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CEPENDANT, LA GUERRE EST PRESQUE GAGNÉE EN IRAK

 

Article de Guy Millière  à © Metula News Agency – le 19 avril 2004

 

Quand la presse européenne en général, la presse française en particulier, ont-t-elles cessé de se conduire comme des médias éthiques pour se transformer en un ensemble d’organes de propagande ?  Il y a longtemps sans aucun doute.

Je n’ai guère vu ou lu en France, depuis plus de vingt cinq ans, de reportage ou de commentaire honnête ou équilibré concernant le conflit israélo-arabe. Je n’ai pas vu, pendant le même laps de temps, de mention des diverses falsifications auxquelles s’est livrée l’Autorité Palestinienne, qu’il s’agisse du soi-disant assassinat du petit Mohamed Al-Dura (fiction démontée par la Mena) ou du "massacre de Jénine".

Lors des récents événements en Irak, la presse française, en tous cas, s’est surpassée.
L’Irak, lit-on, entend-on, voit-on çà et là, serait à feu et à sang et au bord d’une immense guerre civile. Ce serait (rengaine connue) un nouveau terrain d’enlisement, un inextricable bourbier, et un nouveau Vietnam. La vérité et l’observation scrupuleuse des faits obligent à dire que tout cela est faux et doit se trouver démenti.

1. L’Irak n’est pas à feu et à sang.  L’essentiel du pays vit dans le calme et la sérénité, la population dispose d’une liberté de parole et de mouvement impensables depuis plusieurs décennies et peut lire une presse libre, qui comprend plus de cent titres très divers. L‘électricité et l’eau courante sont fournies de manière plus efficace qu’elles ne l’ont jamais été depuis trente ans. Des emplois sont créés par milliers et le niveau de vie monte. Des élections municipales démocratiques et régulières ont eu lieu dans 17 des plus grandes villes du pays et ont vu la victoire de démocrates et de modérés. La transmission du pouvoir au gouvernement provisoire irakien, prévue le 30 juin n’a pas été différée (comme George Bush vient de le confirmer) et prévoit l’instauration de la Constitution la plus démocratique et la plus tolérante qu’un pays arabe ait jamais connue au cours de son histoire. Des élections générales sont prévues dans un délai de six mois à dater du 30 juin, et si l’on se base sur les résultats électoraux dans les 17 plus grandes villes, elles se présentent plutôt très mal pour les extrémistes.

2. Tous les événements survenus récemment dénotent moins, de la part de leurs auteurs, de la certitude d’avoir l’avenir entre leurs mains, que de la crainte (vraisemblablement justifiée) de tout perdre dans des délais très brefs.

- l’insurrection espérée de Fallujah, ville autrefois essentiellement acquise au parti Baath, se solde par un échec. La ville est assiégée et ceux qui espéraient la guerre civile sont sur la défensive et se retrouvent isolés. Il est plus que vraisemblable que les insurgés ont agi de façon précipitée et que, pour eux, la fin de la partie approche.

- la tentative de putsch de Moqtada al Sadr, l’ami fanatique des mollah les plus durs de Téhéran et du Hezbollah, s’est soldée par un échec cuisant, là encore dès lors que Sadr n’a réussi à entraîner derrière lui qu’une petite minorité des chiites iraniens, tandis que la majorité de ceux-ci se prononçaient contre lui ou restaient à l’écart. Pour Sadr aussi,  la fin de partie est proche.

- les prises d’otages ressemblent plus à des actes de panique et de désespoir de gens au bord du précipice qu’à des actions concertées ouvrant sur la moindre perspective. Cela ne veut pas dire qu’elles auront toutes une issue heureuse, hélas - mais cela veut dire qu’elles n’ont aucun sens tactique ou stratégique et ne mèneront leurs auteurs nulle part.  Pas même à une pression des opinions publiques sur les seuls dirigeants politiques qui comptent en cette affaire, les membres de l’administration Bush.

