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BARRIÈRE CONTRE LE CHAOS ET LA MORT

 

Par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued - le 29 février 2004.

 

Je pensais naïvement qu'avec la venue du président israélien en France, la désescalade amorcée au Moyen Orient allait se poursuivre au niveau des médias. Je constate que de nombreux médias européens, et notamment français, persistent dans leur attitude démesurément anti-israélienne, montrant ainsi un manque d'équité, aussi bien qu'un manque de recul et de culture historique.

 

Iniquité et manque de recul des médias européens

 

N'importe quelle attitude ou décision du gouvernent israélien fait l'objet de critiques, sinon d'invectives qui souvent ne sont basées que sur des sentiments, hors de toute justification logique. Ainsi Israël est appelé "occupant" quand pratiquement toute la population palestinienne est sous le contrôle de l'Autorité d'Arafat. L'armée israélienne est amenée sporadiquement à faire des incursions pour pallier l'inaction des différentes polices palestiniennes ou leur inefficacité à juguler la terreur en provenance des territoires autonomes. Le but de ces incursions ponctuelles est de prévenir des attentats imminents ou de châtier les auteurs d'attentats meurtriers en territoire israélien. Les attentats-suicide ont commencé dès l'arrivée d'Arafat de Tunis en 1994 et dès la création de l'Autonomie Palestinienne. Personne ne peut donc affirmer sans déformer la réalité que les attentats procèdent d'un "désespoir" quelconque, mais ils sont plutôt le résultat d'une politique délibérée ayant pour but d'évincer la population israélienne d'Israël par la terreur.

 

Aujourd'hui l'objet du tollé général est la construction d'une clôture de sécurité pour séparer les populations israélienne et palestinienne. Après dix ans de réflexion et d'amères expériences, le gouvernement israélien est parvenu à la conclusion que la haine du juif transmise par les éducateurs et les médias dans les territoires autonomes avait atteint un niveau tel que la séparation des populations devenait inéluctable.

 

Aujourd'hui les Palestiniens sont victimisés par les médias français, au delà de toute retenue, au moindre prétexte, un olivier arraché par ci, un détour obligé par là. Est-ce que l'on s'inquiète autant des Indiens du Brésil ou des Berbères d'Algérie? Une question me trotte dans la tête depuis longtemps; est-ce que ces médias s'inquièteraient autant des Israéliens si par malheur Israël n'avait pas gagné les guerres contre les armées arabes ou si la situation politique locale s'était inversée en faveur des Arabes? Après tout la situation peut s'inverser si, lassés par tant de haine et de hargne autour d'eux, les Israéliens jetaient l'éponge ou ne restaient plus sur leurs gardes. Les guerres d'usure d'Arafat ont pris la relève de 4 guerres classiques menées par les pays arabes contre un état minuscule, guerres qu'ils ont perdues. Et ces nouvelles guerres pudiquement appelées "intifada" (terme inapproprié pour tromper les Occidentaux) ont pour but de démoraliser par la terreur et de salir par le mensonge et la calomnie.

 

 

Rafraîchir la mémoire de ceux qui parlent ou écrivent sur le Moyen Orient

 

Il y a un péché originel dans le conflit israélo-palestinien: c'est l'invasion le 15 mai 1948 par les troupes arabes de l'état d'Israël qui venait d'être créé par le forum des nations et non pas cette création elle-même.

 

Depuis ce jour, le refus arabe de l'état d'Israël persiste  et s'amplifie dans l'éducation donnée à l'école, dans les sermons des mosquées, dans tous les médias des pays arabes quels qu'ils soient, même ceux qui ont signé une paix en bonne et due forme avec Israël. L'affaire des Palestiniens est devenue le bon "prétexte" pour justifier cette animosité, car aucun pays arabe du Moyen Orient ne souhaite la création d'un état palestinien indépendant qui serait une source de "désordres incontrôlés" pour lui et le régime qui l'entretient.

