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CONTRE LA PRESSE, MOUBARAK A RECOURS AU HARCÈLEMENT SEXUEL

 

Par Al Ahram Hebdo traduit et publié par  Courrier international - 16 janv. 2006     

 

"On peut qualifier l'année 2005 comme l'une des plus mauvaises en ce qui concerne la liberté d'expression en Egypte", constate Al-Ahram Hebdo. En effet, selon les chiffres du Syndicat des journalistes, 50 journalistes ont été victimes de violences de la part des autorités pendant l'année écoulée, poursuit l'hebdomadaire francophone égyptien.

Le magazine rappelle qu'en 2005 l'Egypte a connu "une grande ébullition : manifestations, contestations, élections présidentielle et légilatives". Sans oublier "les événements du 25 mai 2005", journée où les Egyptiens étaient appelés à participer au référendum organisé afin de valider un amendement constitutionnel autorisant les candidatures multiples à l'élection du mois d'octobre. Des troubles se sont produits à l'occasion de ce scrutin qui avait été précédé de plusieurs rassemblements de protestation contre l'amendement introduit par le président Hosni Moubarak. En effet, de l'avis des partis d'opposition, ce n'était qu'un simulacre de pratique démocratique, compte tenu des conditions rédhibitoires imposées à la validation des candidatures.
Naturellement, les journalistes ont essayé d'assurer la couverture médiatique de ces "développements qui ont fait couler beaucoup d'encre". Et, plus d'une fois, ils se sont heurtés à des actes de violence à leur égard. L'hebdomadaire cite l'exemple de "Nawal Ali, qui devait suivre un stage au siège du syndicat". Lors d'un rassemblement de journalistes protestant contre l'amendement constitutionnel, "elle a été accostée par les hommes de main du Parti national [le parti au pouvoir]. Ils l'ont frappée et lui ont déchirée les vêtements." Autre exemple, celui d'Asmaa Hériz, 24 ans, qui essayait de couvrir les dernières élections législatives quand elle a été enlevée et emmenée dans un bureau sombre où elle a été interrogée et frappée par des hommes et des femmes appartenant aux services de sécurité de l'Etat. Sa caméra, tous ses papiers et son téléphone portable ont été confisqués.

De même, Chaïmaa Aboul-Kheir, qui couvrait une manifestation du mouvement d'opposition Kéfaya, "a été violentée par un officier, qui l'a attrapée par les cheveux et a donné l'ordre à des femmes de main de la tabasser et de lui déchirer ses vêtements". A la même manifestation, Abir Al-Askari "a été victime de harcèlement sexuel par un groupe de jeunes qui baladaient leurs mains sur tout son corps".
"Selon un journaliste qui a requis l'anonymat, si l'année 2004 a vu le kidnapping de certains journalistes, comme Réda Hilal et Abdel-Halim Qandil, l'année 2005 s'est caractérisée par le harcèlement sexuel pour terroriser les femmes", note l'hebdomadaire. Mais, selon un officier du ministère de l'Intérieur, "certains journalistes exploitent parfois toute infraction pour déformer l'image de l'Egypte à l'étranger. Cela risque de porter atteinte à la souveraineté du pays. Notre mission est de veiller à sa stabilité. Ce n'est pas une mission facile, car on doit gérer 70 millions d'individus, et c'est normal que certaines infractions aient lieu". Al-Ahram Hebdo s'indigne et note que "la police, qui est censée protéger les journalistes dans l'exercice de leurs fonctions, devient un outil d'oppression".

 

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