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SOYONS MODESTES, ACCEPTONS NOS LIMITES!

 

Par Caroline Glick, journaliste qui a couvert la guerre d'Irak pour le Jerusalem Post-

Article paru au Jerusalem Post le 1er Août 2003

Traduit par Albert Soued, écrivain, www.chez.com/soued

 

C'est la saison des camps d'été. Pendant que les enfants Israéliens Juifs apprennent à nager ou à "macramer", 300 de leurs camarades arabes Israéliens de Galilée apprennent d'autres leçons. La chaîne  TV 10 a diffusé mercredi dernier un reportage sur le "Camp du Retour" au village de Kaboul (1) en Galilée occidentale. Cette histoire a ensuite été rapportée le lendemain par le journal Maa'riv.

Au "Camp du Retour", les enfants n'apprennent pas à faire des colliers de perles ou des maisons avec des bâtonnets de glace. On leur apprend à vouloir tuer des Juifs dans des attentats-suicide. Saama Vakim, l'une des campeuses montre à la caméra de télévision son nouveau collier. Il s'agit d'un pendentif représentant la carte d'Israël, incrusté d'un drapeau palestinien. Elle montre aussi au reporter le "pendentif de l'intifada", image d'un garçon jetant une pierre. Saama explique que les Juifs n'ont aucun droit à vivre ici et "doivent retourner d'où ils viennent en Pologne ou en Russie".

Au lieu d'apprendre des histoires d'enfants, des histoires d'animaux ou de plantes, ceux du camp apprennent les légendes des héros du terrorisme palestinien, tels que l'"ingénieur" du Hamas, Yihya Ayache qui tua avec ses bombes plus de 60 Israéliens dans des attentats-suicide, avant d'être éliminé par les forces de sécurité en 1996. Pour "gonfler leur moral", on donne aux enfants des livrets de chants et de récits glorifiant les bombes humaines et ceux qui les expédient, les qualifiant de "martyrs héroïques".

Voici un exemple des propos chantés dans le Camp "Nous ne voulons ni farine ni sardines, mais des bombes, la loi des bombes". Une autre chansonnette enfantine entonne "lève la tête et reconnais que tu es sanctifié; défaite à l'Amérique! Nous ne voulons pas de cartes d'identité, mais nous glorifier dans le sang du martyr".

Les jeunes dorment dans des tentes portant le nom des camps de réfugiés du Liban, de Syrie et de Jordanie. Un conseiller du camp Hadi Srair dit: "Nous vivons sous l'occupation israélienne à Haifa, dans les territoires et à Majd el Qroum; nous lutterons jusqu'à la victoire et la libération de la Palestine".

 

Quelle est l'origine de toute cette haine? Comment se fait-il que ces enfants nés en Israël, allant dans des écoles Israéliennes et bénéficiant de la liberté d'une démocratie libérale cherchent la destruction de leurs concitoyens, à travers des moyens prônant le génocide? En termes clairs, ces influences culturelles ne viennent pas d'un environnement israélien. Comme le disent les organisateurs du camp, leur but est de laver le cerveau des jeunes de tout système éducatif sioniste. Le milieu culturel qui enseigne la haine et la violence est d'abord et surtout l'Autorité Palestinienne. Depuis quelle s'est installée en Judée, Samarie et Gaza en 1994, cette Autorité, sous la direction d'Arafat, a oeuvré pour radicaliser la minorité arabe israélienne. Avant la venue d'Arafat et ses sbires, la plupart de ces arabes se définissaient comme Israéliens; aujourd'hui la majeure partie d'entre eux se considère comme Palestiniens "des territoires de 1948". Comme les sondages l'ont montré, 80% des Palestiniens "des territoires de 1967" pensent que la justice ne peut être obtenue aussi longtemps qu'Israël vivra.

Mais l'Autorité Palestinienne n'est pas seule à l'origine de cette haine. Yasser Arafat a répété à maintes reprises que le peuple Palestinien qu'il dirige n'est pas libre d'agir dans le monde de l'Islam. Quand il a rejeté l'offre d'un état indépendant il y a trois ans, il ne l'a pas fait au nom de son peuple seulement, mais au nom de la nation arabo-islamique. Il prétendit que les Palestiniens n'avaient aucun droit de faire des concessions d'aucune sorte, en ce qui concerne le Mont du Temple à Jérusalem, car l'offre prévoyait une souveraineté partagée sur cet espace.

En s'exprimant ainsi, Arafat signifiait que les Palestiniens ne pouvaient agir isolément et qu'ils faisaient partie d'un ensemble plus vaste. En appelant la guerre d'usure menée contre le peuple israélien, "l'infifada d'al Aqsa" et en nommant ses cellules de terreur les "Brigades martyres d'Al Aqsa", il envoyait le message à l'ensemble du monde arabo-musulman que sa guerre était une lutte panislamique et panarabe contre un état Juif.

Pour sa part, le monde arabe n'a pas pris ses distances vis à vis des revendications d'Arafat. Durant le sommet de Camp David, le président Bill Clinton a plaidé pour que Hosni Moubarak et le prince Abdallah d'Arabie fassent pression sur Arafat afin qu'il accepte un compromis sur Jérusalem. Les deux chefs refusèrent.