 

Remonter le temps, 1917

 

À l'issue de la première guerre mondiale où les Ottomans ont pris le parti de l'Allemagne, leur empire qui couvrait le Moyen Orient et une partie de l'Europe s'est effondré.

1- Après l'effondrement de l'empire ottoman, la création d'une vingtaine d'états arabes s'est étalée sur une quarantaine d'années, là où il n'y avait aucun état arabe. Le principal maître d'œuvre dans la région était la Grande Bretagne.

2- Dans une déclaration solennelle, le premier ministre anglais Balfour s'est engagé à créer un foyer juif sur le territoire d'Israël, de Cisjordanie et Gaza, et de la Transjordanie d'aujourd'hui.

 

En remontant le temps, au 19ème siècle, ces territoires étaient pratiquement vides, parcourus par des tribus nomades, avec quelques agglomérations juives (bimillénaires) et arabes. Après les pogroms russes et les démarches de Herzl auprès du Sultan, la "terre sainte" commence à recevoir des rescapés et des idéalistes juifs. Ceux-ci créent des villages avec des activités agricoles et artisanales qui attirent des ouvriers arabes des pays voisins. Ces implantations croissent tout au long de la première moitié du 20ème siècle, avec l'apport simultané des populations juives venant d'une Europe devenue dangereuse et des populations venant des nouveaux pays arabes constitués et parfois même d'Afrique.

 

L'Arabie a été créée par l'Angleterre autour d'une obscure tribu du Centre du pays, avec laquelle les services secrets de Sa Majesté entretenaient des relations privilégiées depuis deux siècles déjà, au détriment de la dynastie régnante Hashémite du H'ejaz. Le colonel Lawrence a contribué à installer un "Ibn Saoud wahabite" sur le trône d'Arabie. On connaît la suite… Pour compenser la dynastie Hashémite, 2 royaumes-états ont été créés en Irak et en Transjordanie, au détriment de la promesse de l'état juif.

Puis après 1945 et la shoah, malgré un Foreign Office qui ne jurait que par sa "politique arabe" et malgré certains fonctionnaires anglais "nazifiant" du Moyen Orient (Lord Moyne, Glubb Pasha par exemple), l'Onu crée enfin l'état d'Israël sur moins de 20% du territoire promis en 1917 par les anglais.

 

Les pays arabes résultant de l'effondrement de l'empire ottoman ont régressé pendant la 2ème moitié du 20ème siècle.

 

Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, de la Libye à la Malaisie, nous avons assisté à de nombreuses velléités et tentatives hégémoniques avortées de reconstitution du Califat. Elles se sont manifestées sous deux registres. D'abord celui national du panarabisme laïc (Libye, Syrie, Irak, Egypte, Yémen…), puis celui du panislamisme (Arabie, Pakistan, Malaisie…), enfin le registre religieux de l'intégrisme radical (Soudan, Somalie, Iran, Afghanistan….). Ayant pris le pas sur le réalisme socio-économique et sur la modernité, ces velléités ont déstabilisé le Moyen Orient et l'ont appauvri. À cette nostalgie du Califat et des temps glorieux de l'Islam s'est ajoutée la non-intégration ou la mauvaise intégration des minorités musulmanes expatriées, notamment en Europe.

Al Qaeda et tous les groupuscules militants de l'intégrisme radical dans le monde sont le fruit de cette nostalgie hégémonique inassouvie et de l'échec de la modernité démocratique en Islam. Issu d'un Islam mal compris ou mal appliqué, l'intégrisme radical musulman est le résultat de toutes les frustrations subies et de tous les fanatismes inculqués par des chefs sans scrupules. Comme l'Islam, l'intégrisme radical ne connaît ni frontière géographique ni frontière sociale.

