rafoul : Que tous les dirigeants se dressent et nous disent tous en chœur: vous nous avez usés. Nous prenons nos distances, nous vous donnons des territoires en échange de la paix, laissez-nous tranquilles ! Ce jour-là, je dirai, je me suis trompé.

Qu’ils nous donnent des territoires en échange de la paix ?

Rafoul : Pourquoi pas ? Pourquoi faut-il que nous, qui sommes tout petits, leur donnions des territoires aussi grands, en échange de quelque chose d’incertain ? Il aurait fallu le leur dire dès le début. Mais quelqu’un pouvait-il envisager que notre régime polonais leur demande des territoires en échange de la paix ?

Un régime polonais ?

Rafoul : Oui, une espèce de façon de gouverner qui nous vient de diaspora, qui n’exige pas le respect, pour lequel la fierté nationale n’existe pas. Vous dites : vous êtes entrés en guerre contre nous ? Vous devez payer ? Payer pour avoir eu l’insolence de les gagner ? Dans la Guerre d’Indépendance, les troubles de 1936, Kadesh, la Guerre des Six Jours, celle de Kippour…Et nous devons encore payer ? Où est la logique ? Où est la clairvoyance, c’est une simple question de lucidité !

Qu’avez-vous à dire à Yossi Beylin, l’initiateur du plan de Genève ?

Rafoul : Que tout n’est que mensonge et supercherie ! Qu’il donne aux Arabes l’espoir de nous gagner. Ils se disent : «nous l’avons tiré par le nez, nous lui avons tourné la tête, nous l’avons trompé, et il a mordu à tous nos hameçons. Qu’un autre Beylin vienne dans cinq ans, et nous les abattrons encore un peu plus, jusqu’au jour où nous leur donnerons le coup final et nous en finirons avec eux une bonne fois pour toutes.»

Vous voulez dire que Yossi Beylin est un naïf et qu’il ne se rend pas compte qu’on se moque de lui ?

Rafoul : en effet, et je pense qu’un jour, il finira par réaliser que ses projets n’avaient pas de base solide et réelle. Je pense qu’il agit par naïveté et qu’il croit que les Arabes veulent la même chose que lui. Je crois qu’il n’est pas assez rusé pour comprendre les motifs des Arabes.

Je me permets de supposer que vous n’appréciez pas trop les récentes vagues «d’objection de conscience»

Rafoul : Bien sûr que non. Ces gens-là sont contre l’Etat. Ils parlent de questions de conscience. Je vais leur en donner, à tous ces gauchistes, des questions de conscience ! Savent-ils seulement combien de localités de gauche sont installées sur des terres arabes ? Leurs habitants sont-ils des réfugiés dans des camps ? Que les habitants du kibboutz Sassa aillent donc dire aux Arabes que le kibboutz repose sur des terres qui leur appartenaient selon le plan de partage, que ceux qui y habitaient vivent à présent dans des camps de l’autre côté de la frontière libanaise dans un camp de réfugiés et que des gauchistes sont installés sur des terres arabes. Vous voulez que je vous dise ? C’est le mouvement le plus hypocrite que l’on puisse imaginer ! Il me rappelle l’époque de Staline !

Jusqu’à ce jour ? Ils n’ont pas tout de même changé un peu ?

Rafoul : Changé un peu ? Ils n’ont jamais formé un mouvement idéologique indépendant. Il leur a toujours fallu une idole. Staline était une sorte d’idole. «Un astre terrestre» Quel deuil, quand il mourut ! Dans les kibboutzim, ils mirent les drapeaux en berne. Monsieur, cela prouve simplement qu’ils manquent de racines véritables.

Etes-vous pour la barrière de «séparation» ?

Oui, car elle un obstacle, elle retarde, elle leur complique les choses, elle permet de devancer tous ceux qui veulent se faire exploser et assassiner 40 personnes dans un autobus.

Que se passe-t-il quand la barrière traverse un village et le partage en deux ?

Rafoul : Je pars du principe que ceux qui ont dessiné son tracé, ont tenu compte de cela. Ils ont tous les éléments en mains et c’est donc à eux de décider. Je n’ai pas pour ma part tous les éléments en mains, mais je pars du principe qu’une barrière diminue les chances des terroristes de réussir leurs attentats. Préférez-vous voir des enfants massacrés dans des jardins d’enfants ?

Bien sûr que non, mais cela ne m’empêche pas de supposer que le tracé de cette barrière est inspiré par des questions d’ordre politique.

Rafoul : et si c’est le cas, qu’est-ce que cela change ? Peut-être bien que c’est le cas et peut-être bien que non. Vous voulez que je vous dise ? C’est le caractère de notre public. Il me semble que par principe, il ne fait jamais confiance au pouvoir. Le pouvoir dit : je veux construire une barrière pour qu’elle dissuade les terroristes ou du moins les dérange et le public rétorque automatiquement qu’il ne le croit pas. Je pars du principe que le pouvoir veut le bien de l’Etat. Au sujet de la barrière, je lui fais confiance. J’ai fait l’expérience de deux frontières dotées d’une barrière : celle de la Plaine du Jourdain et celle du Liban. Elles nous ont économisé beaucoup de vies humaines. Que s’imaginent les Palestiniens ? Que nous supporterons indéfiniment des terroristes suicidaires et que par-dessus le marché, nous leur faciliterons les choses ?

Comment faire confiance au gouvernement, quand le Premier ministre est suspecté et que la police effectue des enquêtes auprès de ses enfants ?

Rafoul : Pour ma part, tant que la justice ne se sera pas prononcée, je n’ai rien à en dire. Si cela vous pose un problème, ne votez pas pour eux aux prochaines élections. Mais, laissons tomber la politique, mettons-nous d’accord sur deux points essentiels que vous soulignerez dans votre article.

Je vous écoute

Rafoul : Premièrement, que tous les gens que vous avez photographiés sur le brise-lames, paraissent dans le journal. En petit, en grand, peu importe. Parce qu’après, ils me diront : si on nous prend en photos, on veut pouvoir montrer le journal à la maison.

Et deuxièmement ?

Rafoul : Les goélands.

Ils vont se vexer eux aussi ?