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BASHAR EL ASSAD EST-IL SOT OU MANIPULÉ?

 

Par Albert Soued, écrivain – www.chez.com/soued - le 15 avril 2003

 

 

Il y a une expression en arabe qui dit "twil wéhbil", c'est à dire que quand on est très grand avec un long cou, on aurait tendance à être plutôt sot.

Bashar el Assad n'était pas destiné à porter le lourd héritage laissé par son père. Dans le népotisme naturel d'une dictature, Hafez al Assad avait formé le frère cadet Bassel à l'exercice d'un pouvoir autoritaire. De plus Bassel était aussi habile que son père pour faire croire à l'Occident que son régime "stable" était ce que souhaitait le peuple syrien, en tout cas le meilleur pour lui. Et la Syrie était devenue depuis 1971 le fief personnel de la dynastie des Assad, après une génération de turbulences et de coups d'états.

Mais Bassel est mort dans un accident de voiture et l'obscur médecin ophtalmologiste a été rappelé de Londres en 1994, comme dauphin, mais était-ce la véritable vocation de cet éternel étudiant bcbg féru d'informatique et d'internet?

À son retour il entame une carrière militaire pour se roder aux rouages du principal outil du régime et pour pouvoir éliminer tous ceux qui risquaient de s'opposer à son futur pouvoir. À la mort de son père en juin 2000, il enfile les titres qu'avaient son père "commandant en chef des forces armées" et "chef du parti Baath", second instrument du pouvoir des Assad.

 

Devant l'image moderne et éclairée qu'il donnait de lui à l'étranger, l'Occident attendait de Bashar de bonnes "augures" (bashar=augure), une certaine libération du peuple et le retour à un semblant de démocratie.

Pour amuser la galerie, il commence par introduire l'Internet dans son pays, mais comme dans toutes les dictatures, l'accès à la navigation est distribué aux compte-gouttes, "à ceux qui le méritent". En mai 2001, Bachar Assad accueille le pape à Damas en lançant devant lui une violente diatribe contre les Juifs qui ont "trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet". Il essaye de se disculper en précisant que ce sont des vérités historiques! En juin 2001, il choisit la France pour effectuer sa première visite d'État en Occident (Bashar sort d'un lycée franco-arabe). Il est accompagné de sa nouvelle femme Asma. En 2002, il réactive les cellules terroristes d'Ahmed Jibril (FPLP-CG) qui développent des maquettes d'avion équipées pour asperger des produits prohibés. Il autorise l'installation par le Hezbollah dans le sud Liban de lance-missiles équipés de missiles pouvant atteindre le centre d'Israël. Grand admirateur du chef de ces milices Shiites, Nasrallah, il adopte le verbe et le comportement de celui-ci vis à vis d'Israël, agressif et antisémite. Grisé par le pouvoir, il commence à jouer avec le feu. Mais il n'a ni le pragmatisme, ni la prudence, ni la rouerie de son père.

 

Il faut rappeler ici que les Assad sont des alaouites, une secte particulière Shiite regroupant 10% des Syriens peuplant notamment la côte et la région entre Alep et Antioche en Turquie. Cette minorité s'impose à la majorité sunnite et gouverne grâce aux rouages d'un parti Baath laïc et national-socialiste et grâce à l'armée encadrée par des officiers alaouites. Elle gouverne d'une main de fer éliminant toute opposition par la force. Elle n'a pas hésité à massacrer en 1982 15 000 "Frères Musulmans" à Hama, devenus trop encombrants, ni 1000 opposants à Palmyre.

Ce pays est réputé pour ses geôles, ses chambres de torture, ses milliers de prisonniers politiques; mais aussi pour ses 300 000 kurdes et ses quelques dizaines de Juifs, citoyens de seconde zone, déchus de leurs droits civiques

Depuis 30 ans ce pays vit dans un marasme socio-économique désolant dépensant ses ressources en pétrole de contrebande venant d'Irak (pipeline kirkouk- Banyas) et en cocaïne prélevée sur les plantations de la plaine de la Béqaa', pour acheter et fabriquer des armes prohibées, pour héberger et financer une douzaine d'organisations terroristes, leur offrant des camps d'entraînement.

La Syrie occupe depuis 1976 le Liban devenu son satellite grâce à une armée d'occupation de 35 000 hommes. La Syrie a hébergé des rescapés du régime nazi dont le tortionnaire Aloïs Brunner.

 

Et qu'apprend-on aujourd'hui, vingt septième jour de la libération de l'Irak de Saddam Hussein, dont la dynastie est la jumelle baathiste de celle des Assad? Grâce à des aveux des deux spécialistes irakiens d'armes chimiques et biologiques entre les mains de la coalition américaine, grâce à des dossiers secrets découverts en Irak, grâce à des groupes de commandos infiltrés en Syrie:

-         La Syrie est le partenaire de l'Irak dans le développement et la dissimulation des armes de destruction massive. La Syrie dissimule sur son territoire depuis l'an dernier une partie de l'arsenal de Saddam Hussein; son territoire a servi de transit pour l'exportation de ces armes en Libye, au Soudan et peut-être ailleurs.

-         La Syrie a testé des fusées porteuses d'armes chimiques sur son territoire.

-         La Syrie depuis un mois sert de havre ou de pays de transit vers la Russie et la France aux dirigeants irakiens recherchés par la coalition américaine et à leurs familles.

 

Bashar al Assad est sous ultimatum américain depuis 48 heures:

-démanteler tous les réseaux terroristes sur son territoire et celui du Liban, notamment le H'ezbolah

- rendre toutes les armes de destruction massive syriennes ou irakiennes sur son territoire

- rendre aux forces de la coalition tous les Irakiens recherchés.

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