 

L'existence d'Israël est insoutenable pour les arabes

 

Israël vient de subir depuis septembre 2000 l'assaut le plus cruel et le plus horrible de son existence, car il ne vise pas des combattants en armes, mais des civils, notamment les plus démunis, des femmes, des enfants, des vieillards, ceux qui prennent l'autobus ou qui s'arrêtent pour souffler et prendre un café. Ce dernier assaut est la poursuite de toutes les autres guerres menées par les états arabes, mais ici la guerre a changé de forme. La technique de l'attentat-suicide a été perfectionnée par Arafat et ses nombreuses milices pour déstabiliser, puis éjecter du Moyen Orient la nation israélienne. Dans leurs reportages, les médias occidentaux privilégient les réactions de l'armée israélienne, exagérées selon eux, au détriment d'images montrant la volonté farouche des arabes de se débarrasser du dernier témoin local de leur stagnation et de leurs échecs hégémoniques et socio-économiques, eu égard à un monde qui évolue très vite.

Montrer des soldats israéliens en colère après un attentat ou après une manifestation violente détruisant un tronçon de la barrière de sécurité est devenu très médiatique. Or n'importe quelle autre nation aurait réagi de manière plus impitoyable qu'Israël. Le seul exemple de la Russie vis à vis de la terreur tchétchène est flagrant. La France n'aurait pas réagi autrement si elle avait enregistré en 3 ans 10 000 morts et 60 000 éclopés!

 

Cela fait 56 ans que six millions d'Israéliens cherchent à vivre en paix avec leurs voisins,

dans des frontières sûres et reconnues, malgré 4 guerres imposées. Connaissez-vous un pays qui rend tous les territoires gagnés dans une guerre défensive pour pouvoir simplement signer un traité de paix, qui s'avère être un chiffon de papier dans les faits?

Nombreux aujourd'hui sont les Israéliens qui sont exaspérés, désespérés devant l'inertie et le refus arabe. Ils appartiennent à une nation qui a réussi malgré ce refus à s'ancrer au Moyen Orient, en donnant l'exemple tant redouté par les états arabes d'une démocratie florissante sur de nombreux plans. Alors certains d'entre ces Israéliens pressés qui ont oublié que la patience était une vertu, recherchent parmi leurs voisins le premier venu prêt à les reconnaître. Ils ont même mis en œuvre un simulacre de plan de paix signé en grande pompe, avec les représentants de 0,1% de la population palestinienne, des intellectuels impuissants…. On rêve d'un frémissement de commencement.

La donne actuelle peut être modifiée, mais dans quels délais? La CIA parle d'une vingtaine d'années, le bon sens parle de deux générations. Si la désescalade actuelle amorcée par le président Bush se poursuivait et si la lutte contre la pieuvre d'Al Qaeda pouvait donner des résultats tangibles, le délai pourrait être raccourci. Mais quelle est cette donne?

 

La donne actuelle

 

Pendant longtemps, l'égyptien Arafat n'était que le représentant d'une tendance minoritaire palestinienne en exil et il aurait pu passer une retraite plus glorieuse à Tunis qu'à Ramallah, si l'Europe ne lui avait pas déroulé pendant plus de 25 ans un tapis rouge à chacun de ses déplacements. Arafat était connu de certains services secrets occidentaux qui l'ont longtemps protégé, malgré qu'il fût déjà dans les années 70 un terroriste notoire…

L'ONU et certains pays occidentaux ont érigé en chef d'état cet homme violent, chef d'un groupuscule terroriste. Arafat a été sauvé par eux à plusieurs reprises: après Septembre Noir, lorsqu'il a failli renverser la monarchie Hashémite en Jordanie en 1970; après la débâcle de Beyrouth et la très controversée incursion israélienne au Liban en 1982, lorsqu'il a failli s'approprier ce pays; après son exil à Tunis, lorsque la Norvège et certains Israéliens lui ont ouvert les portes de la Judée, de la Samarie et de Gaza en 1994.