 

3. Tout cela ne veut pas dire non plus que la guerre soit finie et qu’elle est gagnée, bien sûr. La formule exacte devrait être : "la guerre est presque finie et elle est presque gagnée". Il est plus important que jamais que l’armée américaine et le reste de la coalition fassent preuve d’une détermination sans failles. Fallujah doit être pacifiée et ceux qui s’y sont retranchés mis définitivement hors d’état de nuire. Moqtada al Sadr doit être arrêté ou supprimé. La passation des pouvoirs aura lieu le 30 juin, mais l’armée américaine et les forces de la coalition doivent montrer clairement qu’elles vont rester jusqu’à ce que tout risque pour la sécurité ultérieure du pays soit éliminé.
Les Irakiens, en leur immense majorité, voient les progrès accomplis en un an, mais tant qu’ils ne seront pas absolument certains que l’éventualité d’un putsch d’un type ou d’un autre est résolument écartée, ils resteront prudents et circonspects. Leurs familles ont été décimées sous Saddam, ils n’entendent pas risquer leur vie ou celle de leurs proches dans le cas (aujourd’hui très improbable) où un successeur de Saddam, « laïque » ou religieux arriverait au pouvoir.

 

4. L’éventualité d’un putsch ne sera vraiment et totalement écartée que si, au delà de l’installation d’un gouvernement irakien le 30 juin, au delà d’élections libres en Irak et au delà du maintien des troupes américaines et de la coalition, la situation régionale s’assainit. Cet assainissement devra passer tôt ou tard par des modifications profondes ou des changements de régime en Syrie et en Iran d’abord. C’est d’ailleurs parce que les régimes de Syrie et d’Iran se doutent de la suite vraisemblable des choses, qu’ils ont aidé les insurgés de Fallujah, Moqtada al-Sadr et, sans doute, les preneurs d’otage.

L’élection présidentielle américaine devient, dans ce contexte, un élément absolument crucial. La réélection de Bush permettrait que le projet de réorganisation du Proche-Orient qui est aux couleurs de la « doctrine Bush » soit mené jusqu’à son terme. La victoire de Kerry impliquerait des changements de la politique étrangère américaine qui pourraient s’avérer extrêmement délétères : Kerry a parlé récemment de Sadr comme de l’un des interlocuteurs légitimes en Irak et ne semble visiblement pas comprendre ce qu’est l’islamisme radical. Il a parlé de laisser au plus vite la gestion du dossier irakien et proche oriental à l’ONU (quand on connaît l’efficacité légendaire de cette vénérable institution pour régler décisivement les conflits et son inimitié tout aussi légendaire pour un pays précis de la région, Israël, on peut avoir des réserves).

Je ne doute pas, pour ma part et pour des raisons très rationnelles, de la réélection de Bush, je l’ai dit dans ces colonnes. Pour qu’un Irak pacifique et décent voie le jour, pour qu’Israël et la région vivent en paix, pour que le totalitarisme islamique reflue et s’éteigne.

Ceux qui se laissent intoxiquer par la presse française et qui croient que l’Irak est à feu et à sang, à cause des Américains, aujourd’hui voient, je le sais, les choses tout autrement. Je regrette pour eux qu’ils n’aient rien appris et rien retenu des leçons du passé. Ceux qui intoxiquent volontairement les esprits voient aussi les choses autrement et ne sont prêts à reculer devant aucun mensonge pour tenter de parvenir à leurs fins. Ils existent partout. Ils sont particulièrement nombreux en France, et ceux qui se laisseraient intoxiquer par eux devraient lire, d’urgence, le dernier livre d’un grand journaliste américain, Kenneth Timmerman, The French Betrayal of the United States [1]. Timmerman y montre pourquoi la presse française ment, quels intérêts sous-tendent ses mensonges et pourquoi la France ne souhaite ni la démocratie en Irak, ni le maintien de George Bush au pouvoir, ni, ce doit être dit,
la survie à moyen terme d’Israël.

 

Note : (1) La trahison française des Etats-Unis