 

Mercredi, la police a ordonné à nouveau l'arrêt des visites du Mont du Temple pour les non-musulmans. Pourtant après 33 mois de suspension pour cause de guerre d'usure, on s'était entendu avec les responsables du Waqf Islamique pour leur reprise. L'ordre d'arrêter ces visites est une autre preuve du danger venant de forces arabo-musulmanes déployées contre notre pays. En effet, quelques jours auparavant, Arafat a menacé de lancer une nouvelle vague terroriste, suite à l'autorisation des visites sur l'esplanade. Mais Arafat et son nouveau premier ministre Abbas, qui ont qualifié ces visites de "provocantes", ne sont pas seuls dans les menaces. Le secrétaire-général de la Ligue Arabe Amr Moussa a qualifié ces visites de touristes de "très dangereuses" et "une insulte à la sensibilité des Musulmans où qu'ils soient!"

 

Beaucoup d'Israéliens et d'amis aux Etats-Unis sont arrivés à la conclusion que pour que les relations de paix avec les Palestiniens prennent racine, il faudrait que la société palestinienne se transforme. En abandonnant ses objectifs autoritaires de destruction de ses voisins et en devenant une démocratie libérale. Le leader de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants américaine, Tom de Lay a dit devant la Knesset: "Le préalable à une paix durable est l'installation d'une véritable démocratie Palestinienne au service du peuple Palestinien". Cependant comprendre que l'identité culturelle et politique des Palestiniens est enracinée dans le monde arabe et musulman devrait calmer quelque peu cet enthousiasme. Israël ne pourra pas s'emparer des "madrassa" (écoles coraniques) de Riad à Damas ou Karachi pour les réformer ou éteindre les réseaux télévisés au Caire ou à Abou Dhabi ou au Qatar qui débitent des litanies anti-israéliennes. Israël n'a aucune influence sur le cœur et l'esprit des Palestiniens.

De même, malgré toute sa puissance militaire l'Amérique est aussi incapable de forcer le destin du changement. Aujourd'hui 16 des 33 brigades de combat des Etats-Unis sont déployées en Irak. Mardi le nouveau Chef d'Etat Major de l'armée américaine, Peter J Schoemaker a dit au Congrès américain que le pays devrait agrandir son armée, car il était incapable d'envoyer une quelconque force pour un nouveau conflit au Moyen Orient, même s'il le voulait. Vu ces limites militaires, des régimes tels que la Syrie ou l'Iran peuvent dormir tranquilles, malgré les menaces américaines. Ils sont assurés de l'impunité, car les Etats-Unis sont incapables de monter une nouvelle opération du type "Liberté pour l'Irak". A cause de ces limites, cette même opération n'a pas eu les conséquences politiques espérées au Moyen Orient.

 

Le fait que ni Israël ni les Etats-Unis n'ont les moyens de transformer la société palestinienne, en forçant une transformation politique du monde arabe et islamique qui la nourrit, ne doit pas nous mener non plus à la conclusion que nous sommes impuissants. Cela veut dire que nous devrions limiter nos objectifs à ce qui peut être atteint d'une manière tangible, car l'objectif d'un état palestinien pacifique, libéral et démocratique est hors de portée. Ces limites doivent nous amener à changer de perspective.

Ainsi par exemple, il est impossible de se débarrasser d'idéologies qui fomentent la terreur; a contrario, il est possible de détruire par des moyens militaires appropriés toute capacité de mener des attaques terroristes. Nous ne pouvons pas empêcher des arabes israéliens de regarder les programmes antisémites d'Al Jazira, mais nous pouvons mener des actions légales contre les instigateurs de la violence de cette chaîne de télévision.

 

Etant donné leur projet morbide d'annihilation de la nation juive, il est clair que nous ne pouvons pas laisser aux Palestiniens la souveraineté sur la Judée, la Samarie et Gaza. Mais il existe d'autres options qui leur permettent d'avoir une liberté politique, sans la possibilité de menacer notre survie. Les arrangements d'autonomie comme ceux suggérés par le ministre des finances Binyamin Natanyahou sont l'une des options possibles. Une autre option est suggérée par le ministre du Tourisme Benny Elon. Elle implique la restauration de la nationalité jordanienne aux Palestiniens de Judée-Samarie, et son octroi aux habitants de Gaza. Ces deux options pourraient satisfaire les besoins identitaires des Palestiniens, à l'écart d'Israël.

 

À plus long terme, si les Américains consacrent les ressources nécessaires pour le  développement d'énergies de remplacement du pétrole, l'attraction culturelle d'un Jihad autoritaire, encouragé par les fortunes pétrolières d'Arabie et d'Iran serait notablement atténuée. Dans cette nouvelle donne, il est probable que les états arabes et musulmans soient amenés à se réformer et à revoir les idées et les doctrines qui les guident. Pour le moins, il manquera les ressources financières pour continuer à appliquer celles-ci..

 

Notre vœu le plus sincère est que nos voisins Palestiniens puissent jouir de la même démocratie libérale que la nôtre; mais c'est à eux et non pas à nous de prendre cette décision. Jusqu'à ce qu'ils décident de le faire, notre politique devrait se limiter à des objectifs que nous pouvons accomplir effectivement.

 

La police a envahi le Camp du Retour jeudi dernier et l'a fermé, ses organisateurs étant accusés d'inciter des jeunes contre leur propre Etat. C'était apparemment une étape nécessaire. Les arabes israéliens doivent comprendre qu'ils paieront le prix de toute trahison. Mais il ne faut pas se faire d'illusions. Les Arabes israéliens ne peuvent adhérer à l'identité israélienne que lors d'événements se passant loin de la Galilée. Et si ces événements ne sont pas influencés par le contenu du système éducatif israélien.

 

 

(1) Note du traducteur: Kaboul est sans doute l'un des villages donnés par Salomon au roi de Tyr, Hiram, pour le remercier pour ses services lors de la construction du Temple. Hiram  a précisé que dans ces villages tout restait à faire car le terrain était comme une "pierre informe ou brute"… (kaboul)

 

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