Depuis son arrivée en territoire autonome de Palestine, Arafat a démontré son incapacité à constituer un état responsable et cohérent. La corruption et les détournements de fonds, la militarisation illégale des territoires autonomes, avec une douzaine de milices concurrentes, les activités mafieuses et terroristes ont fini par transformer les enclaves reçues en zones de chaos orchestré par des caïds locaux.

À cela s'est ajoutée la folie des grandeurs, appelée "hubris" par les psychologues anglo-saxons, état classique pour tout potentat amené à la démesure par un excès de pouvoir, encouragé de plus par les chancelleries occidentales. Comment voulez-vous que cet homme se contente de la Judée et Samarie et de Gaza ? Ils ne sont plus à sa mesure; même la Palestine ne l'a jamais été. Arafat visait lui aussi un Califat, un Califat révolutionnaire.

Hélas cette folie a été communiquée à tout un peuple désemparé et désespéré de voir sa situation économique décliner et son statut de citoyen se délabrer, par rapport à l'occupation israélienne d'avant 1994 (la vraie celle-là!). Les Palestiniens d'aujourd'hui ont été élevés dans la haine d'Israël et le désir de son extermination, pour prendre sa place.

Seule force organisée, le Hamas à Gaza est un challenger de la folie d'Arafat, sous couleur de l'islamisme fondamental. Mais il s'agit malheureusement d'une autre folie encore plus dangereuse, alimentée par les caisses saoudiennes et par les doctrines fascistes du Hezbollah, et armée par l'Iran.

 

Au milieu de ce chaos et de ces folies, il y a des enclaves israéliennes agricoles, industrielles ou simplement d'habitation qui prospèrent malgré les menaces quotidiennes et les attentats. On les appelle là "implantations", ailleurs "colonies". Peu importe. Elles sont là, des gens y vivent depuis une ou deux générations. Et c'est là où le tracé de la barrière de sécurité est devenue une affaire planétaire, dont le monde entier parle, occupant tout un aréopage de juristes à la Haye.

Ce qui peut paraître curieux c'est que des dizaines de clôture sont érigées dans le monde sans que personne ne s'en préoccupe ni ne proteste! Et cette barrière particulière qui a pour but de protéger des êtres humains contre le chaos et la folie meurtrière de leurs voisins pose un problème d'état d'âme! Elle est devenue le "mur de la honte" dans les médias européens, parce qu'elle empêche le meurtre de juifs et provoque quelques désagréments à de pauvres paysans palestiniens. Elle empièterait sur quelques km2 de territoire "palestinien" semble-t-il.

La barrière de sécurité construite par Israël est transparente (et non un mur) sur 95% de son parcours. Elle est dotée de dizaines de passages et elle a un objectif qui peut être provisoire, celui de protéger ses citoyens des bombes humaines homicides venant des territoires autonomes. Elle a un avantage subsidiaire non négligeable, celui de donner encore une chance aux Palestiniens de créer leur propre état.

 

Israël ne reviendra pas aux frontières de 1967. Dans leur libellé en anglais qui fait foi, les résolutions 242 et 338 de l'Onu ne l'exigent nullement. Les Palestiniens doivent payer les erreurs commises par des dirigeants qu'ils acclament, et qui ont choisi, notamment depuis Oslo, la terreur contre des civils, comme moyen de pression et de conquête. Il ne sera jamais question de déplacer, ni de compenser (qui pourrait le faire d'ailleurs?) 230 000 citoyens juifs israéliens. Cette pratique qui date depuis trop longtemps à l'encontre des Juifs doit cesser. Il y a de nombreuses autres solutions satisfaisantes pour des partenaires ayant une bonne volonté réelle.

 

La barrière de sécurité contre la mort qui vient de l'Est est aussi une limite permettant la réflexion, la pacification et la désescalade. Aux Palestiniens de faire le ménage chez eux, sans que l'Europe ne s'en mêle et ne continue à attiser le feu du chaos. Plus tôt ils le feront, plus tôt la lumière viendra d'Orient, plutôt que la mort et la désolation.

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